ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 325 - 01/06/1997

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Afrique

Les droits de l'enfant

by Sarah Tanou, Burkina Faso, avril 1997

THEME = ENFANTS

INTRODUCTION - Sommet régional sur les droits de l'enfant:
Bamako, 17-22 février

PART 1/2

"Droits de l'enfant. Education et développement, éducation pour tous avec priorité pour les femmes et les filles", était le thème du Sommet régional sur l'enfance qui s'est tenu à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, du 17 au 22 février 1997. Les pays représentés étaient le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad et le Togo. Plusieurs centaines de responsables en matière de protection de l'enfance et d'éducation de base, des décideurs en éducation, des experts internationaux ont, six jours durant, planché sur ce thème combien important. Un intérêt particulier a été porté sur l'éducation des filles et des femmes.

Priorité à l'éducation des filles.

Ces dernières années des organismes nationaux, internationaux et des organisations non gouvernementales ont organisé bien des conférences et des séminaires sur la condition des femmes et sur leur éducation. Signalons la Conférence mondiale sur l'éducation pour tous, tenue en Thaïlande en 1990; la 26e Conférence de l'OUA, également en 1990, qui a adopté la Charte africaine des droits de l'enfant; la Conférence panafricaine sur l'éducation des filles, en 1993; le Sommet régional sur l'enfance, en 1995, qui a mit l'accent sur l'égalité d'accès à l'éducation des filles.

Toutes ces conférences ont montré le rôle important des femmes dans le développement de leur pays. Ce rôle, la femme ne peut pleinement l'exercer qu'au travers d'une éducation parfaite et efficiente. En Afrique, ce sont les femmes qui supportent presque toutes les charges de la famille. Et malgré l'analphabétisme qui les frappe à 80%, ce sont elles qui forment les 46% de la main-d'oeuvre agricole. On imagine alors l'impact que pourra avoir leur formation.

Telle mère, telle fille...tel enfant

Le statut des femmes doit être relevé en vue d'un développement durable de l'Afrique. Il est en effet reconnu que le rôle éducatif de la mère est vital dans la stimulation de l'intelligence, de la curiosité de l'enfant, ainsi que dans le développement de sa créativité. L'enfant ayant une mère analphabète et vivant dans un milieu peu stimulant reste handicapé par rapport aux autres. Les femmes illettrées sont aussi plus soumises à la coutume et elles transmettent à leurs filles les valeurs négatives dans lesquelles elles ont été elles-mêmes enfermées. L'accès des filles à l'école est influencé par le niveau d'éducation de leur mère.

Dans ce contexte, l'éducation des femmes prend toute sa signification et toute son importance. Il est du devoir de la société et de l'Etat d'assurer aux femmes des chances équitables d'accès à l'éducation et au progrès. Les instruments nécessaires pour changer la qualité du sort de la jeune fille africaine existent. Il faut avoir la volonté de les appliquer et il faut se donner les moyens intellectuels et matériels de les mettre en oeuvre. Il n'y aura ni développement, ni progrès en Afrique tant que les jeunes filles et les femmes ne seront pas en mesure d'exercer leurs droits légitimes à l'éducation, à la démocratie, à la liberté, c'est- à-dire, à la responsabilité. Du reste, pour le Dr. Kwegyir, médecin Ghanéen, "éduquer une fille, c'est éduquer une nation".

Créer un environnement politique favorable à la scolarisation des filles est de la responsabilité nationale. Moins de jeunes filles que de garçons accèdent aux études secondaires et encore moins aux études supérieures. Vouloir offrir aux filles les mêmes chances d'éducation qu'aux garçons exige des gouvernements qu'ils prennent un ensemble de dispositions évidentes pour créer un environnement motivant pour la promotion des femmes.

A plusieurs reprises, des déclarations solennelles ont été faites, des résolutions ont été votées pendant que les filles et les femmes africaines attendaient silencieusement. Elles attendent qu'on leur accorde l'éducation et la formation de base pour faire valoir leurs droits fondamentaux, pour améliorer leurs chances dans la vie, elles attendent et elles souffrent. Pour M. Colin Power sous-directeur de l'UNESCO, "de toute évidence, il est clair que ce sont les pauvres et particulièrement les femmes pauvres d'Afrique qui supportent le poids des projets de développement coûteux, la dette nationale, l'ajustement structurel et les conflits armés".

La croissance rapide de la population amènerait des difficultés pour étendre l'éducation de base à tous. Dans certains pays africains, les filles qui vont à l'école ne peuvent guère espérer suivre plus de seize mois de cours. Cependant, il est indéniable que les mères qui sont instruites ont des familles réduites, en meilleure santé et plus productives sur le plan économique. La négation du droit d'accès à l'éducation des filles entraîne un manque à gagner en termes de développement économique.

La tâche qui consiste à étendre les possibilités d'éducation à toutes les filles ne peut pas être supportée par un seul secteur, à savoir l'éducation. La complexité du problème requiert une approche multisectorielle impliquant différents ministères, et les programmes de développement rural à long terme devraient être revus. S'il est indéniable que des progrès ont été enregistrés durant la dernière décennie en matière de possibilités d'éducation pour les filles et les femmes, il est vrai que le retard n'a pas encore été comblé, les femmes sont pratiquement absentes dans les centres de décision de la société.

Aujourd'hui, sur 948 millions d'analphabètes dans le monde, deux tiers sont des femmes. Et sur 130 millions d'enfants non scolarisés, 81 millions sont des filles. Selon les statistiques de 1990, relatives aux pays en voie de développement, les femmes représentent moins de 20% de la population alphabétisée. Trente-six millions de jeunes filles en Afrique ne sont pas scolarisées et parmi celles qui sont inscrites, 64% désertent l'école avant d'être complètement alphabétisées. Malgré l'augmentation générale des taux de scolarisation, l'inégalité au niveau de l'inscription s'est accrue, en particulier en Afrique sub-saharienne: le taux de scolarisation des garçons est dans la plupart des cas supérieur à celui des filles avec, souvent, une différence de 20 %.

END of PART 1/2

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