by Joao de Brito Langa, Mozambique, novembre 1996
THEME = ARMEE
Le gouvernement a dû retirer sa proposition de loi sur la défense nationale et les forces armées parce que le RENAMO l'a déclarée inconstitutionnelle
Le RENAMO a opposé de sévères objections au dossier présenté par le gouvernement à la dernière session 1996 du Parlement. Ce dossier concernait: 1. la défense nationale et les forces armées; 2. le service militaire; 3. un service national, incluant la participation à des projets de construction et de développement. Pour le RENAMO , le projet de loi était contraire à la Constitution et plus précisément à l'art. 135 qui stipule que la politique de défense et de sécurité nationale ne peut être définie qu'après consultation du Conseil national de défense et de sécurité. Or, au début de la 5e session parlementaire, le 28 octobre 1996, cette consultation n'avait pas encore eu lieu. Comme le gouvernement constatait qu'il n'y avait pas accord sur une affaire de cette importance, le ministre de la Défense, Aguiar Mazula retira la proposition.
Q = Noticias: Mr le
Ministre, qu'est-ce qui a motivé le gouvernement dans ce
retrait de la proposition de loi sur la Défense nationale et
les Forces armées?
R = Mazula: Fondamentalement, nous
estimons que la Constitution sous laquelle nous vivons ne peut
être efficace que si chacun est d'accord à son sujet.
Cela est valable aussi pour cette loi sur la Défense
nationale. D'après ce que j'ai pu observer, il n'y avait pas
d'accord sur cette affaire et j'ai donc retiré la loi.
Q = Mais le gouvernement ne maintient-il pas sa position, à
savoir que la proposition de loi est conforme à la
Constitution?
R = Exactement. Nous estimons que
la seule chose que nous ayons faite c'est de présenter au
Parlement une proposition de loi. Sous cet aspect, nous ne voyons
rien de contraire à la Constitution.
Q = Quelles sont les conséquences immédiates pour le
gouvernement de cette décision de retirer la proposition de
loi?
R = En tant que ministre de la
Défense, je crois que les conséquences sont
sérieuses et plutôt inquiétantes. Les Forces
armées s'attendaient à ce que débute le
programme complet de modernisation et de réorganisation.
Elles s'attendaient aussi à ce que leur rôle soit
clairement défini.
Q = Et maintenant, que va-t-il se passer?
R = Nous avons des
problèmes. Tout notre effort a porté sur
l'unification des Forces armées. Nous voulons qu'elles
soient à l'écart de la politique. Un certain
mécontentement règne aussi dans les rangs. Beaucoup
de soldats, surtout de simples soldats, quittent. Je désire
renforcer l'armée et je ne puis le faire parce que je n'ai
pas le soutien légal indispensable pour appliquer les
réformes nécessaires.
Q = A ce que nous pouvons comprendre, le gouvernement a de
sérieuses difficultés à maintenir une
armée opérationnelle.
R = Oui, car tout le monde
reconnaît l'urgence de réorganiser l'armée et
la nécessité de l'autodiscipline parmi le personnel
en service.
Q = Et alors, que peut faire le gouvernement?
R = Je dois reconnaître que
les officiers, au niveau de l'état-major, commencent
à comprendre que le gouvernement est soumis à
certaines limitations et ne peut faire tout ce qu'il voudrait.
Q = Quand vous vous êtes présenté au Parlement, Mr le Ministre, vous sembliez préoccupé des énormes attentes de nos partenaires régionaux. Pourriez-vous être plus explicite?
R = Dans le contexte international, le "régionalisme" fait partie aujourd'hui de la scène africaine et le Mozambique ne fait pas exception, surtout en ce qui concerne la défense régionale. Il y a déjà eu des réunions entre les Forces armées des diverses régions dans le but d'ouvrir la voie à une coopération mais je crains, à cet égard, que le Mozambique soit en retard sur tous les autres.
Q = Le gouvernement a retiré sa proposition de loi sur la
réorganisation des Forces armées. Maintenant, comment
va-t-on avancer?
R = J'espère que les membres
du Parlement comprendront, avec le sens de leur
responsabilité, que la proposition de loi du gouvernement
peut une fois de plus leur être soumise aussi vite que
possible. Le gouvernement ne peut rien faire sans les avis et la
décision du Parlement. J'estime que les discussions
auxquelles on se livre actuellement au Parlement sont purement
"politiques" -c.à.d. c'est l'opposition pour
l'opposition! Il est évident qu'on n'a fait aucune tentative
d'analyse des besoins réels du pays. Les temps
changent et, en ce qui concerne la défense et la protection
de la nation, je désire attirer l'attention des
parlementaires sur la nécessité du changement.
END