ANB-BIA SUPPLEMENT
ISSUE/EDITION Nr 320 - 15/03/1997
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Congo
Des transports chers mais indispensables
by Jean-Valère Ngoubangoyi, 30 décembre 1997
THEME = TRANSPORT
INTRODUCTION
A Brazzaville, l'absence de transports publics a favorisé
l'explosion du secteur informel. Mais toutes les poches ne peuvent
payer le prix du transport. Les usagers attendent avec espoir la
mise en route prochaine de la nouvelle société
municipale, la STD.
Depuis que la Société des transports urbains de
Brazzaville, qui bénéficiait du monopole
d'exploitation, a fait faillite, la ville est desservie uniquement
par des transporteurs privés. Des voitures d'une
capacité de 6 à 12 places, appelées
"cent-cent", et des minibus dits "foula-
foula" de 20 à 36 places assurent le transport.
Utiles mais chers
Après la dévaluation du franc cfa en janvier 1994,
les autorités congolaises ont décidé
d'augmenter les tarifs, qui sont passés de 100 à 150
fr.cfa pour les bus et taxis collectifs, et de 500 à 700 fr.
pour les taxis individuels. Mais en raison du rabattement des
salaires et du faible pouvoir d'achat des Brazzavillois, beaucoup
de clients s'en plaignent. "Pour aller au travail,
j'effectue d'habitude une partie du trajet à pied, avant de
faire le second en bus", témoigne un
habitué.
"Il y a des propriétaires de véhicules qui ne
comprennent pas qu'on leur apporte de faibles recettes. Sur les
routes la concurrence est rude", justifie Anatole,
chauffeur de taxi. Pour les transporteurs, le seul moyen
d'augmenter les recettes est d'écourter ou d'improviser les
lignes. Le matin, par exemple, un client qui veut aller de Mikalou
à Bacongo doit changer trois ou quatre fois de bus.
La recette journalière pour les minibus varie de 40 à
50.000 f.cfa. Un taxi rapporte de 9 à 12.000 fr. Gains
apparemment faciles. Pourtant, beaucoup de propriétaires ne
peuvent assurer régulièrement les salaires de leurs
employés. "Les recettes journalières ne
permettent pas à elles seules de supporter les coûts
de l'essence, les réparations, le salaire du chauffeur et ma
popote", explique Nkouban, propriétaire d'un taxi.
Vive la corruption
Malgré son apport positif, le transport informel est chaque
jour l'objet de répression policière. Motif: le non-
respect de la réglementation et le non-paiement des taxes.
L'autorisation de peindre un taxi ou un bus (en vert-blanc, couleur
officielle) revient à 100.000 f.cfa, la patente à
30.000, la taxe de roulage à 23.000 et la police d'assurance
à plus de 150.000. En plus, il y a les démarches
administratives "trop lourdes". La plupart des
véhicules ne sont pas à même de remplir les
conditions exigées, surtout s'il s'agit de vieilles
guimbardes. Et elles sont nombreuses. Pour y échapper,
certains utilisent "les relations avec les policiers et les
agents administratifs".
"Quand un policier m'arrête, souvent ce n'est pas
pour me conduire au poste. Je sais qu'il a besoin d'un peu
d'argent. 1000 ou 2000 f.cfa suffisent pour qu'on ne m'embête
plus pendant quelques jours", confie encore Anatole dont
le véhicule est en infraction. On a vu des cas où un
chauffeur en situation irrégulière s'est fait
délivrer une attestation justifiant la perte de ses
dossiers, ce qui lui permet de continuer à travailler
tranquillement.
Espoir et soulagement
Les usagers seront bientôt au bout de leurs peines. La
municipalité de Brazzaville est sur le point de mettre en
service une nouvelle société de transports,
dénommée Société des transports et de
développement (STD). Celle-ci dispose déjà
d'un important parc de bus. Au total, une centaine de bus est
attendue pour assurer le transport des citoyens dans la capitale.
Mais leur mise en circulation ne signifiera pas la fin des
transports privés, et encore moins la fin des
problèmes pour les usagers à Brazzaville.
END
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