ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 332 - 15/10/1997

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Ghana

Quand la vie commence à 40 ans

by Samuel Sarpong, Ghana, 7 juillet 1997

THEME = DEMOCRATIE

INTRODUCTION

"Ensemble nous bâtissons, ensemble nous réussissons":
voilà le thème pour célébrer ensemble 40 ans d'indépendance

Le Ghana fête cette année le quarantième anniversaire de son indépendance. La célébration, qui durera un an, a pour thème: "Ensemble nous bâtissons, ensemble nous réussissons", et prévoit l'organisation d'un grand nombre d'activités pour commémorer cet événement. Mais que signifie l'indépendance pour le Ghanéen moyen? Pour répondre à cette question, on a essayé d'analyser ce qui s'est passé depuis l'indépendance et de définir les espoirs et les aspirations du citoyen moyen

Le 6 mars 1957, le Dr Nkwame Nkrumah, premier président du Ghana, se trouvait devant une foule immense à Accra et délivrait un message de liberté à son peuple. "Enfin, la lutte (contre le colonialisme britannique) est terminée et le Ghana, notre pays bien-aimé est libre pour toujours".

L'allégresse, la jubilation et les transports de joie qui suivirent cette proclamation se ressentirent dans l'Afrique tout entière. Nkrumah et ceux qui étaient avec lui sur la tribune pleuraient de joie au moment où la foule, pour la première fois, s'est rendu compte de ce que cela signifiait d'être libéré du colonialisme. Et ils ont laissé libre cours à leur émotion.

Ils en avaient toutes les raisons, car ils s'étaient battus pour la liberté et un bel avenir s'ouvrait pour la jeune nation - le premier pays africain noir des temps modernes à avoir secoué le joug du colonialisme.

Le Ghana a d'importantes ressources naturelles þ or, diamants, cacao, bois de construction et terres fertiles. Pour le Dr Nkrumah, c'était l'occasion de prouver que les Africains pouvaient prendre en mains leurs propres intérêts. C'est pourquoi, il s'embarqua dans un programme de développement national agressif. La plus grande priorité était donnée aux équipements scolaires, aux services de santé dans les régions rurales, au développement de grandes industries.

Le 24 février 1966, Nkrumah était renversé par les militaires. Depuis lors, il y a eu cinq coups d'Etat qui ont écarté deux gouvernements civils. En 1992, le pays est revenu au régime constitutionnel et a pu s'y maintenir.

Le Ghana a célébré ses quarante ans d'indépendance avec pompe et apparat. Mais si on jette un regard en arrière, ce qui est arrivé est bien loin de ce que le premier président envisageait.

Ce qui n'a pas marché

L'enseignement est dans un état lamentable. Moins de 40% des enfants inscrits à l'école primaire poursuivent en secondaire. La qualité de l'enseignement s'est aussi détériorée parce que des problèmes logistiques ont empêché l'application des nouvelles réformes pédagogiques introduites par les autorités. L'enseignement qui, à l'époque glorieuse du Ghana, était un droit est devenu un privilège. Certains ne peuvent pas payer les frais des écoles secondaires pour leurs enfants.

Le Dr Ebenezer Ako-Adjei, un homme d'Etat âgé, se trouvait au premier rang de ceux qui se sont battus pour l'indépendance. Il croit que les objectifs de l'indépendance n'ont pas encore été réalisés. "Quarante ans d'indépendance, et nous en sommes encore à exporter le cacao et le bois de construction à l'état brut. En même temps, la corruption a rongé jusqu'au tissu même de la société".

Dans une déclaration marquant l'anniversaire, la Conférence des évêques catholiques du Ghana condamne la "corruption sans frein à laquelle se livrent les fonctionnaires et les personnes qui occupent des postes de confiance". "Nous vivons dans un pays où règne une corruption sans voiles devenue endémique et presque indéracinable".

Le pouvoir judiciaire paraît témoigner de la sympathie aux requêtes de l'exécutif. En voyant comment les juges ont été traité certaines affaires dans lesquelles le gouvernement a des droits acquis, beaucoup de gens ont perdu toute confiance dans les tribunaux.

Créer une identité nationale, devient de plus en plus difficile car, depuis les dernières élections, la politique tribale est en expansion. Des déclarations faites par certains dirigeants nationaux ont été cause de frictions intertribales.

Et il y a aussi la forme des débats au Parlement où la fidélité au parti l'emporte sur les considérations nationales. Un conflit entre l'opposition et le gouvernement au sujet de la re-nomination des ministres a été porté devant la Cour suprême.

L'économie a trois problèmes majeurs: 1. Comment contrôler l'inflation. 2. Que faire au sujet du nombre croissant de chômeurs. ( près de 25% de la population dans les régions urbaines). 3. Comment faire meilleur usage des ressources financières disponibles. Le fait est que le Ghana est écartelé par une dette étrangère de près de 5 milliards de dollars - ces chiffres ne tiennent pas compte de l'emprunt à long terme de 1996.

En marche arrière

Quinze ans après l'introduction du Programme d'ajustement structurel, le pays doit encore démarrer - malgré le fait que le gouvernement ait suivi à la lettre les prescriptions du Fonds monétaire international (FMI ) telles que la libéralisation du commerce, la privatisation des entreprises d'Etat et le retrait des subsides à des services aussi essentiels que l'enseignement et la santé.

Une pauvreté en croissance rapide et de dures conditions de vie mettent à l'épreuve la foi des Ghanéens dans leur pays et leur avenir. Selon le Dr Joe Abbey du Centre pour l'économie et l'analyse politique d'Accra, "si le pays ne résout pas le problème de la pauvreté, nous ne connaîtrons jamais la stabilité sociale et politique".

Le mot d'ordre au Ghana devrait être: "Travaillez ensemble pour le progrès".

Les Ghanéens ont besoin de fair-play, de la meilleure coopération possible entre gouvernement et opposition, d'un pouvoir judiciaire impartial pour assurer la justice, d'une profonde préoccupation du gouvernement pour la souffrance du peuple. A quarante ans, la vie devrait recommencer pour le Ghana.

END

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