ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 321 - 01/04/1997

Malawi

Attention et sensibilité pour les albinos

by Patrick Mawaya, Malawi, janvier 1997

THEME = MINORITES

INTRODUCTION

Les albinos réunis en association pour conscientiser les politiciens

Des centaines de kilomètres, des réalités géographiques, des expériences historiques, des coutumes, des traditions et des langages différents les séparent, et, cependant, les albinos du Malawi, estimés à 8.000, font face à des problèmes communs.
Ces problèmes vont de la prédisposition au cancer de la peau, de la ségrégation dans les écoles et au travail et des problèmes de vue, aux difficultés de participer à des fonctions publiques et au manque de politique les concernant.
Robert Kafera, président de l'association des albinos du Malawi, déclare: "Nous, albinos, sommes discriminés. Les professeurs et les élèves ne veulent pas partager avec nous le matériel scolaire. Ils disent que nous sommes tristes. Nous sommes prédisposés au cancer de la peau, ce qui peut arriver à n'importe qui, et notre vue est faible".
Les albinos ont formé leur association en janvier 1995, en vue de promouvoir leurs droits dans l'éducation. Elle compte 700 membres inscrits, alors qu'on estime les albinos à 8.000 sur une population de 11 millions. En août 1995, des membres de l'association ont rencontré le président Bakili Muluzi à sa résidence de Sanjika. Parmi les questions discutées avec le président, on notait la nécessité de former un staff dans le département de dermatologie des grands hôpitaux du pays, afin de prendre soin des albinos et de les instruire.

Pas d'intérêt pour les handicapés

Le président Muluzi promit à l'association que son gouvernement procurerait des lunettes de lecture et rendrait les écoles accessibles aux albinos. Il remit aussi 2.000 $US à l'association. C'est un geste habituel de sa part chaque fois qu'il reçoit la visite d'un groupe. L'argument est le suivant: du temps du président Banda, les gens étaient forcés de faire des cadeaux au président; maintenant, c'est le président qui fait des cadeaux. Ce qui fait dire aux critiques: "Muluzi est le seul président qui se promène avec un sac d'argent en poche".
Un an après cette promesse de Muluzi, les lunettes ne sont pas encore arrivées. L'association se demande si le gouvernement s'intéresse vraiment aux albinos. "Nous constatons qu'il n'y a pas de politique claire pour les albinos, déclare Robert Kafera. Et cela montre que le gouvernement ne s'intéresse pas non plus aux sourds, aux muets, aux aveugles".
L'association a donc appelé le gouvernement à concevoir une politique qui réponde à toutes les infirmités, et qui améliore l'éducation et les services de santé pour les albinos. En ce qui concerne l'enseignement, la plus haute qualification atteinte par un albinos est le certificat d'éducation (MSCE); et une centaine d'albinos seulement ont atteint ce niveau.
La plupart des albinos viennent de couches sociales pauvres; aussi l'association a-t-elle fait appel au gouvernement pour former des gens qui puissent s'occuper des enfants albinos en retard scolaire.
Le président Muluzi pourra-t-il répondre à ces demandes? Il fait face, déjà, à des problèmes complexes concernant l'enseignement primaire gratuit, introduit en 1994.

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