by Emmanuel Kunda, Lusaka, Zambie, avril 1997
THEME = MEDIAS
Dans leur condamnation du projet sur le Conseil des médias (que, depuis lors, le gouvernement a retiré), les journalistes de l'Union zambienne des journalistes (ZUJ), l'Union de la presse du Commonwealth (CPU), l'Association de la presse de Zambie (PAZA), l'Association des médias féminins de Zambie (ZAMWA), l'Association des médias indépendants de Zambie (ZIMA) et le Centre de documentation des médias (MRC), ont été rejoints par une série de sympathisants tels que: Femmes pour le changement, Equipe indépendante de contrôle de Zambie, Association zambienne pour l'éducation civique, Association des juristes de Zambie, et Afronet (une organisation des droits de l'homme).
"Nous nous engageons à poursuivre la lutte contre cette mauvaise loi jusqu'à ce qu'elle soit retirée. Nous luttons pour la survie du journalisme et de la démocratie en Zambie", proclame Robby Makayi, président du comité de liaison mis sur pied de toute urgence. "Nous faisons appel à tous les journalistes pour qu'ils restent unis et se rallient à cette noble cause. Nous appelons aussi tous les Zambiens et toutes les autres forces démocratiques à nous rejoindre dans ce juste combat."
Selon le projet, entre autres choses, tous les journalistes travaillant en Zambie, devraient avoir une autorisation du Conseil des médias avant de pouvoir exercer. Pour obtenir cette autorisation, un journaliste devrait avoir atteint l'âge de 18 ans et être titulaire d'une licence en Communications, délivrée par une université ou une autre institution reconnue par le Conseil. Ou bien, il devrait avoir suivi des études de deux ans en journalisme ou dans une discipline équivalente.
Selon David Mpamba, ministre de l'Information et de la radiodiffusion, qui a présenté le projet à la population, ce projet est destiné à sauvegarder l'éthique professionnelle du journaliste.
Rejetant le projet de loi, les journalistes disent que c'est une tentative du gouvernement d'imposer aux médias des restrictions archaïques. The Post cite R. Makayi: "En dehors du fait que cette loi nous est imposée, nous sommes opposés à un Conseil des médias organisé par la loi, particulièrement un Conseil qui fait de la liberté de la presse un crime. Les journalistes seront contraints de renoncer à leurs droits au profit de la censure exercée par un organisme désigné par le gouvernement."
The Times of Zambia (avril 97) cite Arlene Render, ambassadrice des Etats-Unis en Zambie. Celle-ci a exprimé l'opposition de son gouvernement à la législation prévue. Dans un échange verbal avec Michael Sata, ministre sans portefeuille, l'ambassadrice a déclaré que les Etats-Unis lutteraient contre toute législation entravant les médias dans leur activité légale. Le président d'Afronet, Olisa Agbakuba, en visite en Zambie, a condamné le projet de loi disant que c'est un pas en arrière dans la démocratie: "Les médias sont un instrument de changement social et ne peuvent pas être supprimés".
Parlant à des journalistes à Kitwe, le secrétaire général de l'Union zambienne des journalistes, Offering Kajimalwendo, a qualifié le projet d'"essai d'intimidation" et de "tentative de réduire les journalistes au silence".
Bien qu'il ait retiré le projet de loi, les journalistes craignent que le gouvernement passe le projet en douce au Parlement, et le fasse voter. Il a déjà usé d'une telle tactique pour la loi sur la terre et celle sur l'amendement de la Constitution, respectivement en 1995 et en 1996. En ces occasions, le gouvernement avait retiré les projets à cause de la désapprobation générale, tout simplement pour les ramener brusquement au Parlement et les y faire voter par surprise.
Makayi met maintenant les gens en garde: "Nous n'allons pas être dupés en silence par ces tactiques éculées. Nous faisons appel aux journalistes, à la population et à la communauté internationale pour qu'ils continuent à réclamer le retrait total de ce projet antidémocratique".
Tout en étant d'accord avec l'Etat sur le fait que certains praticiens des médias indépendants se sont parfois impudemment moqués de l'éthique professionnelle, The Times of Zambia, dans son éditorial du 16 avril, met l'Etat en garde contre la censure. "Imposer des restrictions à la publication, sans égard pour ce que ces restrictions comprennent, est considéré comme de la censure quand cela restreint la liberté d'expression - une liberté fondamentale qui constitue la base de toute démocratie viable". L'éditorial fait appel aux organisations de médias pour qu'"elles veillent rapidement à la mise en place sans autre délai d'un organisme d'auto-régulation, afin d'écarter la menace imminente des sanctions légales".
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