ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 321 - 01/04/1997

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE

Tanzanie

Trafic de drogue

by Ernest Zulu, Dar es-Salaam, Tanzanie, janvier 1997

THEME = DROGUE

INTRODUCTION

Jusqu'à la fin des années '70, la Tanzanie était considérée comme un pays "propre" en fait de criminalité internationale. Les barons de la drogue ont tiré avantage de cette situation et les choses ont changé

Un nombre croissant de jeunes Tanzaniens, surtout dans les régions urbaines, sont à la fois trafiquants et usagers de drogues défendues. Les autorités s'inquiètent de ce que le pays qui était sûr soit en train de devenir rapidement un centre de la drogue.
La société en général a été atteinte par ce changement. Le procureur général attribue à la drogue le nombre croissant de délits de société tels que le viol. Un procureur, Matilda Phillip, a eu à traiter de plusieurs délits de société impliquant des jeunes. La plupart étaient des cas de viol. Quand on leur demandait ce qu'ils avaient à dire pour leur défense, les jeunes en question répondaient qu'ils avaient commis ces délits sous l'influence de la drogue.
La baisse du niveau dans l'enseignement est aussi attribuée à l'usage de drogues.

Comité anti-drogue

Les autorités tanzaniennes ont créé un Comité anti-drogue de dix personnes, mais on n'a obtenu que fort peu de résultats dans la lutte contre le trafic de drogue. "C'est une tâche ardue", constate Peter Hassen, officier de l'immigration qui est aussi membre du Comité anti-drogue.
Pendant quelques années, la Tanzanie a été un point de transit sans risque pour la drogue vers l'Afrique du Sud, l'Europe et les Etats-Unis. Pourquoi? Parce que le pays était réputé "propre"; ce qui fait qu'on y effectuait fort peu de contrôles.
Cet état d'"innocence" a changé. Des officiers de police importants sont maintenant conscients que la Tanzanie est un point de transit important pour le trafic de drogues. Au début de 1996, la police a saisi plus de six tonnes de drogue, pour une valeur de six millions de dollars, destinée à la Belgique. Il y a environ deux ans, 1.696.000 tablettes de Mandrax ont été saisies à Dar es-Salaam, capitale de la Tanzanie.
Selon les statistiques de la police de la mi-1995 à la mi- 96, 4.980 jeunes ont été arrêtés en rapport avec le trafic de drogue. Au cours de la même période, plusieurs Tanzaniens (surtout des jeunes) ont été détenus ou emprisonnés à l'étranger pour vente ou trafic de drogue. Beaucoup sont écroués au Pakistan, en Italie et en Iran.
Selon les sociologues, le fait que des Tanzaniens soient arrêtés à l'étranger pour commerce de drogue devrait alerter les autorités du pays: les choses ne vont pas bien.

Les enfants des rues

Les rues des villes et des cités sont déjà bondées d'enfants des rues, les uns mendiants, les autres voleurs. Divers groupements, dont des organisations non gouvernementales (ONG), s'efforcent de rééduquer les consommateurs de drogue.
Plusieurs centres de réhabilitation ont été créés. Le plus grand hôpital du pays, le Centre médical Muhimbili, admet les cas psychiatriques. Le chef de service de l'unité, le Dr Gady Kilonzo, fait remarquer comme il est facile pour les barons de la drogue d'attirer les enfants des rues et d'autres dans leurs filets. On estime que les enfants des rues sont en possession d'au moins un quart des drogues saisies chaque année.
Depuis des années, la police sait que le cannabis est cultivé dans certaines régions du sud pour la consommation familiale, mais il est difficile de forcer les gens à arrêter cette production. Pourtant, il est évident maintenant que certains exploitent la situation et cultivent la plante pour se faire de l'argent.

Efforts du gouvernement

Pour essayer de réduire le trafic de drogue, le gouvernement a instauré un nouveau passeport, censé être difficile à contrefaire. Mais les trafiquants de drogue sont capables de contourner cette difficulté, vu que la plupart d'entre eux sont en possession de passeports de nationalités différentes. L'équipe anti-drogue sait maintenant que des drogues comme la cocaïne et l'héroïne sont parfois introduites par bateau dans le pays, cachées dans des téléviseurs et des réfrigérateurs. Mais la police tanzanienne ne possède pas de matériel de détection de la drogue.
Les drogues sont reconditionnées dans des paquets plus petits et donnés à des jeunes qui les avalent avant de faire le trajet pour Dar es-Salaam, la destination finale.
La police sait ce qui se passe mais quand on arrête des porteurs, il est évident qu'ils ne savent pas qui est leur véritable "employeur", parce qu'il y a une série d'intermédiaires dans l'affaire.
En avril 1996, la Tanzanie a voté une loi dans le but de réduire le nombre des affaires de drogue illégale dans le pays. La loi porte sur l'utilisation de drogues et de plantes dangereuses et fixe la peine pour des délits liés à la drogue à environ 17.500 $US ou à l'emprisonnement à vie ou les deux.
On a aussi créé une Commission anti-drogue présidée par le Premier ministre dans le but de revitaliser et de renforcer la lutte contre les drogues dangereuses.
"Mais tous ces efforts seront vains", dit le Dr Kilonzo, membre de la Commission, "si on ne s'attaque pas à la cause essentielle, le chômage".
Il est encourageant de noter qu'une ONG, qui se consacre à fournir une éducation anti-drogue dans le but d'éradiquer le problème, a rassemblé 300 millions de shellings tanzaniens pour la rééducation de jeunes qui veulent commencer à gagner leur vie d'une manière légale.

END

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE

PeaceLink 1997 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement