ANB-BIA SUPPLEMENT
ISSUE/EDITION Nr 328 - 15/07/1997
CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE
Afrique
Le virtuel au chevet des universités
by Yacinthe Diene, Dakar, Sénégal, 20 avril
1997
THEME = EDUCATION
INTRODUCTION
Une trentaine d'universités (anglophones et
francophones)
font appel à la technologie de pointe pour
entrer de plain-pied dans le 21e
siècle.
Au siècle prochain, l'enseignement supérieur (ES)
sera complètement différent de ce qu'il est de nos
jours, car l'environnement économique, social, culturel et
technologique sur lequel il fut fondé connaîtra des
mutations profondes. D'ores et déjà les
autorités académiques et les experts africains ont
cerné les enjeux et les défis, pour
préparer le futur et entrer de plain-pied dans le
3ème millénaire.
La Banque mondiale et l'université Cheikh Anta Diop (UCAD)
ont organisé à Dakar, du 7 au 10 avril 1997, un
"Atelier de formation sur l'université africaine
virtuelle" (UAV), au profit des universitaires de 11 pays
africains. Cette rencontre prouve que s'est opérée
une prise de conscience sur la crise dont souffrent la
majorité des universités africaines. Pour ne pas
être marginalisées sur le plan scientifique et
technique, 13 universités de l'Afrique de l'Est sont
déjà connectées à l'UAV, tandis que 17
autres francophones le seront à la rentrée
universitaire prochaine.
Les bienfaits du virtuel
L'UAV est une innovation dans l'espace universitaire, une
démarche nouvelle parmi tant d'autres pour venir en appoint
aux méthodes d'enseignement traditionnelles. Elle constitue
un instrument privilégié de la mondialisation
universitaire en cours, et un relais pour le maillage en
réseau ou en pôle des universités
africaines.
De l'avis du prof. Souleymane Niang, recteur de l'UCAD,
"l'UAV est un outil important qui peut permettre
à l'UCAD d'assurer la mobilité visuelle des
étudiants et des enseignants". Aucune
université en effet, fût-elle la plus prestigieuse, ne
pourrait être autonome, car la coopération inter-
universitaire en matière de recherche est
irremplaçable. Pour les décideurs, cette nouvelle
forme d'enseignement à distance est un moyen efficace pour
inverser le sens unilatéral de la coopération
universitaire actuelle du Nord au Sud et développer plus
tard les échanges Sud-Sud, et pour améliorer la
formation du plus grand nombre d'étudiants, accroître
les effectifs et la qualité de l'enseignement
supérieur, dans lesquels l'Afrique accuse un grand
retard.
Ce double constat fera dire à Mr. Edward Joycox, ancien
vice-président et actuel conseiller du président de
la Banque mondiale, lors d'un point de presse, que l'UAV permettra
à l'Afrique de faire un bond en avant. Le continent doit
tout faire pour ne pas rater l'occasion. Avec cet enseignement
virtuel, les initiateurs du projet entendent aller au-
delà des limites physiques et géographiques des
universités.
D'abord, le cours d'un professeur, enregistré dans une
quelconque université, peut être suivi
simultanément en Europe, aux USA, en Asie, en Afrique,
ou partout ailleurs dans le monde. Les étudiants, de leur
côté, peuvent entrer en communication directe avec le
dit professeur, quelle que soit la distance qui les
sépare.
Ensuite, les étudiants et les professeurs auront la
possibilité d'accéder à un nombre
important de bibliothèques, et en consulter les ouvrages
et les documents sans télescopage ou substitution de page ou
de chapitre comme c'est souvent le cas.
Les réserves émises
L'UAV n'est pas un nouveau réseau à créer,
mais une mise à contribution de la technologie et du
réseau internet déjà existants, pour
répondre aux besoins des universités africaines. Ce
système de télé-enseignement vise, dans ses
objectifs principaux, à combler le retard des
universités du continent, en offrant les meilleures
conditions possibles d'enseignement supérieur, en
collaboration avec les méthodes d'enseignement
traditionnelles.
Les autorités académiques du continent ont
répondu favorablement à l'appel de la Banque
mondiale, car l'enseignement à distance est devenu une
nécessité pour toute institution d'enseignement
supérieur soucieuse de former ou de placer ses
étudiants au top niveau de la connaissance et du savoir-
faire.
Cependant, cette acceptation n'est pas sans réserve de la
part des universités africaines qui n'ont pas
été associées à l'étude du
projet. L'atelier de formation à Dakar a suscité
certaines recommandations, pour que l'UAV s'intègre
harmonieusement dans les différents systèmes
éducatifs des pays récepteurs, car dans un premier
temps les cours seront dispensés depuis les
universités occidentales. En particulier, on a
demandé que:
===> l'UAV soit complémentaire, et non concurrente,
à l'université réelle pour combler les
insuffisances du système traditionnel qui se trouve dans une
passe difficile;
===> les programmes soient dotés de modules permettant le
développement des structures, et le perfectionnement
des étudiants ou des professeurs par la maîtrise
concrète des technologies de pointe;
===> que les coûts des équipements et les
droits d'inscription soient à la portée des
universités et des familles africaines moyennes qui
connaissent des difficultés budgétaires; et cela pour
que le projet ne soit pas limité à une certaine
élite;
===> que des mesures d'accompagnement soient mises en place pour
éviter un enseignement supérieur à deux
vitesses: les étudiants inscrits à l'UAV et les
autres inscrits en faculté;
===> que les chercheurs africains s'attellent à
produire des travaux scientifiques de qualité, de sorte que
leurs collègues du nord viennent en quête
d'information et qu'eux-mêmes ne soient plus les seuls
demandeurs.
Le virtuel fait donc son entrée dans l'enseignement
supérieur en Afrique grâce au concours de la Banque
mondiale. Désormais, l'enseignement supérieur occupe
une place de choix sur les autoroutes de l'information.
Dès lors, la balle est dans le camp des chercheurs qui se
doivent de prouver leur capacité à contribuer au
développement de l'Afrique et d'exhumer tous les travaux -
thèses, mémoires ou autres - , pour les mettre sur
tous les réseaux existants. L'UAV semble être un
passage obligatoire.
END
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