ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 321 - 01/04/1997

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Congo

Une plante pour purifier l'eau polluée

by Carole Goma-Makaya, Brazzaville, Congo, 29 janvier 1997

THEME = ECOLOGIE

INTRODUCTION

Une plante, le "lépo" diététique, pourrait sauver l'eau: il fixe les bactéries et les virus et se révèle aussi efficace que les coûteux produits chimiques importés d'Europe

Dans plusieurs régions du Congo, comme ailleurs en Afrique, les populations sont confrontées au problème de l'eau polluée. Avec pour conséquence de nombreuses maladies telles que diarrhée et choléra.
La solution pourrait venir par les travaux d'un chercheur indépendant: le franco-congolais, Charles Robert Mathurin. Il a étudié les propriétés d'une plante qui purifie l'eau polluée par photosynthèse: le "lépo" diététique. Il s'agit d'une lentille d'eau, formée d'une feuille épaisse et d'une tige centrale qui appartient à la famille des lemnacées, d'où son nom scientifique "lemna polhyrisa". Elle se développe particulièrement dans les eaux polluées. De plus elle est un bon légume qui peut se consommer comme salade. (Ndlr - cfr ANB-BIA nº 287, du 01.10.95, p. 6: "Malawi - Une graine pour sauver l'eau")
Le "lépo" diététique contribue à l'équilibre de l'écosystème et du biotope. Il se nourrit par photosynthèse des éléments plastiques (azote, phosphate, calcium, potassium) que contiennent les eaux polluées. "Cette plante est fort utilisée au Bangladesh, par le "Lemna corporation", une organisation américaine qui l'utilise pour assainir les eaux présentant une pollution fécale", explique M. Mathurin. A cause de sa teneur en protéines et en eau, le "lépo" diététique est aussi utilisé pour soigner les malades déshydratés.
Il peut contribuer à la protection d'espèces animales et végétales en voie de disparition, et constitue un outil efficace dans le programme d'assainissement de l'environnement, aquicole et agro-pastoral.

La plante n'est pas vendue

Aujourd'hui, la détérioration des barrages hydroélectriques et des systèmes d'irrigation sont parmi les causes ayant entraîné une baisse de l'activité agricole au Congo. La mauvaise couverture en eau potable peut être compensée par les eaux des étangs purifiées par le "lépo".
Ainsi, au lieu de dépenser des sommes énormes pour les produits chimiques nécessaires au traitement de l'eau, avec le "lépo" diététique on peut assainir des grandes surfaces d'eau, développer l'aquiculture, revaloriser l'agriculture et combattre la malnutrition. "Le lépo n'est pas commercialisé, explique M. Mathurin. Il est donné gratuitement à toute personne menant une activité aquicole, agro-pastorale et d'assainissement de l'environnement. Mais pour son utilisation, les usagers doivent contacter la GINA (Génétique initiation nutritive aquatique) pour une formation préalable. Tout aussi gratuite".
Cultivé par la GINA en grande quantité à Dolisie (localité située au sud-ouest du pays, dans la région du Niari), le "lépo" peut se développer sur n'importe quelle eau polluée. Sa vitesse de croissance liée à son mode de nutrition est proportionnelle à la rapidité avec laquelle il assainit l'eau infectée.
M. Mathurin expérimente le "lépo" depuis 1972, année où il a découvert la plante auprès d'un tradipraticien au Centrafrique. Il a l'expérience de l'élevage des crustacés appelés "gambas". Depuis 1990, Mathurin était installé à Dolisie mais, avec les troubles socio-politiques de 1993, il a perdu son laboratoire et ses étangs. Actuellement il mène des recherches au campement Lumière à l'île M'bamou, vers Brazzaville.
"Je cherche à renouveler l'expérience en intéressant un maximum de personnes. J'espère que l'opinion nationale va m'aider à vulgariser le lépo pour éradiquer la famine et arriver à l'autonomie alimentaire", s'exclame-t-il. Le chercheur exhorte les bailleurs de fonds nationaux et internationaux à encourager le financement de la culture du "lépo".

Charles Robert Mathurin

Chercheur en aquiculture, Charles Robert Mathurin est né le 2 mai 1946 à Brazzaville. Fils d'un couple français, Mathurin Emmanuel et Parenté Agathe, ce Français s'est fait nationaliser Congolais. Il fait ses études primaires au Congo jusqu'en 4ème, et poursuit son cycle secondaire au Centrafrique. Il abandonne ses études en classe de seconde, revient au Congo où il se consacre à la culture du cacao dans la Likouala (région située au nord du pays). Il est le premier planteur dans cette zone. En 1968, il repart pour le Centrafrique pour travailler dans une société de culture d'ananas et de bananes douces.
En 1976, il gagne le Cameroun et travaille auprès de la gendarmerie camerounaise comme technicien polyvalent. Quelques années plus tard, il revient au Congo. Il est maintenant chef du projet de GINA, une association à but non lucratif composée de neuf chercheurs congolais.

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