ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 322 - 15/04/1997

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Zambie

Des morts abandonnés

by Fred Chela, Zambie, février 1997

THEME = SIDA

INTRODUCTION

Avez-vous jamais entendu parler de la maladie africaine de la "crevaison lente", connue aussi sous les termes de maladie "maigre", de "purge" ou de "fuite"? Ce ne sont pas de nouvelles maladies tueuses mais plutôt les sobriquets donnés au Syndrome de l'immuno-déficience acquise

Les Zambiens nomment le VIH "la crevaison lente" parce que les victimes meurent d'une mort lente, comme un automobiliste qui, conduisant une voiture avec un pneu légèrement crevé, en arrive à un arrêt brutal, avec parfois un résultat fatal pour les occupants.
Le SIDA est aussi surnommé "la maladie maigre" parce que les malades maigrissent de façon inquiétante, réduits à une maigreur squelettique, les os saillants, avant de succomber à une mort inévitable. Il est encore connu sous le nom de "purge" ou de "fuite" parce que les victimes souffrent de diarrhée et de vomissements incessants.

Abandonnés de tous

Ces dénominations alternatives montrent que les victimes du SIDA sont stigmatisées par la société, rejetées même par leurs plus proches parents et obligées de se débrouiller seules jusqu'à la mort.
Les autorités médicales et les assistants sociaux de Zambie confirment que des malades du SIDA sont morts abandonnés; dans certains cas, ils sont inhumés par les ouvriers municipaux, malgré le fait qu'être enterré par des étrangers soit considéré comme une malédiction et un tabou.
Dans un document officiel, le ministre de la Santé de Zambie prédit que, à cause du SIDA , l'espérance de vie des adultes zambiens se réduira des 51 ans actuels à 45 ans d'ici l'an 2000. Des recherches récentes sur le VIH/SIDA révèlent que 300 à 400 Zambiens sont infectés chaque jour par le virus. Ceci contredit des recherches antérieures, faites en 1990, selon lesquelles on estimait de 400 à 500 personnes infectées chaque jour.
Selon le Dr Moses Sichone, directeur du projet VIH/SIDA au ministère de la Santé, malgré cette différence, l'épidémie reste critique en Zambie. La recherche, dit-il, a révélé que 40% des enseignants dans les régions urbaines sont infectés par le virus. Une projection laisse prévoir que les aînés des étudiants dans l'enseignement tertiaire mourront du SIDA avant de pouvoir accomplir leur période obligatoire ou avoir remboursé leur bourse d'étudiant.
On dit aussi que le SIDA est responsable de la mortalité infantile accrue, et on prévoit que cela va augmenter: de 183 décès pour mille actuels on arrivera à 240 morts pour mille vers 2005. Selon le document du ministre de la Santé, on s'attend à ce que le nombre d'adultes atteints du SIDA augmente de 10.000 en 1990 à plus de 75.000 pour l'an 2000.
Des estimations modérées citent le chiffre d'infections actuelles par le VIH à plus de 100.000, avec environ 10.000 personnes souffrant de SIDA déclaré. On peut discuter des chiffres parce que beaucoup de malades du SIDA meurent chez eux sans être signalés. Le document du ministre de la Santé cite le personnel militaire en Zambie comme le groupe présentant le taux le plus élevé d'infection VIH. Ce fait a privé les forces de la défense de son personnel le meilleur, le mieux formé et le plus qualifié.

Conduite morale en déclin

Le professeur Nkandu Luo, spécialiste en microbiologie et ministre de la Santé adjoint, pense que l'attaque du VIH/SIDA est due au déclin de la conduite morale, caractérisé par des pratiques sexuelles hasardeuses. Les relations sexuelles occasionnelles sont responsables de la majorité des cas en Zambie.
Selon l'archevêque catholique retraité de Lusaka, Mgr Adrian Mung'andu, la publicité pour les préservatifs dans les médias favorise et encourage la promiscuité non seulement chez les jeunes mais aussi chez les adultes. On a vendu plus de 4,5 millions de préservatifs en Zambie l'année passée.
Tandis que les scientifiques cherchent un remède et un traitement pour la maladie qui tue, le taux de mortalité par le SIDA continue à augmenter.

END

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