by Louis Kalonji, Kinshasa, Congo-RDC, août 1997
THEME = EGLISES
Les Eglises chrétiennes de la République
démocratique du Congo (RDC ), à savoir les Eglises
catholique, protestante, kimbanguiste et orthodoxe, ont
organisé leur première conférence nationale
à Kinshasa, au Lycée Dr Shaumba, du 21 au 26 juillet
dernier. Cette rencontre, organisée avec la collaboration de
la Conférence des Eglises de toute l'Afrique (CETA ),
était placée sous le thème de "La
place et le rôle des Eglises chrétiennes en Congo-
RDC et en Afrique centrale". Un sous-thème
de la conférence était: "Unité, paix
et dignité humaine comme exigences divines dans la
reconstruction et le développement".
La Conférence a réuni les
délégués de toutes les provinces du Congo,
soit plus de 150 personnes; de nombreux chrétiens de
Kinshasa y étaient aussi invités. La
cérémonie d'ouverture a été
marquée par un culte oecuménique
célébré en la cathédrale protestante du
Centenaire, auquel ont participé les principaux dirigeants
des Eglises chrétiennes du Congo, en particulier le card.
Frédéric Etsou, archevêque de Kinshasa,
le Dr. Marini Bodho, vice-président de l'Eglise
protestante, le pasteur Luntadila, secrétaire
général de l'Eglise kimbanguiste et le rév.
P. Katalayi, chef de l'Eglise orthodoxe.
Douze conférences ont gravité autour de trois axes:
politico-économique, socio-culturel et politico-religieux.
Parmi les questions qui ont retenu l'attention du public, on peut
noter: "Les relations entre l'Eglise et l'Etat",
traitée par le Dr Marini Bodho. Un autre thème non
moins important, "La promotion humaine", a
été commenté par le pasteur Mulunda Nganga, de
la CETA. Enfin, l'abbé Pierre Mukuna Mutanda, doyen de la
Faculté de théologie des Facultés catholiques
de Kinshasa, a fait réfléchir l'assistance sur
"La pensée chrétienne et l'engagement de
l'Eglise pour la paix, la solidarité et la
réconciliation entre les peuples".
Les conférences étaient suivies d'échanges en
ateliers pour mieux approfondir les questions. Au cours de ces
échanges, on a souligné l'impératif du
combat pour la justice, en invitant les Eglises à y
contribuer efficacement et à rompre avec les anti-
valeurs propres à la 2ème République du
dictateur Mobutu, pour se tourner vers les recommandations de
Dieu.
A l'issue des travaux, et surtout après l'examen critique de
l'environnement socio-politique et économique national et
international, les délégués des Eglises ont
adopté une série de recommandations adressées
aux Eglises elles-mêmes, aux gouvernants, à la
communauté internationale et à tous les hommes de
bonne volonté.
Ainsi, aux Eglises, la Conférence recommande de
soutenir et d'encourager les actions pastorales déjà
entreprises par les Eglises du Rwanda, du Burundi et du Congo-RDC
sur la réconciliation et la coexistence
pacifique des peuples. Elle a également
recommandé aux chefs d'Eglises de multiplier leurs
concertations, comme par le passé, pour prendre des
positions communes sur les diverses situations sociales et
politiques au Congo-RDC et en Afrique centrale.
On peut rappeler que la plus récente prise de position
commune des chefs des Eglises chrétiennes du Congo date du
mois d'avril 1997, avant la prise de la ville de Kinshasa par les
troupes de l'AFDL . Ils avaient décidé d'une
prière intense, un jeûne rigoureux et une
pénitence sévère pour implorer Dieu de
restaurer la paix dans les coeurs de tous les hommes des pays
belligérants, de leur accorder le don de la conversion, pour
que les hostilités cessent.
Aux gouvernants, la Conférence recommande la sagesse
d'éviter l'exploitation des passions à des
fins politiques qui divisent et provoquent la haine des citoyens.
Elle attire leur attention sur les attitudes négatives qui
conduisent à la résurgence des peurs et sur leur
responsabilité dans la sauvegarde de la souveraineté
nationale et la crédibilité des
générations futures.
S'adressant à la communauté internationale, la
Conférence a recommandé à l'ONU et à
l'OUA, ainsi qu'aux autres organisations internationales, d'adopter
une attitude positive qui laisse au Congo- RDC la
possibilité de réussir le changement,
conformément aux aspirations de son peuple.
Enfin, les délégués des Eglises ont
invité tous les citoyens et citoyennes de la RDC et
de l'Afrique centrale à dépasser l'ethno-
centrisme pour bannir la division qui conduit aux conflits, aux
guerres et aux génocides. A tous, les Eglises
chrétiennes recommandent de considérer la politique,
l'administration et l'armée comme un service pour le bien de
la communauté nationale, et non comme un pouvoir
d'oppression.
Parallèlement à la mise sur pied d'un Conseil
national, les Eglises chrétiennes ont aussi
créé entre elles une "Chaîne de
solidarité agissante", qui aura pour tâche
d'assurer l'exécution et le suivi sur le terrain du contenu
des recommandations issues de cette Conférence ou d'autres
concertations. Des antennes provinciales et locales de cette
chaîne de solidarité vont être installées
pour mieux répercuter vers la base les orientations et
directives.
L'une d'elles est la prise en charge matérielle des Eglises
par leurs fidèles, pour une plus grande autonomie, afin de
leur garantir la liberté dans les actions et les
prises de position. Les Eglises chrétiennes veulent ainsi ne
plus se laisser lier par des dons et cadeaux d'autorités
politiques, les empêchant d'être de vrais
témoins du Christ.
Dans son discours de clôture des travaux de la
Conférence, le card. Etsou soulignait: "Chaque fois
que nous avons laissé maltraiter la population, par peur, ou
par un intérêt quelconque, égoïste, nous
en demandons pardon au Christ et à son Père. Nous
nous engageons, désormais, à favoriser les attitudes
humaines et politiques favorables à la solidarité,
à la justice sociale, à la paix et à la
compréhension mutuelle".
END