ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 323 - 01/05/1997

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE

Kenya

Remaniement controversé d'un gouvernement

by Isaac Nyangeri, Kenya, février 1997

THEME = POLITIQUE

INTRODUCTION

Le 15 janvier 1997, le président Daniel arap Moi annonçait un remaniement concernant des ministres, des ministres-adjoints, des secrétaires permanents et des administrateurs provinciaux. Quelques jours plus tard, on annonçait d'autres changements parmi les ambassadeurs

Le remaniement a fait sensation car certaines personnes considèrent cet événement comme un signe de la division croissante qui s'installe à l'intérieur du parti au pouvoir, le Kenyan African National Union (KANU). Le secrétaire général du Parti démocratique (PD), Mr Joseph Munyao, a déclaré: "Créer ainsi des divisions à l'intérieur du KANU, donne l'impression que la 'guerre' a été déclarée".

KANU-A et KANU-B

Il y a des différences très nettes à l'intérieur du parti au pouvoir. Les analystes politiques parlent maintenant de KANU-A et KANU-B.
KANU-A þ Il se compose de personnes comme Mr Kipkalia Kones, exclu du cabinet lors du remaniement: il était ministre d'Etat au bureau du président; Mr William ole Ntimama, transféré du ministère du Gouvernement local au ministère de l'Intérieur et de l'Héritage national; Mr Simeon Nyachae, qui est passé de son poste de ministre de l'Agriculture, du Développement et de la Vente du cheptel, à celui de la Réforme du pays. On dit que Mr Nyachae serait le candidat à la présidence de ce groupe, composé des tribus qui généralement se considèrent comme mises sur la touche ou menacées par d'autres groupes tribaux plus importants.
KANU-B þ Son vice-président est le professeur George Saitoli. Mais, les critiques émises contre lui étant devenues une campagne nettement anti-Saitoli, c'est comme si la vice-présidence était déjà vacante.
Selon le président Moi, la campagne menée contre Saitoli serait ethnique - et dirigée contre les Kikuyu. Mais le professeur Saitoli est-il kikuyu? Pas complètement, même s'il a du sang kikuyu dans les veines.
Les divergences à l'intérieur du KANU sont devenues si aiguës - certains membres en poursuivant d'autres devant les tribunaux - que, vers la fin 1996, le président a menacé de réintroduire les décrets d'expulsion. C'était une tentative évidente de faire taire les dissensions dans le parti. Ce qui a largement été réalisé.

Nomination de Biwott

La mesure la plus controversée prise par le président a été de renommer Mr Nicolas Biwott ministre d'Etat au bureau du président, en remplacement de Mr Kipkalia Kones. Ce dernier a déclaré qu'il n'était "ni amer ni même surpris de la décision, car mes ennemis ont travaillé à longueur de temps pour m'évincer du gouvernement.
Cependant, je crois que Dieu a des plans favorables pour moi"
. La question n'est pas l'éviction de Mr Kones, mais bien le renouvellement de la nomination de Mr Biwott au cabinet. Pour Mr John Munyasia, membre du Parlement pour le Forum pour la restauration de la démocratie-Kenya (FORD-K), "c'est malheureux que Mr Biwott ait été élevé au rang de ministre au bureau du président. C'est une provocation du président Moi à l'égard des souhaits des Kényans".

L'"Affaire Ouko"

Il faut rappeler aux lecteurs que Mr Biwott était un des principaux suspects du meurtre brutal du Dr Robert Ouko, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale jusqu'à sa mort en 1990. Au début, on avait lancé la théorie du suicide, en avançant que le Dr Ouko avait mis fin à sa vie en s'inondant de pétrole et en y mettant le feu. Mais comment le Dr Ouko aurait-il réussi à faire tout cela, après s'être tiré une balle dans la tête? Car, son corps carbonisé, découvert le 16 février 1990, portait bien une blessure de balle à la tête.
Le gouvernement du Kenya demanda alors l'aide de Scotland Yard, qui envoya une équipe d'enquêteurs; mais dès que l'équipe essayait d'interroger des responsables importants, on les éconduisait.
Il y eut ensuite une Commission judiciaire - la "Commission d'enquête Ouko", sous la direction du juge de la cour d'appel Evans Gicheru. La Commission ne put achever ses enquêtes parce que sa nomination fut révoquée.
Il y eut alors des recherches menées par la police kényane. On arrêta un certain nombre de gens importants, dont Mr Biwott, relâché plus tard pour "manque de preuves suffisantes", et "relevé" ensuite par le président lui-même de son poste au cabinet du président. Par la voix du président, le gouvernement promit de "remuer ciel et terre" à la recherche du vrai coupable. C'est pourquoi la nouvelle désignation de Mr Biwott a irrité beaucoup de gens.

Les partisans de Biwott

Tout le monde n'est pas opposé à Mr Biwott. Le lendemain du remaniement du gouvernement, les journaux, et particulièrement ceux de la région Keiyi de Mr Biwott (province de Rift Valley), avaient tous été vendus avant huit heures du matin, tellement les gens se réjouissaient de la "bonne nouvelle". Nienga Mungai aussi, membre FORD-Asili du Parlement, estime que l'opposition ne devrait pas critiquer le président pour le remaniement, puisque "c'est sa prérogative de désigner et de saquer les ministres. Nous croyons qu'il a vu une lumière nouvelle comme le Saül de la Bible, qui se transforma en Paul sur le chemin de Damas, après avoir pendant des années persécuté les messagers de Dieu".
Et Mr Biwott?
Il se garde bien de dire quoi que ce soit!

END

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE

PeaceLink 1997 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement