ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 327 - 01/07/1997

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Tchad

La paix des braves

by Djobaye Mbangdoum, N'Djamena, Tchad, mai 1997

THEME = POLITIQUE

INTRODUCTION

Depuis le 18 avril dernier, le gouvernement tchadien et la rébellion sudiste fument ensemble le calumet de la paix.
Une paix chèrement acquise, aboutissement d'une longue période d'âpres et rudes négociations.

C'est le chef-lieu du Logone occidental, Moundou, ville natale du coordinateur des FARF (Forces armées pour la République fédérale), située à quelque 600 km de la capitale N'Djamena, qui a servi de cadre à la cérémonie solennelle de signature du protocole d'accord de paix. Jamais Moundou, deuxième ville et centre économique du Tchad, n'avait vécu un tel événement, rehaussé par la présence du Premier ministre tchadien, Djimasta Koïbla, et les ambassadeurs des pays voisins et amis. "Dame pluie" elle aussi était présente à la fête. Et par conséquent, comme il est de tradition chez nous, au Tchad, que la pluie est signe de bénédiction, l'accord de paix que viennent de signer les protagonistes est béni de Dieu. On ne peut que se réjouir d'un tel présage; après tout, c'est cela aussi l'Afrique des Africains.

Seulement, l'application des termes de l'accord de paix donne tout de même matière à réflexion. Il comporte sept points, notamment: un cessez-le-feu, une amnestie générale, la formation et l'insertion des éléments des FARF dans la vie active, la participation de certains responsables du mouvement politico- militaire à la gestion de la chose publique. Cette volonté commune des uns et des autres de faire la paix se traduira-t-elle en actes concrets, c'est-à-dire l'application immédiate des points contenus dans le document? Les précédents accords de paix signés entre le gouvernement et les rebelles (dits "Codos", selon la terminologie tchadienne) ont tous plus ou moins capoté, à cause du manque de moyens financiers qu'évoquent si souvent les tenants du pouvoir.

La fin des hostilités dans la région méridionale du pays est un acte hautement salutaire et libérateur pour les populations de cette zone, où les gens ont tant souffert. Durant plus de dix ans, ils ont vécu les plus dures humiliations: rackets, viols, bastonnades, tueries..., forfaits commis tant par l'armée régulière que par les "Codos". Ces populations reviennent donc de loin, de très loin. Elles aspirent désormais à la quiétude, à la paix, la vraie, pour pouvoir enfin vaquer librement à leurs occupations quotidiennes, travaux champêtres, petit commerce, etc.

Reprise des activités économiques

Cette partie du sud du pays, longtemps étouffée économiquement, va devoir reprendre normalement ses activités. La culture du coton, qui constitue avec l'élevage l'essentiel de l'économie du pays, avait été interdite par les rebelles. Il n'y avait que les plus téméraires qui osaient braver cette interdiction. Mais à quel prix? Aujourd'hui, il y a des raisons d'espérer. Les dirigeants de ce pays, qui font de la démocratie leur cheval de bataille, entendent instaurer au Tchad un Etat de droit. Un Etat dans lequel les citoyens pourront jouir de toutes les libertés sans être inquiétés. Le régime en place n'a pas intérêt cette fois à violer les termes de l'accord de paix. Une entorse au dit document lui serait préjudiciable, voire même fatale.

Tout le monde sait en effet, que le pouvoir de N'Djamena tient absolument à l'exploitation de l'or noir dans la région de Doba, chef-lieu du Logone oriental, à 100 km de Moundou. Le pétrole tchadien verra le jour, semble-t-il, en l'an 2000. A cet effet, un accord cadre a été signé l'année dernière entre le Tchad et le Cameroun pour le traitement du brut. Les débuts des travaux pour la construction de 1.000 km de pipeline, allant de Komé (au Tchad) à Kribi (au Cameroun) sont très attendus par les populations des deux pays qui y voient un ultime espoir de trouver du travail.

Le consortium pétrolier et les investisseurs, grâce à cet accord de paix, vont pouvoir prendre des initiatives. Feu vert en a été donné par Laokein Frisson Bardé, coordinateur des FARF, dans une petite phrase, très importante: "La paix, nous l'avons faite sincèrement. La balle est dans le camp du gouvernement, plus précisément dans les mains du président Idriss Déby". Autrement dit, pour les rebelles sudistes plus de problèmes d'insécurité. Nous osons croire que ce n'est pas une parole en l'air.

END

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