ANB-BIA SUPPLEMENT
ISSUE/EDITION Nr 322 - 15/04/1997
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Ouganda
Véritable redressement économique?
by Vincent Paul Mayanja, Ouganda, février 1997
THEME = DETTE
INTRODUCTION
L'Ouganda a reçu les félicitations internationales
pour son redressement économique; entre-temps,
malheureusement, on ne s'est pas préoccupé de la
situation lamentable de millions d'Ougandais plongés dans la
pauvreté
L'Ouganda est l'histoire d'une réussite de la Banque
mondiale et du Fonds monétaire international (FMI ).
L'Ouganda se relevant de ses ruines pour devenir une vitrine du
redressement économique positif a attiré l'attention
internationale. Mais ce relèvement a un prix þ une
énorme dette étrangère et peu d'avantages pour
l'homme ou la femme de la rue qui forment la majorité
de la population ougandaise.
Projets de base - taux de réussite très bas
Le dernier projet de rapport d'évaluation dressé
récemment par le Fonds du Commonwealth pour la
coopération technique révèle un taux
très bas de réussite des projets de base. Selon
ce rapport, 40% seulement de tous les projets d'aide en Ouganda ont
été couronnés de succès tandis qu'on
estime que le même nombre de projets ont abouti nettement au
désastre. Les autres 20% de projets sont dans une "zone
grise" où il est impossible de dire si c'est un
succès ou un échec.
Tout cela se déroule sur un arrière-plan avec, d'une
part, l'aide accrue à l'Ouganda (qui devra un jour
être remboursée) et d'autre part, la diminution
générale de l'assistance mondiale aux pays du
tiers monde. D'après l'information fournie par le rapport,
l'Ouganda est apparu comme le 16e plus important
bénéficiaire du monde de l'aide au
développement des pays d'outremer et le 6e plus important en
Afrique sub-saharienne où le montant de l'aide a
été en réalité réduit de 2%.
Entre 1990 et 1994, le versement d'aide à l'Ouganda est
passé de $552 millions à $800 millions. Cependant, le
rapport recommande que des niveaux élevés d'aide
soient liés à l'efficacité, au bon
fonctionnement et surtout à la possibilité de faire
durer l'assistance fournie.
Freins à la croissance économique
La Banque mondiale fournit annuellement environ 40% de l'aide
arrivant en Ouganda qui est actuellement aux prises avec des
rébellions armées dans diverses régions. Elle
conclut qu'il y a d'énormes freins à la
croissance économique de l'Ouganda.
La Banque mondiale énumère ces freins: infrastructure
insuffisante et secteur financier faible, anomalies dans les
appointements des fonctionnaires, manque de ressources humaines
locales alors que l'on constate qu'un montant énorme de $150
millions est versé à des expatriés venant
de l'étranger qui mènent une vie
élégante.
Le rapport fait néanmoins observer que, bien que ce montant
soit largement supérieur au budget de la défense tout
entier, le montant actuel de l'aide technique n'est pas seulement
"totalement insuffisant" pour les besoins du pays
mais que, dans un proche avenir, il s'élèvera au
double de l'apport actuel jusqu'à $300 millions
annuellement.
Le rapport note qu'un expatrié américain, au service
du gouvernement, est le mieux payé: 200.000 dollars par an,
alors que son homologue de la Communauté européenne
coûte 110.000 dollars par an. La facture de l'assistance
technique semble être un autre fardeau auquel s'ajoutent
les besoins en entretien qui représentent déjà
$268 millions en arriérés.
Les responsables du gouvernement admettent que la charge de la
dette restera pendant un certain temps un problème pour
l'économie de l'Ouganda et la Banque centrale admet qu'un
poste important du budget est destiné au
remboursement de la dette extérieure dont on dit:
"Cela pèse sur l'"enveloppe des
ressources" dans le budget".
Le rapport du Commonwealth ajoute que le projet d'assistance se
porte mal à cause du manque de coordination entre les
départements gouvernementaux recevant l'aide et les
donateurs. Tout cela "mène à la confusion,
à la multiplication des efforts et aboutit à des
projets qui ne répondent pas aux besoins réels du
pays et sont rarement de longue durée".
Le rapport constate qu'il semble que l'Ouganda ait bien du mal
à faire face à la taille et à la
complexité des programmes que la Banque mondiale et d'autres
donateurs soutiennent. Le rendement va encore se dégrader
"si les moyens locaux ne s'améliorent pas".
Il suggère que si les Ougandais et leurs donateurs favoris
ont de quoi se réjouir du flot ininterrompu d'aide au pays
malgré la restriction des budgets occidentaux, les deux
parties devraient maintenant commencer à se demander
pourquoi tous ces milliards de dollars d'assistance n'ont obtenu
qu'un si misérable taux de réussite sur le terrain.
Les législateurs de l'Ouganda se demandent aussi pourquoi le
gouvernement continue à emprunter à des agences
internationales à un taux d'intérêt aussi
élevé, une manière de faire qui
"atteint négativement le prêt par les banques
commerciales à des investisseurs petits ou moyens".
Les "autorités en place" maintiennent que tout
va bien et que l'économie a eu un taux de croissance
d'environ 5,6% au cours des cinq dernières années,
avec une croissance évaluée à 7% pour
l'année passée, et les prévisions
annonçant la poursuite de la croissance cette année.
Mais quel est le vrai tableau?
END
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