ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 325 - 01/06/1997

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE

Botswana

Un calme plein de tension

by Mwange Kauseni, Botswana, avril 1997

THEME = POLITIQUE

INTRODUCTION - Des tensions se font sentir au Botswana,
connu depuis longtemps pour sa culture démocratique et ses citoyens satisfaits

Les Botswanais sont, en général, paisibles et conservateurs; rarement ils se hérissent. Mais de récents événements survenus dans ce pays d'Afrique australe riche en diamant (population: 1,3 million) confirment que, sous le calme apparent, il y a un sentiment croissant que tout ne va pas bien au sein de la nation.

Sur le front politique, la situation est devenue plus chaude depuis les élections générales de 1994, où l'opposition, le Front national du Botswana (BNF), est passée, d'un seul coup, de 3 à 13 sièges (sur 40). Une hausse respectable à tout point de vue.

Les prochaines élections, prévues pour 1999, sont ressenties comme une réelle épreuve de force, et, même si 1999 est encore éloigné, les observateurs politiques suivent attentivement la situation.

Criminalité et violences

La soudaine éruption de violence à Mmankgodi, au cours de la seconde semaine d'avril, à propos de la disparition d'une fillette de 5 ans, Basadibothle Mokgotla, a fait apparaître au grand jour l'antipathie croissante à l'égard du gouvernement. Les habitants de ce petit village, situé à quelque 25 km au sud-ouest de la capitale Gaborone, se sont déchaînés dans la nuit du 12 avril et ils ont incendié presque tous les bâtiments publics du village.

Personne n'a pu expliquer le lien entre la disparition d'une bambine et l'incendie de biens appartenant au gouvernement, dont deux écoles, un tribunal local et des maisons appartenant à des employés de l'Etat. Il est évident que là-dessous il y avait plus que ce qu'il n'y paraît.

Une affaire similaire s'était produite en 1995 à Mochudi, un village à 40 km au nord de Gaborone, à la suite du meurtre horrible, prétendûment rituel, d'une écolière de 15 ans, Sekgamese Mogomotsi. Le corps de la jeune fille était mutilé et certaines parties avaient disparu. On accusa son père, ainsi que quelques hommes d'affaires locaux d'être liés à ce meurtre; mais plus tard, ils furent relâchés pour insuffisance de preuves. On avait aussi fait appel à Scotland Yard, du Royaume uni; mais après deux ans, le pays attend toujours le rapport. Lors d'une réunion avec des étudiants universitaires - qui ont fait de la publication du rapport une priorité de leur agenda politique - le ministre des Affaires présidentielles, Potshenigo Kedikilwe, a déclaré que le gouvernement n'est pas pressé de publier le rapport.

Ce qui a surpris tout le monde lors des événements de Mochudi, c'est la façon dont les étudiants de l'université du Botswana ont protesté contre le meurtre: ils ont fait une marche pour présenter une pétition au Parlement; au cours de la marche, a explosé au centre de la ville une émeute spontanée qui visait aussi certains édifices publics.

Chômage

Le chômage aussi est devenu un sujet d'inquiétude. Avec un taux de chômage de plus de 21% dans un pays déjà peu peuplé, le gouvernement a dû réprimer un ou deux incidents dus à une agitation violente parmi les employés; incidents peu importants mais néanmoins significatifs.

Il y a environ deux ans et demi, un Chinois a été grièvement blessé au cours d'une bagarre entre des demandeurs d'emploi locaux et la police, devant le bureau du commissaire du travail. Les habitants demandaient de ne plus accorder de contrats à des compagnies chinoises qui ont obtenu la plupart des contrats publics de ces six dernières années.

Les Chinois sont connus pour leurs prix très bas qui leur permettent de remporter presque tous les contrats. Ils sont aussi connus pour n'employer que leurs propres nationaux, même pour des emplois qui n'exigent pas de formation, enlevant ainsi à la population locale la possibilité de trouver un emploi malgré le boom des constructions.

L'opposition, qui a souvent tiré profit du chômage, continue à faire miroiter la perspective de l'emploi au cas où ils arriveraient au pouvoir. Cela force le gouvernement à rester sur ses gardes. Le vice- président Festus Mogae, qui est aussi ministre des Finances et du Plan de développement, rappelle sans cesse au pays que le programme actuel du gouvernement est ce qu'il y de mieux pour la nation. On pronostique que Mogae, un économiste internationalement reconnu et respecté, succèdera au président Katumile Masire.

Faction dissidente

La rumeur court qu'il y a de grandes chances pour qu'une faction politique se sépare du Parti démocratique du Botswana (BDP, au pouvoir). Selon des rapports non confirmés, un groupe de militants, qui depuis cinq ans a essayé de réformer de l'intérieur la machinerie du BDP, en a assez, et serait prêt à faire bande à part. Parmi eux, il y a, dit-on, un certain nombre d'intellectuels et d'importants hommes d'affaires locaux. Si ce nouveau parti voit le jour, cela porterait à 11 le nombre de partis politiques.

Un de ces personnages publics, intellectuel et respecté, est Lepetu Setchwaele, l'actuel directeur général du Centre national de productivité du Botswana (BNPO). Il a travaillé sept ans pour le Programme de développement des Nations unies (UNDP) à Addis-Abeba (Ethiopie).

Comme le Botswana est géographiquement proche de pays qui ont connu des "élections du changement", tels que l'Afrique du Sud, le Malawi, la Namibie, la Zambie et même le Mozambique, le moment est certainement venu de prendre le pouls de la nation. Les Botswanais se doivent de déterminer leur propre avenir. Dans cet ordre d'idées, le gouvernement a lancé l'année passée "Vision 2006" une enquête nationale pour déterminer quel sera l'avenir du Botswana dans les 20 prochaines années.

END

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE

PeaceLink 1997 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement