ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 325 - 01/06/1997

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Afrique

Les droits de l'enfant

by Sarah Tanou, Burkina Faso, avril 1997

THEME = ENFANTS

INTRODUCTION - Sommet régional sur les droits de l'enfant:
Bamako, 17-22 février

PART 2/2

Le contexte socio-culturel et économique

En dépit d'une certaine réduction des disparités d'accès à l'éducation entre les garçons et les filles, les progrès enregistrés sont très lents. Des déséquilibres sont dus à la structure et à l'organisation du système éducatif ( d'où abandon de l'école, absentéisme et redoublements), d'autres sont liés à certains aspects de la culture traditionnelle, aux comportements sociaux, à la répartition des responsabilités familiales entre les deux sexes et à la pauvreté.

En Afrique, le mariage est traditionnellement considéré comme très important pour les filles soumises aux valeurs communautaires. Par exemple, dans certaines régions du Burkina, chez les Peulhs, le mariage précoce est encouragé par les parents qui accordent plus d'attention à l'apparence extérieure des filles (habillement, maquillage, etc.) qu'à leurs aptitudes intellectuelles. Les attitudes parentales ont peu évolué, même chez les personnes instruites. Les pratiques culturelles et religieuses traditionnelles prennent donc le pas sur les besoins d'éducation des filles et des femmes.

D'autres facteurs tels que les stéréotypes véhiculés pour décourager les parents d'envoyer ou d'inscrire leurs filles à l'école ne sont pas les moindres. Voici des idées qui circulent: "Qu'elle ait été à l'école ou pas, une femme peut jouer le rôle de femme, de mère, de ménagère si elle a reçu une bonne éducation parentale", ou encore: "Ce que j'ai pu faire aujourd'hui dans ma vie, beaucoup de filles scolarisées ne peuvent pas le faire. C'est pourquoi aucune de mes filles n'ira à l'école". Ces propos, on les entend lors des évaluations des actions de sensibilisation: "Jamais je n'enverrai ma fille à l'école pour qu'elle soit enceinte"; "L'école est incompatible avec les pratiques et les principes de ma religion, l'islam. Donc ma fille n'ira pas à l'école"; ou encore: "au lieu d'envoyer ma fille à l'école, j'achèterai un boeuf avec mon argent", etc.

Si l'on ajoute à ce tableau l'image négative que l'on donne traditionnellement de la femme africaine avec le mythe de l'infériorité, de manque de sagesse, de logique, d'originalité et de génie, s'étonnera-t-on du modèle que l'on perpétue dans les manuels scolaires et le matériel pédagogique destiné aux enfants?

Barrières culturelles

Des études réalisées dans 14 pays d'Afrique sub-saharienne ont montré combien le contexte socio- culturel peut être un frein à l'éducation des filles. Certaines pratiques culturelles, telles que les cérémonies d'initiation considérées dans toutes les sociétés traditionnelles africaines comme un rite de passage à l'âge adulte, sont parfois jugées plus importantes que la fréquentation de l'école.

D'autres barrières, telles que l'habitude d'accabler les filles de tâches domestiques, la transmission de règles morales et de comportements culturels, n'encouragent guère la scolarisation des filles. Ainsi, traditionnellement, le soin de préparer les jeunes filles à l'âge adulte relève davantage de la responsabilité de la communauté que de l'école. Les filles apprennent l'art d'être mère ou d'assurer les tâches ménagères en essayant d'imiter et d'égaler leur mère. Pourtant, une telle éducation est désormais insuffisante dans les sociétés en cours de modernisation, dans lesquelles le progrès technologique exige, pour la survie de l'individu, des aptitudes et des connaissances allant bien au-delà de celles que la communauté peut lui inculquer.

A ces facteurs socio- culturels, il faut en ajouter d'autres: le fossé entre les écoles et l'environnement local; les représentants des communautés qui ne sont pas associés à l'élaboration des programmes et des méthodes d'apprentissage; le système d'enseignement inadapté aux réalités locales; l'intérêt de l'enfant qui n'est pas pris en compte dans le système éducatif - qu'on songe à l'éloignement des écoles; etc.

Une responsabilité partagée

De nombreux pays africains, conscients du rôle des femmes dans leur développement ont entrepris des études afin d'identifier plus clairement les besoins des femmes et des jeunes filles en éducation et en formation. Plusieurs études sont réalisées, mais des zones d'ignorance subsistent. Les éducateurs sont conscients que les écoles ne répondent pas aux besoins des filles et que l'école constitue à plusieurs égards, un environnement peu accueillant pour celles-ci. La nature de ces facteurs, leurs interactions restent à déterminer avec précision. Les limites des ressources disponibles exigent que les planificateurs de l'éducation identifient les domaines prioritaires. Il est aussi nécessaire qu'ils fassent la part entre les problèmes auxquels les autorités devraient répondre et ceux qui seraient mieux traités par le secteur privé, les organisations non gouvernementales, les groupes de femmes ou autres secteurs de la société.

Quatre formes spécifiques d'intervention sont aujourd'hui plus propres que d'autres à promouvoir les chances d'apprentissage des filles. Il s'agit de la création d'écoles réservées aux filles; de l'octroi de bourses d'études aux jeunes filles; de l'adoption d'une approche non classique d'éducation des filles et de la formation sensibilisant les enseignants aux besoins psychosociaux des filles. En outre, les gouvernements ont pris des engagements en matière de développement des services d'éducation pour les femmes. Mais les familles, les communautés, les organisations bénévoles et d'autres, les entreprises et les opérateurs économiques privés ont également une responsabilité dans la promotion des chances d' apprentissage des filles et des femmes.

L'égalité de l'accès à l'éducation pour les filles et les femmes n'est pas une utopie, un rêve impossible à réaliser. Il s'agit d'un objectif réaliste qui peut être concrétisé si des mesures rigoureuses et appropriées sont adoptées et appliquées.

Le défi pour l'Afrique, avec ses nombreuses cultures et ses divers fondements historiques et économiques est de savoir si elle entrera dans le XXIe siècle avec un fort engagement en faveur de l'éducation, de la paix, de l'égalité et de la justice pour tous. Au- delà des nombreuses déclarations des gouvernements confirmant cet engagement, la réalisation des objectifs requiert des actions concrètes dans des domaines qui profitent directement aux personnes défavorisées, en particulier aux filles et aux femmes.

Ces actions doivent s'accompagner d'un suivi et d'une évaluation rigoureuse des progrès accomplis, d'une formation sincère du public sous forme de rapports. Elles doivent être dynamiques pour avoir des chances de réussir.

Offrir à tous des chances égales d'éducation sans discrimination exige de nouvelles politiques promouvant l'égalité des chances entre les hommes et les femmes dans toutes les sphères de la société.

END of PART 2/2

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