by Stan Dongo, Zimbabwe, 17 mars 1997
THEME = ECONOMIE
La saga a débuté l'an dernier quand le président Mugabe est intervenu dans la décision de l'Office des soumissions du gouvernement (GTB) qui accordait à une compagnie suédoise, Ericsson, recommandée par les Postes et Télécommunications, l'adjudication pour la réalisation du réseau "Net One Cellular Network". Le contrat est finalement allé à la firme allemande Siemens International.
L'annulation de l'adjudication à Ericsson a fait sourciller dans les firmes locales de l'industrie de technologie cellulaire et provoqué des protestations dans les cercles internationaux, même aux Etats-Unis, qui se plaignaient du manque de transparence de la part du gouvernement.
Le président a rejeté également les soumissions pour la centrale thermo-électrique Hwange, une centrale à charbon produisant de l'électricité pour le Zimbabwe. Il a brutalement annulé la décision de l'office des soumissions qui proposait une liste de six compagnies européennes et d'une compagnie américaine, et l'adjudication est allée à une compagnie malaise, YTL, la dernière de la liste. YTL a actuellement 51% d'intérêts dans Hwange.
Des experts locaux en électricité ont fait valoir que la compagnie malaise n'était pas la meilleure, si on la comparait avec certaines compagnies occidentales. Comme l'opposition aux choix du président s'intensifiait, Mr Mugabe a renvoyé tout le personnel du GTB et a désigné de nouveaux membres.
Il y a aussi le cas du vice-président Joshua Nkomo qui a menacé de démissionner à cause de l'incident connu maintenant comme l'"affaire Masiyiwa". Le vice-président avait clairement prescrit à Mme Joyce Mujuru, ministre de l'Information, d'accorder à un homme d'affaires local, Mr Strive Masiyiwa, une licence pour élaborer un projet de téléphone cellulaire. Mme la ministre a fait exactement le contraire et a accordé la licence, au mois de mars, à Telecel, une entreprise basée au Zaïre (actuellement Congo), ne tenant absolument pas compte des instructions données par Mr Nkomo, en sa qualité de président en fonction en l'absence de Mr Mugabe.
Après un premier voyage en Allemagne en 1992, Masiyiwa était le premier Zimbabwéen noir à acquérir et à assembler un équipement moderne, en vue de lancer le premier service de téléphonie cellulaire.
Le gouvernement fut pris au dépourvu quand Masiyiwa, avec son réseau de communication amélioré, a commencé à exercer une pression sur les autorités pour obtenir une licence d'exploitation. Le Dr Nkomo, un vieux nationaliste, a publiquement manifesté sa colère parce que la jeune ministre avait apparemment passé outre à ses instructions. Mme Joyce Mujuru jura qu'elle n'avait jamais vu la directive et était allée de l'avant sur "ce que le gouvernement avait accepté auparavant". Elle ajouta: "Je veux dire au pays que je suis une militaire entraînée. Je comprends les ordres. Je suis disciplinée quand il s'agit d'ordres. La procédure que j'ai adoptée pour accorder l'adjudication suivait les directives venues des bureaux du cabinet et du président". Inutile de dire que le Dr Nkomo était furieux: "On ne fait pas ce genre de choses dans notre pays".
Entre-temps, en France, Mr Mugabe disait à des reporters que son gouvernement allait participer au marché du téléphone cellulaire: "C'est une industrie sensible et nous ne pouvons nous permettre de nous laisser intimider par qui que ce soit".
Selon les analystes, la réaction de Mr Mugabe est une nette rebuffade à l'égard de Mr Nkomo qui avait abandonné la présidence de son parti, le Front patriotique-Union du peuple africain du Zimbabwe, pour former un gouvernement d'unité nationale avec Mr Mugabe, en 1987.
Et un dernier exemple de l'"ingérence présidentielle". Leo Mugabe est le neveu du président Mugabe. Il vient d'obtenir l'adjudication pour la construction du nouvel aéroport international de Harare dont la première pierre a été posée par le président. Les travaux doivent
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