ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 323 - 01/05/1997

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Botswana

Conflit au sujet d'une île

by Professeur Malema, Botswana, 1er avril 1997

THEME = POLIT. INTERN.

INTRODUCTION

Botswana et Namibie en conflit au sujet d'une île au milieu d'une rivière

Le secrétaire permanent aux Affaires politiques du Botswana, Louis Selepeng, a annoncé que, le 28 février, des délégations du Botswana et de la Namibie se sont rencontrées à La Haye pour soumettre à la Cour leurs arguments écrits au sujet de la question. "La démarche suivante pour les deux parties est la soumission de leurs réponses écrites aux arguments de l'adversaire. Cela aura lieu au mois de novembre. Ensuite, la Cour fera savoir quand l'audience aura lieu. Celle-ci pourrait être fixée au cours du premier semestre de 1998." Le terrain est maintenant prêt pour le conflit territorial le plus controversé qu'on ait connu entre ces deux pays d'Afrique australe - un conflit débuté en 1992. Il s'agit de l'île de Sedudu, île de Kisikili pour les Namibiens, qui a une surface de 3 kmę.
L'île inhabitée, bien connue pour ses possibilités touristiques, se trouve dans la rivière Chobe, au nord du Botswana qui n'a pas d'issue vers la mer, et à l'est de la bande de Caprivi, au nord de la Namibie.

Les débuts du conflit

Le conflit a éclaté en 1992, lorsque les deux pays se lancèrent dans un rassemblement de troupes sans précédent le long de leur frontière commune. La montée en flèche des hostilités obligea les présidents Sir Katumile Masire, du Botswana, et Sam Nujoma, de Namibie, à fixer une rencontre dans la ville de Kasane, nord du Botswana, où le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, joua le rôle de "Mr bons offices".
Un communiqué publié à la suite de cette rencontre annonçait qu'il fallait désigner un Comité technique pour fixer les limites des deux pays. Le Comité devait baser ses conclusions sur le Traité anglo-allemand de 1890, le Traité anglo-allemand et portugais de 1892, et sur les cartes de l'époque.
Le communiqué stipulait encore qu'il fallait faire diminuer les tensions entre les deux pays au sujet de la possession de l'île, et que rien ne devrait gâcher les relations entre les deux pays; qu'il fallait poursuivre les activités telles que la pêche, étant entendu qu'on ne pouvait placer de filets en travers de la rivière; que la navigation sur la rivière devait rester libre ainsi que les mouvements des touristes; qu'il fallait enfin diminuer la présence de militaires, sauf de ceux préposés à la lutte contre le braconnage.

Une querelle historique

Le président Masire accuse publiquement les Namibiens de "déplacer les bornes du but". Selon des experts, la frontière entre les deux pays se situe le long d'une partie très profonde de la rivière, ce qui fait de Sedudu une partie du Botswana.
Cette opinion est soutenue par l'historien et chercheur Jeff Ramsey, qui cite une lettre du bureau de l'ancien premier ministre d'Afrique du Sud et du département des Affaires étrangères, datée du 14 octobre 1948: "Le rapport ci-joint établit que, alors que le cours principal de la rivière Chobe apparaît sur les cartes comme passant au sud de l'île Kisikili, elle passe en réalité au nord de l'île". Et il ajoute: "Même si la frontière du Caprivi à l'est du Botswana est délimitée par les rivières Kwando, Linyati et Chobe, en beaucoup d'endroits, le terrain défie actuellement toute démarcation." A une époque ou l'autre, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Afrique du Sud ont, paraît-il, été en conflit au sujet de la possession de l'île. En décembre 1984, une commission conjointe entre le Botswana et l'Afrique du Sud avait tranché en faveur du Botswana. Les Namibiens affirment que l'île leur appartient et qu'ils l'ont toujours considérée comme faisant partie de leur territoire; un endroit où ils peuvent chasser, pêcher, labourer et faire paître leur bétail. Ils accusent le Botswana d'y hisser leur drapeau, alors que l'affaire est encore soumise à l'arbitrage; ils ajoutent que ce geste "va à l'encontre de l'esprit de coexistence pacifique dans la région".
La Namibie rejette les revendications, selon lesquelles l'affaire a déjà été résolue du temps de l'ancienne administration de Pretoria qui gouvernait l'Afrique sud-orientale, actuellement Namibie.
Le président Mugabe n'a pas fait progresser de beaucoup le conflit et les relations entre les deux parties se sont détériorées. L'année passée, lorsque le gouvernement allemand a stoppé la vente en seconde main par les Pays-Bas au gouvernement du Botswana de 54 Krauss Maffei I-V MBT d'origine allemande - une vente qui se situait vers les 14,2 millions de US$ - , le Botswana a accusé la Namibie d'avoir influencé l'arrêt de cette vente.

END

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