ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 327 - 01/07/1997

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Afrique

Le bricolage des Constitutions

by Mwange Kauseni, Botswana, juin 1997

THEME = POLITIQUE

INTRODUCTION

Dans le monde, beaucoup de pays sont fiers de la stabilité et de l'intangibilité de leur Constitution.
Ce qui n'est pas le cas dans un certain nombre de pays africains...

"Bricoler" la Constitution est désormais devenu une chose très ordinaire pour les politiciens africains. Parmi les exemples les plus récents on peut citer le Nigeria, le Libéria, le Burundi, le Soudan, la Sierra Leone, le Congo ex-Zaïre et, dernièrement, la Namibie.

Rester au pouvoir semble être devenu une obsession, comme ce fut le cas de l'ancien dictateur du Malawi, Hastings Banda, qui s'est accroché au pouvoir jusqu' à sa vieillesse, même quand il n'était plus en pleine possession de ses facultés et qu'il ne tenait presque plus debout!

On dirait que des dictateurs méprisables s'amusent à rafistoler la Constitution ou à la suspendre, uniquement pour continuer à dominer. Et, ce qui est le plus triste dans l'affaire, on dirait que l'Occident préfère cette solution à un coup d'Etat militaire.

Peu de citoyens africains connaissent la Constitution de leur pays et comment l'utiliser. Et même quand un gouvernement établit une "Commission pour la révision de la Constitution", comme en Zambie en 1991, lors du changement de gouvernement, les suggestions de l'homme de la rue ne comptent pour rien: c'est le pouvoir en charge qui détermine les modifications importantes de la Constitution.

Le président de la Namibie, M. Sam Nujoma, est désormais à la fin de son deuxième mandat présidentiel de cinq ans et, semble-t-il, il est sur le point d'en entamer un troisième. Le Parlement, où le parti au pouvoir jouit d'une majorité de 60%, est prêt pour cela à amender la Constitution. Et qui est-qui l'empêche ensuite d'accepter un quatrième ou même un cinquième mandat?

Le président ougandais, M. Museveni, ne doit même pas se faire du souci pour une majorité au Parlement, car il s'est doté d'un "Parlement sans partis", dans lequel les politiciens peuvent obtenir une place à titre personnel. Le fait est que bon nombre de leaders africains veulent tout façonner selon leurs propres caprices et fantaisies.

La République démocratique du Congo en est un bon exemple. Non seulement le pays a été rebaptisé, les édifices publics ont reçu un nouveau drapeau et l' équipe nationale de football un nouveau nom, mais on a promis une nouvelle Constitution à la nation qui - et ça c'est vraiment ridicule - doit abandonner le français pour apprendre l'anglais...

On se demande s'il y a des exceptions, s'il est possible que quelques Etats africains puissent se doter d'une Constitution désintéressée, fière de résister à l'épreuve du temps? Il semble bien que non...

END

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