ANB-BIA SUPPLEMENT - ISSUE/EDITION Nr 330 - 15/09/1997

ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 330 - 15/09/1997

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Zimbabwe

Transparence, style Banque mondiale

by Mike Mandebvu, Zimbabwe, 21 août 1997

THEME = AJUST. STRUCT.

INTRODUCTION

La Banque mondiale proclame être plus "ouverte" ("transparente" est le terme choisi) et dit qu'elle consulte la "société civile"
au sujet de la nouvelle étape d'ajustement structurel qui doit être appliquée dans plusieurs pays africains.
Les faits ne corroborent pas cette affirmation

Le dernier document sur la Stratégie de l'assistance au pays (CAS) destiné au Zimbabwe a l'air d'avoir été écrit pour être lu rapidement par des administrateurs très occupés - et tire des conclusions qu'une information plus complète invaliderait. Une partie de cette information plus complète n'apparaît même pas dans le document lui-même.

Information cachée

Par exemple, le document déclare que le Zimbabwe va bien; l'espérance de vie était plus élevée en 1995 (58 ans) qu'en 1980 (56 ans), et le taux de mortalité infantile était plus bas en 1995 qu'en 1980; mais il faut reconnaître que ces deux indicateurs sont moins bons maintenant qu'au début de l'"ajustement" en 1990... La croissance de l'emploi a dépassé le taux de croissance de la population dans les années '90 - c'est vrai; mais cette croissance s'est située dans le domaine de l'agriculture de plantation, où le salaire moyen est égal au minimum légal qui ne permet pas de couvrir le quart des besoins d'une famille.

L'emploi en dehors de l'agriculture a crû dans les années '80 presque aussi vite que la population, mais depuis 1990-1995 cet emploi n'a crû que de 1,3% pour un taux de croissance de la population de près de 15%.

Une récente étude faite par le gouvernement du Zimbabwe sur l'étendue de la pauvreté a des défauts, c'est vrai. Elle sous-estime fortement l'étendue de la pauvreté parmi les fermiers. Le document du CAS rejette donc l'estimation de l'étude selon laquelle 61% de la population est pauvre, répète l'erreur au sujet des fermiers et tire d'on ne sait où ses propres chiffres, 25%.

Le CAS conclut que le Zimbabwe a un bel avenir dans l'agriculture. Bien entendu, il faut que le système de production soit "insensible à la sécheresse" avant la prochaine grande sécheresse et un grand nombre de gens devraient être déplacés de terres pauvres et arides vers de meilleures terres. Il est agréable de constater que la Banque reconnaît la nécessité de réinstaller les pauvres et ceux qui n'ont pas de terres mais malheureusement ce n'est plus là la politique du gouvernement du Zimbabwe et, de toute façon, cela exigerait du gouvernement une intervention sur le marché à un niveau que la banque n'admettrait pas.

Ceux qui ont écrit le document ne devaient pas savoir ce qui est actuellement certain, c'est que la prochaine grande sécheresse se produira vraisemblablement au cours de la saison 1997-1998.

Des bruits ont couru au sujet d'un projet de la Banque mondiale concernant la "désindustrialisation" du Zimbabwe. Cela continue s'il faut en croire ce CAS.

Les ONG

"Transparence" implique de consulter des ONG choisies comme représentatives de la société civile. Malheureusement, de nombreuses ONG ne représentent que leurs donateurs. Celles qui essaient de représenter un public plus large sont moins susceptibles d'accepter l'invitation à une rencontre pour laquelle il n'y a pas d'ordre du jour préétabli. Une de ces rencontres s'est tenue à Addis Abeba en mars, une autre à Abidjan en août.

En vue de la rencontre d'août, on a encouragé les invités à accepter en leur disant qu'on avait invité des personnes, dont on citait le nom, qui, de l'intérieur du Zimbabwe, critiquent l'ajustement structurel, le Dr Ibbo Mandaza, par exemple, directeur de la prestigieuse Série politique et économique d'Afrique australe, ainsi que les maisons d'éditions associées. Ce n'était pas vrai.

Bien qu'on ait vu la liste des invités au bureau local de la Banque mondiale, ce n'est apparemment pas eux qui envoyaient les invitations. Jusqu'ici on ne sait pas qui l'a fait.

Tout cela a l'air d'une tentative de coopter quelques ONG trop crédules pour donner un semblant de crédibilité à l'affirmation de la Banque mondiale qui prétend consulter la société civile alors que ce sont des institutions annexes du gouvernement. C'est vrai, l'Etat a essayé dans un récent passé de trop contrôler mais la société a besoin d'une institution. Si nous nous intéressons au bien-être des plus pauvres et des plus faibles, l'Etat ne peut être mis au rancart, c'est pourtant ce que la Banque mondiale tente apparemment de faire.

END

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