by Evaristus C. Fonkah, Cameroun, mars 1997
THEME = FEMMES
Aujourd'hui, si le Camerounais moyen s'en tient toujours à certaines de ces idées, les femmes ont changé. Une Camerounaise veut travailler dehors, comme ses soeurs du reste du monde, et garder son emploi, même quand elle a des enfants. Un conflit s'installe alors, l'homme tenant jalousement à son passé autoritaire, et la vie devient difficile.
Ce n'est plus comme dans le passé. La femme est préparée à exercer différents métiers, et beaucoup de Camerounaises, fort instruites, peuvent se débrouiller dans la plupart des situations. Elles quittent l'école avec de grandes idées et de belles espérances, prêtes à se battre pour mettre leur formation en pratique. Elles veulent coopérer à la construction du pays.
Pour une Camerounaise c'est encore beaucoup plus difficile - non parce qu'il n'y a pas de travail ou parce qu'elle n'est pas qualifiée pour occuper correctement un emploi; mais simplement parce qu'elle est femme! C'est là son problème.
Pour des professionnelles hautement qualifiées, comme les avocates, les médecins et les administrateurs, il y a plus de chances. Avec leur formation, elles peuvent devenir fonctionnaires. Celles qui n'ont pas cette chance (et c'est la majorité) doivent s'orienter vers des emplois de secrétaires, de réceptionnistes, d'enseignantes, d'infirmières, avec un traitement pas très élevé: environ $US 160 par mois.
Le transport. Aller au travail et en revenir peut absorber au moins un tiers du salaire de la femme. Et, comme elle n'a probablement pas de moyen de déplacement propre, elle est totalement dépendante du lamentable système de transports publics, où on manque de taxis, de bus, et d'infrastructures connexes.
Les enfants. Quand une femme a des enfants, elle est tiraillée entre deux options: continuer à travailler ou rester à la maison pour s'occuper des enfants. Si elle choisi de travailler, elle doit payer une baby sitter, et cela coûte de l'argent - jusqu'à la moitié de son salaire.
Le manque de crèches convenables. Une mère qui travaille pourrait recourir à une garderie pour enfants; mais le petit nombre de crèches ne peut absolument pas répondre à la demande actuelle. De plus, les services fournis sont de si piètre qualité qu'elles ne sont utiles ni à la mère ni à l'enfant.
Cela signifie que la Camerounaise moyenne qui travaille dépense souvent plus qu'elle ne gagne, et que donc elle a besoin de l'aide de son mari pour joindre les deux bouts d'un jour de paie à l'autre. Et alors les choses vont de mal en pis.
Un mari autrefois tolérant commence à froncer le sourcil, et finalement les choses tournent à l'aigre. Il oublie que l'argent que rapporte sa femme, pour minime qu'il soit, allège une charge écrasante; et il voit que sa femme ne se trouve pas là où elle devrait. Quand il revient du travail, il s'assied dans le living, allonge les jambes et passe son temps à lire le journal, et à fulminer parce qu'on ne s'occupe pas des enfants. Entre-temps, sa femme essaie de préparer le dîner, veille à ce que les enfants aient des vêtements propres pour aller le lendemain à l'école et les aide à faire leurs devoirs.
Si vous demandez à certains de ces hommes pourquoi ils ne veulent pas laisser travailler leurs épouses, beaucoup vous répondront que la femme est destinée à rester à la maison, s'occuper de sa famille, élever les enfants, et veiller à ce que la maison soit bien en ordre. D'autres diront peut-être que quand la femme travaille elle prend une "allure indépendante".
On dirait vraiment que les hommes du Cameroun ont encore beaucoup à apprendre.
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