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DOSSIER
ISSUE/EDITION Nr 324 - 15/05/1997
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ALGERIE - DOSSIER
Dossier réalisé par ANB-BIA, mai 1997
1e PARTIE (1/2)
INTRODUCTION
Le 5 juin 1997, l'Algérie tiendra des élections
législatives, les premières depuis la crise
après l'annulation des élections en janvier 1992.
Une esquisse de la situation.
I. Survol historique 1962-1992
A. Politique
L'Algérie prend son indépendance le 5 juillet 1962,
après une sanglante guerre de libération qui a
duré huit ans. Près d'un million d'Européens
quittent le pays, qui perd la majorité de ses
administrateurs, entrepreneurs et techniciens. 70% de la
population est sans travail, mais il existe un énorme
sentiment de solidarité nationale.
Ben Bella (1962-1965)
Après une lutte pour le pouvoir, au sein du FLN (Front de
libération nationale) entre les modérés (Ben
Khedda, Boudiaf et Aït Ahmed) et les radicaux (Ben Bella,
Mohammed Khider et Houari Boumedienne, chef d'état-major
de l'armée), Ahmed Ben Bella prend le pouvoir, purge le
FLN des conservateurs et nationalise les propriétés
françaises et d'autres entreprises. Le FLN devient le
parti unique. De plus en plus Ben Bella centralise en sa personne
tous les pouvoirs (secrétaire général du
FLN, président du pays, commandant en chef de
l'armée). Il est écarté et emprisonné
par Boumedienne le 19 juin 1965.
Boumedienne (1965-1978)
Le coup d'Etat porte l'armée au pouvoir. Un Conseil
révolutionnaire de 26 officiers devient l'organisme
suprême sous la direction de Boumedienne, qui cumule les
fonctions de président et de Premier ministre. Il gouverne
avec une main de fer, sacrifie le bien-être social et la
démocratie à des objectifs économiques
à long terme et engage le pays sur la voie d'un socialisme
nationaliste.
En 1976, après un large débat national, on
décide de donner plus d'attention aux conditions de vie
de la population et d'organiser des élections.
Boumedienne, candidat unique, est élu comme
président; à l'Assemblée nationale, tous les
députés sont FLN, mais ce parti est loin
d'être populaire. L'armée reste au centre du
pouvoir.
Quand Boumedienne meurt en 1978, 70% de la population a
moins de 25 ans. Chacun sait que l'industrie ne suffira pas
à employer tous ces bras et qu'aucune réforme n'a
pu enrayer la baisse des revenus agricoles. Les germes de la
crise se mettent en place.
Chadli Benjedid (1978-92)
Le colonel Chadli Benjedid, commandant de la région d'Oran
et candidat de compromis, est nommé président.
Adversaire de la politique socialiste de Boumedienne, il donne
plus d'espace à l'initiative privée et introduit
lentement une économie de marché. Mais à
partir de 1985, la chute du prix du pétrole fait diminuer
fortement les revenus du pays. D'autre part, l'explosion
démographique fait monter le chômage en
flèche et la crise du logement devient toujours plus
aiguë. Le 4 octobre 1988, des bagarres éclatent
à Bab-el-Oued et la protestation se répand vite en
d'autres villes. On met en cause non pas tellement le
président, dont on apprécie
généralement les réformes, que les pontes
du FLN qui vivent dans le luxe. Les groupes de fondamentalistes
occupent une grande place dans ces manifestations. La
répression de l'armée fait des centaines de morts.
Après ces "événements", Chadli
introduit rapidement des réformes. En novembre, on scinde
les fonctions de président et de secrétaire
général du FLN. Le Premier ministre doit
dorénavant rendre compte au Parlement. En février
1989, par référendum, on introduit le
multipartisme. Pas moins de 47 partis se présentent, dont
le FIS (Front islamique du salut) qui est légalisé
en septembre. Des figures connues de l'opposition reviennent
d'exil: en décembre, Hocine Aït, le leader du FFS
(Front des forces socialistes), et en septembre 1990 l'ancien
président Ben Bella. Les nouveaux journaux et
périodiques poussent comme des champignons. On parle d'un
"printemps
algérien".
Elections
En juin 1990 ont lieu des élections municipales et
provinciales. Le FFS, qui a beaucoup d'adhérents parmi les
Kabyles, et d'autres partis protestent contre la façon
dont ces élections sont organisées et
décident de les boycotter. Devant ce choix réduit,
les électeurs votent massivement contre le FLN, et le FIS
obtient 52,42% des voix.
Malgré cela, Chadli décide de continuer la
démocratisation et annonce des élections
législatives pour juin 1991. Une nouvelle loi
électorale doit cependant rendre plus difficile une
victoire du FIS. Celui-ci appelle à la grève, et
des émeutes, début juin 1991, font déclarer
l'état de siège. Le gouvernement Hamrouche
démissionne et le nouveau Premier ministre, Ghozali,
renvoie les élections à décembre. Des
milliers d'adhérents du FIS sont arrêtés,
dont les deux plus importants leaders, Abassi Madani et Ali
Benhadj.
Au premier tour des élections, le 26 décembre,
sur 430 sièges à pourvoir, 228 sont
attribués, dont 189 au FIS. Le FFS en emporte 25 et le FLN
seulement 15. Une forte polémique s'ensuit, entre
partisans et adversaires d'une continuation de
l'expérience démocratique. Le 12 janvier 1992, sous
la pression de l'armée, le
président Chadli démissionne et le deuxième
tour des élections est annulé. L'armée avec
le FLN institue un "Haut Conseil d'Etat" de cinq
personnes, présidé par un des chefs historiques de
la lutte pour l'indépendance, Mohammed Boudiaf, qui vivait
en exil au Maroc depuis 1964. Le FIS est dissous, ses leaders
sont arrêtés, et l'état d'urgence
proclamé. C'est alors l'engrenage: le cycle
terrorisme/répression est enclenché et personne
n'est à l'abri de l'un ou de l'autre. Fin juin 1992, M.
Boudiaf lui-même est
assassiné.
CADRE Nr 1
ALGERIE
Nom officiel: République algérienne
démocratique et populaire
Capitale: Alger
Président en excercice: Liamine Zéroual
Population (millions): = 16,0 ('75) - 21,9 ('85) - 28,6 ('95)
Population urbaine (%): = 40,3 ('75) - 47,5 ('85) - 55,8 ('95)
PIB (en milliards de $): = 15,2 ('75) - 54,5 ('85) - 46,1 ('94)
Dette extérieure totale
(en milliards de$): = 4,63 ('75) - 18,26 ('85) - 32,78 ('95)
Fin Cadre Nr 1
B. Economie
Socialisme et industrialisation
A l'indépendance, l'Algérie hérite d'une
assez bonne infrastructure, mais de peu d'industrie. Le
chômage approche les 70%. Il faut créer des emplois.
Depuis le début, sous Ben Bella, on choisit la voie
socialiste. Les terres et les entreprises abandonnées par
les Français sont nationalisées et confiées
aux ouvriers dans un système d'autogestion. Boumedienne
accentue cette politique, mais l'autogestion est largement
remplacée par un système centralisé de plans
quinquennaux. Il nationalise progressivement les autres moyens
de production importants (les mines en 1966) et s'assure le
monopole des transactions financières
étrangères. En 1971, il prend le contrôle de
tout le secteur des
hydrocarbures.
L'exploitation du pétrole et du gaz représente
98% des exportations algériennes et 35% du produit
national brut. L'ensemble est aux mains de la compagnie
Sonatrach. En 1971, l'Etat nationalise les oléoducs, le
gaz naturel et 51% des avoirs des sociétés
pétrolières françaises.
Selon la tradition socialiste et avec l'aide d'experts
soviétiques, l'accent est mis sur l'industrie lourde. Des
entreprises d'Etat gigantesques sont créées pour
la production du fer, de l'acier, des produits chimiques, de
machines, etc. Cependant, le secteur privé reste
important, par exemple dans le domaine de l'industrie alimentaire
et dans l'agriculture.
La construction d'une base industrielle impressionnante
s'est toutefois faite au prix d'un contrôle
sévère de la consommation et au prix
également d'emprunts à l'étranger, dont le
remboursement soulève de lourds problèmes
financiers. Le manque d'industries de biens de consommation
provoque le mécontentement de la population et la
naissance d'un marché noir florissant.
Libéralisation et crise économique
Sous Chadli Benjedid, un nouveau plan quinquennal (1980-84)
gèle le programme d'industrialisation et donne une place
plus grande à l'initiative privée. Les
investissements sont transférés au domaine du
logement et au développement d'une industrie
tournée vers la consommation et l'agriculture. Suite
à la chute des prix du pétrole, à partir de
1985, Chadli intensifie sa politique de libéralisation.
Les grandes entreprises d'Etat, jugées trop lourdes et
trop peu rentables, sont scindées en des unités
plus petites et, dans le secteur agricole, une bonne partie des
terres appartenant à l'Etat sont données en gestion
à des particuliers. Malgré cela, la dette de l'Etat
monte en flèche (26,8 milliards $ en 1990) et le pouvoir
d'achat des Algériens diminue d'année en
année. L'inflation s'accentue, ainsi que le chômage
et les accusations de corruption au plus haut niveau. Ce qui
mène aux
"événements" de 1988.
Agriculture et produits alimentaires
L'agriculture a été le parent pauvre de la
politique algérienne. A l'indépendance,
l'agriculture représentait 60% des exportations et la
moitié de la population y était active. Vingt ans
plus tard, les paysans n'étaient plus que 21% de la
population active et
l'exportation des produits agricoles était presque
tombée à zéro. A partir des années
80 cependant, on peut noter une légère augmentation
de la production agricole.
L'importation de produits alimentaires s'est
avérée nécessaire, pratiquement depuis
l'indépendance. A la fin des années 80,
l'Algérie importait 70% de ses besoins alimentaires, ce
qui représentait une dépense annuelle de 2,1
milliards de $, soit un quart des revenus pétroliers.
Une des causes est sans doute l'accroissement
extrêmement rapide de la population: en trente ans, de 1962
à 1992, celle-ci est passée de 10 à 25
millions.
FIN 1e PARTIE (1/2)
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