by Lammii Guddaa, Ethiopie, janvier 1997
THEME = ANTHROPOLOGIE
Le 22 janvier 1997, des scientifiques d'Ethiopie et des Etats- Unis annoncaient la découverte des plus anciens outils en pierre connus à ce jour. C'est à Gona, dans le territoire des Afars, que ces objets ont été trouvés, une région bien connue pour la découverte de fossiles humains préhistoriques.
Le Centre de recherche et de conservation de l'héritage
culturel éthiopien (CRCCR) estime que ces outils ont
probablement été fabriqués par des humains
(homo) vivant le long des fleuves il y a 2,5 à 2,6
millions d'années. Un article publié par le Centre
signalait "la présence, à Gona, de petits
fragments d'outils en pierre, connus depuis le début des
années 1970 mais dont l'âge n'avait pu être
établi avant mars 1995".
Le Dr J.W.K. Harris, co-auteur de cet article et président
du département d'anthropologie de l'université
Rutgers dans le New Jersey, exprimait "combien il
était surpris de la dextérité dont faisaient
preuve les fabricants d'outils dans la production d'instruments si
tranchants, dans des temps aussi reculés. Leur
habileté leur a probablement fourni un avantage
compétitif, en leur donnant une large autonomie dans
l'exploitation des sources alimentaires des anciennes
savanes".
Deux des 15 localités (sites de fouilles
archéologiques à Gona), celles dites EG10 et EG12,
ont été explorées en 1992, une autre, WG7,
près de Gona, en 1994. L'équipe de recherche de Gona
se compose de 10 scientifiques, géologues,
archéologues et paléontologistes. Certains chercheurs
ont décidé de poursuivre les recherches sur le
terrain à la recherche de fossiles humains ou animaux et de
vestiges de plantes afin d'établir l'identité des
fabricants des premiers outils en pierre. "Nous avons ici
le premier outil en pierre jamais trouvé",
affirmait le Dr Sileshi Semaw, membre de l'équipe.
Les découvertes montrent que depuis toujours l'homme
préhistorique a évolué jusqu'à un
ancêtre humain debout, et que l'homme préhistorique
d'il y a deux millions d'années a réussi à
façonner les pierres en outils extrêmement tranchants,
en les frappant l'une sur l'autre. Cela doit être
considéré comme un énorme bond en avant dans
le développement de nos ancêtres humains.
La région des Afars, en Ethiopie, peut être
considérée comme le plus important champ
archéologique pour une sérieuse recherche
scientifique sur nos ancêtres humains. En 1972, Donald
C.Johanson a été le premier attiré par ce
site. Lui et son collègue, le géologue
français Maurice Taieb, ont découvert de
nombreux endroits où des vestiges fossilisés de
divers animaux étaient visibles en surface.
Le Bulletin d'information africaine ANB-BIA a
déjà précédemment, dans les nº 258 et
267, rendu compte d'importantes découvertes en Ethiopie. De
nombreux chercheurs confirment que les fossiles découverts,
à diverses époques, en Ethiopie, sont de loin les
plus anciens des vestiges semblables découverts dans
d'autres parties du monde.
Il y a plus de deux décades qu'a été
découvert à Hadar (région Afar) le squelette
partiel de "Lucy", vieux de 3,2 millions
d'années. Vingt ans plus tard, une équipe de
scientifiques de l'Institute of human Origin (USA),
l'université de Tel-Aviv (Israël) et le CRCCH
(Ethiopie) ont annoncé la découverte d'un autre
fossile datant de 4,4 millions d'années. Le site de Hadar
est la source de la plus grande collection au monde de fossiles de
nos ancêtres humains, avec près de 300
spécimens d'espèces de Lucy, découverts depuis
1973.
END