ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 323 - 01/05/1997

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Congo

Médicaments génériques et produits originaux

by Carole Goma Makaya, Congo, 29 janvier 1997

THEME = SANTE

INTRODUCTION

La détérioration considérable de la situation économique et sanitaire au Congo a entraîné l'explosion des marchés parallèles de médicaments et des micro- détaillants. Les pharmacies sont concurrencées par des petits vendeurs ambulants qui proposent des médicaments exposés aux intempéries. Pour enrayer le phénomène, les autorités congolaises ont décidé de mettre sur le marché des médicaments génériques à bas prix.

Les vendeurs sont en majorité des jeunes relativement scolarisés, sans aucune formation médicale. Ils travaillent pour leur compte. Les médicaments les plus vendus concernent les maladies comme: les diarrhées, les parasites intestinaux, le paludisme, les maladies sexuellement transmissibles. Les comprimés et gélules s'écoulent bien, car ils permettent le déconditionnement "vente à l'unité", caractéristique du marché noir!
Les revendeurs appelés "bana doc" (enfant docteur) s'approvisionnent auprès de grossistes zaïrois. Mais la source principale reste sans doute les médicaments provenant des pharmacies locales qui écoulent leurs produits périmés, les écoles de médecine, et aussi les agents de santé qui revendent les échantillons gratuits offert par les laboratoires!
La contrebande en provenance du Zaïre fournit des produits qu'on trouve sur le marché noir au Congo. "Nous achetons ce qui ne nécessite pas de conservation au frais: seringues, comprimés, gélules, coton, alcool...Notre recette journalière oscille entre 8.000 et 10.000 francs cfa", explique un vendeur. Les acheteurs ont un niveau d'éducation plus ou moins bas et des ressources précaires. "Nous nous déchargeons des risques que peuvent courir les acheteurs, puisqu'ils prétendent connaître leur maladie", poursuit-il.

Situation préoccupante

En effet, avant de se procurer un produit quelconque, les acheteurs consultent au préalable un ami, une connaissance, mais rarement un agent de santé. Ils achètent les trois comprimés strictement nécessaires à leur traitement. Les comprimés coûtent 15 à 25 f-cfa l'unité!
La situation du marché pharmaceutique illicite au Congo est très préoccupante. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Banque mondiale, avant la dévaluation du f-cfa en janvier 1994, moins de 30% des Congolais pouvaient accéder aux médicaments que proposaient les pharmacies. Aujourd'hui, ce pourcentage doit être revu à la baisse par les pharmaciens, car les médicaments vendus à la sauvette et moins chers sont souvent le seul recours pour les plus défavorisés!
Mais les principaux problèmes de ce marché sont l'absence totale de formation des vendeurs, les mauvaises conditions de conservation des produits et l'absence de contrôle sur la qualité des médicaments. Car la vente des produits falsifiés et périmés est souvent flagrante.

Des médicaments génériques à bas prix

Pour permettre aux Congolais, même les plus démunis, d'obtenir des produits de qualité à moindre coût, les pharmaciens du Congo ont pensé vulgariser les produits génériques, qui depuis longtemps sont disponibles dans les officines, mais restent méconnus de la population et peu promus par les pharmaciens!
Les produits génériques ou "blancs" sont des copies de médicaments existants. Ils sont dits "génériques" parce qu'ils présentent strictement la même composition chimique que des médicaments originaux, propriété des laboratoires mais tombés dans le domaine public!
"Ces produits sont légalement commercialisés et conformes à d'autres médicaments; c'est juste la copie, en ce qui concerne leur principe actif, le dosage, la forme pharmaceutique, l'utilisation et la posologie", explique Jérôme Loutonto, président du Syndicat national des pharmacies du Congo (SYNAFAC). Pour lui, les génériques, 50% moins chers, représentent un manque à gagner sur son chiffre d'affaires, d'autant plus qu'ils concurrencent les produits de marque.

Vente au détail

En dehors des médicaments génériques, les pharmacies veulent également déconditionner les produits spécialisés. C'est-à-dire, vendre à l'unité les formes solides (comprimés, gélules) et ampoules buvables et injectables. Ceci en accord avec le prescripteur. Une nouveauté. "Au lieu de vendre au malade une boîte de 30 comprimés qu'il ne terminera pas, on lui vend juste les comprimés essentiels pour son traitement", explique le pharmacien M.Loutonto. Mais pour mettre en pratique ce procédé, les professionnels du médicament attendent qu'un texte de loi autorise le déconditionnement ou qu'une liste soit rendue publique, indiquant aux professions médicales quels médicaments seront désormais essentiels, et donc vendus au détail dans les pharmacies!
Néanmoins, certaines pharmacies ont déjà commencé la commercialisation des produits déconditionnés à la demande des consommateurs. La vulgarisation des génériques et le déconditionnement des produits veulent aujourd'hui enrayer la prolifération des vendeurs à la sauvette. Les difficultés économiques incitent à assurer une promotion de ces nouveautés afin de consommer des médicaments de qualité. "Le médicament - déclare M.Loutonto - est une substance chimique. Exposé aux intempéries il peut être altéré et devenir un poison. Plusieurs cas de cancers, d'ulcères ont été signalés suite à la consommation abusive de ces produits non contrôlés".

END

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