ANB-BIA SUPPLEMENT - ISSUE/EDITION Nr 330 - 15/09/1997

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ISSUE/EDITION Nr 330 - 15/09/1997

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Guinée

Rétablir la confiance

by Alexis Gnonlonfoun, Cotonou, Bénin, 20 août 1997

THEME = POLITIQUE

INTRODUCTION

Des divergences profondes apparaissent depuis plusieurs mois au sein de l'armée.
Elles s'expriment encore aujourd'hui par la grogne...

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Des bruits de bottes se font entendre venant de Sierra Leone, rappelant la rébellion de 1996. Puis un tract menaçant au nom de "l'armée guinéenne", et dont les auteurs ne sont pas identifiés, circule à Conakry et à l'intérieur du pays. Signe que les feux de la dernière rébellion ne sont pas complètement éteints. La dernière fois que les militaires avaient eu recours à cette pratique, c'était en février 1996. En effet, de toutes les éruptions de fièvre qui ont secoué la Guinée ces derniers temps, l'épisode de la tentative de coup d'Etat des 2 et 3 février 1996 fut le plus significatif: pendant plusieurs jours, Conakry a vécu dans la rue, en proie à l'émeute.

Aujourd'hui, de sources concordantes, on parle d'une ambiance tendue dans les casernes. Les rumeurs vont bon train. N'importe qui accuse tout le monde. On ressort de vieilles histoires jamais élucidées, des affaires énormes de corruption, de trafics d'armes. Aux désirs belliqueux d'une frange de militaires, une tendance plus modérée, mais dont on ignore encore le degré d'influence, répond par un appel à la négociation. Nul doute que les partisans de cette seconde voie ont perçu quelque chose de suicidaire dans la stratégie de certains, à laquelle le gouvernement n'hésiterait pas à répondre par la répression. L'armée veut-elle encore récidiver?

Une situation "sérieuse" mais pas "critique"

Rappelons que des revendications salariales de la part des militaires étaient à l'origine des troubles sanglants de février 1996, qui ont fait en deux jours une cinquantaine de morts à Conakry. Ces troubles, transformés en tentative de coup de force, avaient contraint le président Lansana Conté à signer un accord de paix avec les rebelles avant de pouvoir reprendre les choses en main.

Pour l'instant, aucune communication "officielle" n'a fait cas de ce qui se trame, car "le gouvernement n'entend pas régler les problèmes quotidiens par la force des armes". Le processus de paix est irréversible et incontournable, déclarent les milieux gouvernementaux, qui indiquent cependant que la nouvelle situation est "sérieuse, mais pas encore critique".

On sait que Lansana Conté est connu de certains de ses interlocuteurs pour transformer une conversation en épreuve d'endurance, au cours de laquelle il prend tout le loisir de les étudier sans se découvrir lui- même. "Sous un ton égal affleure parfois l'ironie, car il a le sens pragmatique du combat", laissait entendre un diplomate à Conakry. Mais comment juge- t-il les bruits de bottes annoncés? Ne les appréciant pas, son entourage pense qu'il leur accordera l'attention nécessaire parce qu'il ne veut point se laisser distraire.

Mais, en dehors de certains militaires qui veulent semer encore la panique - et qu'on appelle à Conakry "les égarés des casernes" - , la coalition de l'opposition déclare qu'elle est prête à la guerre. Pour elle, ce n'est pas le moment de baisser le ton, quand on sait que quatre opposants ont été condamnés, en juin dernier, à deux ans de prison ferme pour violence et voies de faits.

L'ennui est que le président Conté écoute ce discours en souriant. Car, la violence, il n'en veut pas. C'est insupportable. Or, la coalition de l'opposition s'interroge et se demande "pourquoi elle devrait subir éternellement sans riposter". Déjà, l'opposition toute entière est bouleversée en apprenant qu'après douze ans de pouvoir le général Conté veut se représenter à l'élection présidentielle de 1998. Cette simple nouvelle fait autant d'effet en politique que l'annonce d'un cancer dans une vie personnelle.

La date exacte de la présidentielle n'a pas encore été fixée. Investi candidat du PUP (Parti de l'unité et du progrès, au pouvoir), le président Lansana Conté devient ainsi le premier candidat déclaré ayant annoncé les couleurs à cette élection.

Comme la politique est l'art du compromis, il lui faut en tous cas rétablir la confiance dans les institutions et l'avenir, afin que des retours brutaux et sanglants ne reviennent pas encore à l'actualité.

END

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