ANB-BIA SUPPLEMENT
ISSUE/EDITION Nr 321 - 01/04/1997
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Kenya
Foire d'empoigne sur les terres
by Isaac Nyangeri, Kenya, novembre 1996
THEME = TERRES
INTRODUCTION
Dans plusieurs journaux kényans on parle d'un
"accaparement des terres" qui empire de plus en plus.
Bien des gens en sont réduits à la pauvreté,
d'aucuns y ont laissé la vie. La solution de ce
problème divise familles et communautés.
Quelques cas récents
1. Dans la province de la Côte (district de Kwale), une
cinquantaine de personnes avaient réuni leurs terres afin de
mieux refouler les éléphants qui dévastaient
leurs petites parcelles. Ce projet visait aussi à
l'amélioration du niveau de vie. Que s'est-il passé?
Le projet n'a pu être réalisé parce qu'une
seule personne revendiquait le droit de propriété
sur le tout.
2. Un excellent terrain réservé à des
casernements militaires, à Nairobi, a été
cédé à une personne influente.
3. Près de 20.000 petits marchands travaillant au
marché en plein-air de Nairobi en ont été
chassés afin de libérer l'espace pour un promoteur
immobilier.
4. L'évêque Daniel Tanui, membre du Parlement,
rapporte que le Stade vert et le terrain d'exposition de la
Société d'agriculture du Kenya, dans la ville de
Kericho (Rift Valley), auraient été alloués
à des "politiciens très
puissants".
5. Mr George Kapten, autre membre du Parlement, accuse le
gouvernement d'avoir attribué des terres à des
politiciens loyaux et "bienveillants"
envers le parti, et aussi à ceux qui quitteraient d'autres
partis.
6. Une partie du cimetière acquis pour 345 millions Ksh
(Kenya shelling) a été adjugée à de
"grosses légumes" pour la revendre
à la Kenya Reinsurance Corporation.
7. Le 2 mai 1996, un journal a publié une longue liste de
noms de ceux auxquels le gouvernement avait, illégalement,
accordé des terres. La liste comprenait des ministres, des
secrétaires permanents, des parlementaires et autres
"grosses légumes"
8. Un tribunal aurait mis fin à la délimitation de
terrains par une firme d'arpentage, parce que 200 habitants ont
accusé le Conseil local du Comté de complicité
dans l'achat de ces terres par un promoteur.
9. Mr Douglas Mbela, parlementaire, accuse le ministère des
Domaines d'un coup monté pour vendre à des
étrangers des terres appartenant à des paysans.
10. Le 5 mai 1996, Mr Joshua Mwendwa, président de
l'Association kényane des hôteliers et des
restaurateurs, a demandé au gouvernement de révoquer
l'attribution d'une grande partie d'un poste de police à des
promoteurs privés.
11. On rapporte que le 6 mai 1996, un millier d'habitants de
Kericho (Rift Valley) ont fait une marche de protestation contre
l'attribution par le directeur de l'arpentage d'un lot de terre de
la ville à une personne influente.
12. Le 7 mai 1996 un journal a rapporté la machination
d'un officier divisionnaire qui, en complicité avec
des filous, prétendait vendre à des Kényans,
pour 24 millions Ksh, 300 acres de terre appartenant au complexe
sportif international Moi à Kasarani.
13. Le 9 mai 1996, 16 gardes-chasse du Kenya Wildlife
Service ont empêché un homme d'affaires
allemand de continuer à défricher une portion de
plage protégée pour "le développement
du tourisme". Plus tard, Mr Gaugg a déclaré
que le commissaire des Domaines lui avait vendu le morceau de
terrain pour un loyer annuel de 95.000 Ksh.
14. Le 11 mai 1996, une centaine d'habitants étaient
obligés de dormir - s'ils le pouvaient! - à la
belle étoile, après qu'un investisseur italien
ait démoli leurs constructions, en vue du
"développement".
15. Le 16 mai 1996, un parent d'élève a
été blessé par la police qui essayait
d'arrêter une manifestation contre un homme d'affaires
qui avait séparé par une clôture une partie de
l'école, en vue du "développement".
Autres cas
Tout ceci s'est passé en moins de deux mois! Comme on le
voit par la liste ci-dessus, il y a moyen d'"accaparer"
toute portion de terrain, même un cimetière!
Certains musulmans ont accusé leur conseiller local d'avoir
acheté un cimetière, les forçant à
transporter les corps à 40 km. pour les réenterrer.
Des églises et des mosquées ont, elles aussi, subi le
même "traitement".
Une terre appartenant à des orphelinats a
été "accaparée" par un
politicien qui avait été envoyé par des
résidents locaux pour obtenir, en leur nom, à Nairobi
les documents de propriété du cimetière. Au
lieu de cela, il a fait enregistrer le lot à son nom et
à celui de trois autres personnes. Même les
hôpitaux ne sont pas épargnés. Comme
l'écrit un journal: "Aucun morceau du terrain
national n'est à l'abri des yeux fureteurs des accapareurs
bien armés".
Le sentiment général au Kenya est que les
responsables importants sont plongés dans les
affaires illégales. Il y a eu de nombreuses plaintes au
sujet de l'attribution de terrain public à des individus
privés. A ce point qu'on a publié une directive
présidentielle ordonnant d'annuler les documents concernant
l'allocation irrégulière de terrains. Le
président Daniel arap Moi enjoignit au commissaire des
Domaines de faire rentrer les titres de propriété des
lots d'utilité publique qui pourraient avoir
été alloués, par erreur, à des
particuliers.
Certaines personnes, parmi lesquelles, le professeur Mkangi,
ancien professeur à l'université de Nairobi, estiment
qu'on devrait en finir avec le Bureau de la commission des
Domaines. "Nous devons mettre au pas les
spéculateurs immobiliers (les soi-disant
"promoteurs"), en démantelant le bureau du
commissaire des Domaines et en permettant aux communautés
d'exercer le contrôle sur leur commune ressource de base -
la terre. Si nous ne le faisons pas, le Kenya va devenir un pays de
mendiants, ce qui finalement mènera à la discorde
sociale et à l'instabilité".
END
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