ANB-BIA SUPPLEMENT - ISSUE/EDITION Nr 331 - 01/10/1997

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ISSUE/EDITION Nr 331 - 01/10/1997

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Zambie

La campagne contre les mines terrestres en Afrique

by Felix Kunda, Lusaka, Zambie, août 1997

THEME = ARMES


INTRODUCTION

Au cours des cinq dernières années, la campagne en faveur d'un traité international
interdisant l'usage de mines terrestres a gagné du terrain. Voici l'expérience en Afrique


"Nous n'avons pas vu son corps; nous avons entendu une explosion et, tout de suite après, nous avons vu ses vêtements qui volaient de toutes parts". Alphonsine Urayaneza témoignait de façon émouvante à l'Atelier sur la conscientisation du public en vue d'interdire les mines antipersonnel dans le monde. Elle décrivait comment sa soeur avait été tuée au Burundi en mettant le pied sur une mine.

Melle Urayaneza racontait comment sa soeur et trois autres personnes, après avoir couru longtemps dans la brousse pour échapper au génocide dans leur pays, le Burundi, se croyaient enfin saines et sauves. Tout-à- coup, elles entendirent un grand coup. En se retournant, elles virent de la poussière partout, avec du feu là où avait été leur soeur. D'elle, il n'y avait plus trace.

Melle Urayaneza et les autres sont maintenant réfugiées en Zambie. Elles suivent des cours de journalisme au Collège Evelyn Hone des arts appliqués et du commerce. Elles ont fait l'éloge des ONG qui font pression pour qu'on interdise les mines terrestres.

L'Atelier


Des accidents comme celui-là coûtent des vies innocentes un peu partout dans le monde. C'est dans ce contexte que le Monitoring Team zambien indépendant et Afronet ont organisé un Atelier d'un jour pour sensibiliser les gens sur l'importance d'interdire les mines antipersonnel dans le monde.

A l'ouverture officielle de l'Atelier, Mgr Medado Mazombwe, évêque de Lusaka, a déclaré que l'Eglise catholique continuera à sensibiliser le monde jusqu'à ce que tous soient d'accord pour interdire les mines terrestres. L'Eglise désapprouve tout engin qui apporte des souffrances inutiles aux gens. Il a rappelé à ses auditeurs que Dieu a créé un monde où chaque homme devrait vivre et jouir de la vie jusqu'à ce que Dieu lui-même le rappelle à Lui.

Au même Atelier, le général Kingsley Chinkuli a fait un exposé sur: "La politique de l'usage des mines antipersonnel en Zambie, pendant la Première et la Seconde République". D'après lui, le premier accident dû à des mines terrestres en Zambie s'est produit en 1970. Un lieutenant envoyé pour déminer la région autour de Livingstone, capitale touristique de la Zambie, avait gardé une mine antipersonnel dans sa chambre de la caserne Arakana de Lusaka. "Jusqu'à maintenant, on ne sait pas bien ce qui s'est passé. Il a pu faire exploser la mine accidentellement mais, quoi qu'il en soit, ce qui restait de lui était un triste spectacle. Il avait été déchiqueté et les morceaux avaient été projetés sur les murs". Depuis lors, on a décidé d'envoyer les officiers suivre une formation spéciale en matière de mines antipersonnel.

Cela est arrivé à une époque où la Zambie était entourée par des voisins hostiles parce qu'elle soutenait toujours la libération de l'Afrique. Des voisins tels que la Rhodésie (actuellement Zimbabwe), le Sud-Ouest africain (actuellement Namibie), le Mozambique, l'Angola et l'Afrique du Sud. Ces ennemis pouvaient frapper la Zambie de différents côtés et, ainsi, il eût été difficile pour la Zambie de participer activement à répandre des mines antipersonnel. La Zambie était sur la défensive, dit le général Chinkuli, et c'est pourquoi elle n'a pas semé de mines le long de ses frontières. Mais des mines plantées par les "rebelles" de l'époque pourraient se trouver encore le long des frontières.

La Croix-Rouge


Selon le professeur Kevin Haworth, président de la Croix-Rouge de Zambie, les mines antipersonnel ont aujourd'hui tué et mutilé plus de gens dans le monde que les bombes nucléaires et les armes chimiques: s'il suffit de trois dollars pour fabriquer une mine terrestre, cela coûterait 1.000 dollars ou plus pour l'enlever. Beaucoup de pays, surtout en Afrique, ne suivent pas les lois humanitaires internationales sur l'utilisation des mines.

Le professeur Haworth citait la loi qui demande que l'on ne vise pas les civils et qu'on conserve les plans des endroits où les mines ont été plantées pour qu'à la fin des hostilités on puisse les enlever. On a bien inventé une machine pour déminer; mais elle coûte 300.000 US $: beaucoup trop cher pour un pays d'Afrique. De plus, les résultats de cette machine ne sont pas garantis à 100%.

Où trouve-t-on des mines terrestres en Afrique? L'Angola a de 29 à 50 millions de mines; le Mozambique 2 millions; le Libéria 18.000. Pour le Rwanda, on n'en connaît pas le nombre.

Toujours selon le prof. Haworth, depuis 1979, la Croix-Rouge zambienne a produit 100.000 jambes artificielles qui coûtent 200 US$ chacune; 700.000 chaises roulantes; 140.000 paires de béquilles. Les frais médicaux pour soigner les victimes de mines antipersonnel peuvent s'élever jusqu'à 1.000 $ par personne. De janvier 1995 à mars 1997, la Croix-Rouge zambienne a aidé 9.000 nouvelles victimes.

Les organisateurs de l'Atelier sont décidés à ce que la Zambie participe pleinement à la campagne mondiale contre les mines antipersonnel. Mais Alfred Zulu, président du Monitoring Team a déclaré qu'ils sont déçus parce que le gouvernement a refusé de prendre part à l'Atelier, sous prétexte que "l'annonce était arrivée trop tard". Le gouvernement a été invité à présenter un document sur la politique du pays en matière de mines terrestres. Interdire les mines antipersonnel devrait être l'affaire de tout le monde.


END

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