ANB-BIA SUPPLEMENT
ISSUE/EDITION Nr 325 - 01/06/1997
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Afrique du Sud
Actualisation
by Ashley Green-Thompson, Afrique du Sud, mai 1997
THEME = POLITIQUE
INTRODUCTION - L'auteur expose sa théorie:
l'Afrique du Sud est
toujours un des pays africains ayant les meilleures chances de
réussite
PARTIE 2/2
Commerce international
Sur le front régional, la position de l'Afrique du Sud
paraît nettement plus positive. Le ministre du
Commerce et de l'Industrie a engagé le gouvernement dans
une politique commerciale qui bénéficie à
l'Afrique australe dans son ensemble. Le développement
économique de l'Afrique du Sud ne peut aller sans le
développement de toute la région. Un exemple de
cette politique: une super-autoroute reliant Johannesburg et
Maputo. Cet engagement ne semble cependant pas partagé par
les compagnies privées qui voient de grandes
perspectives dans les marchés récemment
ouverts. Les militants des communautés et les
commentateurs dans les pays voisins se plaignent du déluge
de produits sud-africains
déferlant sur leurs comptoirs, trop souvent au
détriment des producteurs locaux. L'Afrique du Sud a
l'économie de loin la plus importante et la plus
développée de la région et la tentation de
tirer avantage de cette situation pourrait se faire trop forte
pour qu'on puisse y résister.
Au niveau mondial, l'Afrique du Sud a récemment
signé la Convention de Lomé, qui offre des
conditions de commerce favorables aux pays d'Afrique, des
Caraïbes et du Pacifique dans leurs transactions avec
l'Union Européenne. Cependant, la participation est
limitée et une grosse partie de produits agricoles comme
le vin sont exclus de l'accord.
L'importance de cet accord semble s'estomper. Comme des liens
commerciaux se nouent avec de nouveaux pays, le monopole dont
l'Europe jouissait à l'égard des produits sud-
africains diminue.
Développements politiques
Malgré tous ces problèmes, le Congrès
national africain (ANC) maintient toujours fermement le
contrôle sur le pays. La stabilité politique
doit compter comme une des réalisations du gouvernement.
La violence politique a disparu, avec l'exception notable du
KwaZulu Natal. La tension qui règne entre l'ANC et le
Parti de la liberté (IFP) du ministre de
l'Intérieur Gatsha Buthelezi continue à
saper le développement économique d'une
région touristique qui pourrait être la plus
lucrative de tout le pays. Il semble que la lutte se situe au
niveau du contrôle de la circonscription électorale,
en majorité rurale, base de soutien de l'IFP. Aux
dernières élections gouvernementales locales, l'ANC
a remporté nettement les élections dans les villes
de cette province gouvernée par l'IFP, laissant l'IFP
à ses réflexions sur son avenir en 1999. Les
relations entre l'ANC et l'IFP continuent à être
source de
problèmes, malgré le fait qu'en deux occasions le
ministre Buthelezi a été installé comme
président en fonction.
Les Eglises
Alors que les inimitiés politiques naturelles continuent
à caractériser les partis politiques, les Eglises
sud-africaines développent de meilleures relations avec
l'Etat. La Conférence des évêques catholiques
a récemment créé un bureau de liaison
parlementaire comme le Conseil sud-africain des Eglises en a
déjà un. Tout en admettant que le gouvernement et
l'Eglise ne seront pas toujours d'accord, le potentiel de
coopération et l'espace pour y arriver dans des domaines
tels que les Affaires étrangères sont en
progression.
Elections
L'ANC va vraisemblablement remporter une nouvelle
majorité, encore que plus réduite, aux
élections nationales et provinciales de 1999. Le vice-
président Thabo Mbeki sera le successeur de
Mandela, c'est un fait. Mais la question qui est sur toutes les
lèvres est de savoir qui sera le vice-président de
Mbeki. Le président national de l'ANC et chef du parti
KwaZulu Natal, Jacob Zuma, est
considéré comme le plus proche de Mbeki par son
mode de pensée. Quoi qu'il en soit, on s'est rendu compte
que Mbeki n'engage que des personnes qui pensent comme lui et ne
porteront pas ombrage à son autorité. Zuma
correspond à ce profil et cela pourrait ne pas le faire
apprécier par les fidèles du parti. Le Premier
ministre de la province de Gauteng, Tokyo Sexwale, reste
dans la compétition mais donne l'impression de n'avoir pas
beaucoup de substance. On le considère comme un populiste
sans réelle vision politique. Joel Netzhitenze,
conseiller de Mbeki, pourrait aussi figurer dans la course bien
que son profil bas pourrait l'écarter de la
compétition.
Mais c'est Matthews Phosa, Premier
ministre de la province de Mpumalanga et chef du
département juridique de l'ANC qui se détache en
tête. Jeune, ambitieux et
réussissant assez bien à gouverner sa riche
province touristique, il apparaît de plus en plus comme le
principal porte-parole de l'ANC sur beaucoup de sujets
controversés. Il a le charme populaire d'un Tokyo Sexwale
qui agira comme repoussoir de l'image plutôt terne de Mbeki
et il obtient de bons résultats dans le parti.
Winnie Mandela - Même si l'Afrique du Sud ne paraît
pas prête à voir une femme à la barre, il ne
faut pas perdre de vue l'ex-épouse du président
Mandela, Winnie Madikizela. Elle a rebondi de
l'adversité et de sa mise à l'écart de l'ANC
par sa réélection comme présidente de la
Ligue des femmes de l'ANC, un groupe influent au sein du parti
au pouvoir. Elle s'est manifestée comme soutien pour les
communautés les plus pauvres -ce qui est toujours une base
de pouvoir significative à l'ANC. Alors que les hauts
dirigeants de l'ANC préféreraient ne pas avoir
affaire avec elle (ils sont souvent embarrassés par ses
manières directes et carrées ainsi que par
certaines de ses affaires et activités politiques
louches),
Madikizela-Mandela, en tant que chef de la Ligue des femmes,
occupera un siège au comité exécutif
national, l'organe de prise de décision du parti le plus
élevé des congrès nationaux.
Bantu Holomisa - L'ANC pourrait aussi être
embarrassé par un de ses fils, l'ancien membre du cabinet
Bantu Holomisa. Expulsé pour insubordination et ayant
jeté le discrédit sur le parti, l'ancien dictateur
du homeland est un autre homme politique populaire parmi les
communautés marginales. Bien des gens se rendent compte
qu'il a été expulsé pour avoir
dévoilé la corruption au sein de l'ANC et il
utilise cette sympathie populaire pour lancer son propre parti
politique. Le mécontentement dû au retard mis
à
concrétiser les promesses électorales et le fait
que les élections de 1999 seront mieux
préparées par l'information et moins
émotionnelles, pourraient entraîner des pertes
significatives de votes
traditionnellement ANC au profit du nouveau parti.
F.W. de Klerk - F.W. de Klerk, par ailleurs, lutte pour sa
survie politique et celle de son parti. De récents
scrutins montrent que le soutien traditionnel du Parti national
s'érode des deux côtés de l'éventail
politique. De Klerk présente sa nouvelle optique comme
créant une opposition de "centre" àl'ANC,
mais l'électorat n'y mord pas. Le passé de
l'apartheid est trop violent et trop récent pour que les
gens et en particulier les Noirs puissent pardonner et aucun
autre parti ne semble intéressé par une alliance.
Mais de Klerk doit continuer, ne fût-ce que pour maintenir
la cohésion du parti. Personne d'autre n'a sa stature,
aussi petite soit-elle, et sans lui le parti se
déchirerait. L'Afrique du Sud pourrait voir émerger
une nouvelle opposition en 1999 et ce ne sera pas le Parti
national.
Conclusion
L'Afrique du Sud a encore un long chemin à
parcourir avant de pouvoir s'appeler une démocratie. Les
concepts de base de respect de la vie et de la dignité
humaine sont encore trop frais dans l'esprit de la nation pour
qu'ils puissent avoir un plein impact sur la
société. Il y a toujours une
inégalité criante et le niveau de pauvreté
semble s'élargir de jour en jour. Mais l'horizon
paraît beau. La nouvelle Constitution et la présence
de dirigeants politiques qui semblent pouvoir mener le pays vers
le nouveau millénaire sont de bon augure pour les
générations futures. On peut sans crainte affirmer
que l'Afrique du Sud est toujours un des pays d'Afrique ayant les
meilleures chances de réussite.
END of PART 2/2
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