ANB-BIA SUPPLEMENT - ISSUE/EDITION Nr 332 - 15/10/1997

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Congo Brazzaville

Lissouba déclenche sa boucherie

by Otere Ma'Ambi, Brazzaville, 29 août 1997

THEME = GUERRE CIVILE

INTRODUCTION

Les forces loyalistes, les milices du président Lissouba, ont déclenché
une opération de grande envergure dans la partie nord de Brazzaville, la capitale.

Le 26 août, tôt le matin, les hélicoptères de Lissouba ont bombardé la zone de Mpila, Yoro, Poto-Poto et Talangaï et ont causé la mort de nombreux civils. "On penserait à une boucherie", nous ont dit les quelques rares rescapés de ces quartiers. Les dégâts matériels sont aussi très importants. Signalons encore le bombardement du dépôt d'Hydro-Congo, peut- être dans le but d'embraser toute la partie nord contrôlée par les Cobras de Denis Sassou- Nguesso.

Pour rappel, les hélicoptères ont été livrés le mois passé aux milices de Lissouba par des mercenaires ukrainiens, qui sont également chargés d'exécuter les missions de bombardement. Ces appareils de fabrication soviétique sont dotés de missiles antichars, de lance-roquettes et de fusils-mitrailleurs, et ils sont blindés. Ils sont considérés comme les meilleurs au monde. Ils ont déjà servi en Angola et récemment en République démocratique du Congo.

Yombi Opango, cerveau de l'extermination

La Conférence nationale souveraine, dirigée par l'évêque d'Owando, Mgr. Kombo, avait abouti, il y a quelques années, à la réconciliation de tous les Congolais. Un des souvenirs poignants de ce forum national a été l'accolade entre le président en exercice Sassou Nguesso et l'ancien président du Comité militaire du parti, le général Jacques Yombi Opango, incarcéré durant 11 ans après son éviction à la tête de la magistrature suprême du pays. En dépit de cette réconciliation, "Django" (Yombi) n'a jamais pardonné son emprisonnement à Sassou, leader du Parti congolais du travail (PCT). Pourtant, il lui avait été versé la bagatelle de 900 millions de FCFA à titre de réparation des dommages subis.

L'avènement au pouvoir du professeur président Pascal Lissouba a été une aubaine pour Yombi. Il s'est hissé sur le trône, aux côtés du professeur, bien déterminé à en découdre avec son éternel rival de la région de la cuvette. Ainsi, lors de la première crise politico-militaire de 1993, Yombi-Django fait savoir au président qu'il est l'homme de la situation et capable d'anéantir l'opposition formée par Bernard Kolélas, leader du Mouvement congolais pour le développement de la démocratie intégrale (MCDDI), et le PCT de Nguesso. Cette main tendue de Yombi aboutit à sa nomination au poste de Premier ministre en 1993. Ce fut le début d'une guerre féroce entre les frères ennemis du Nord.

La crise actuelle, déclenchée le 5 juin 1997, trouve ses origines dans les accrochages des partisans de Yombi et les militants du PCT, à Owando. En effet, lors de sa tournée dans le Nord, Sassou avait utilisé le "tipoï" (fauteuil porté sur les épaules par quatre hommes pour permettre à toute la population de voir le chef) comme moyen d'accès au fief du général Yombi; mais cela avait rencontré une farouche opposition de la part des habitants locaux. Cette brouille se terminera par une expulsion massive des non originaires de la dite localité, évalués à quatre mille personnes. Ces déplacés vont trouver asile à Dyo, fief de Sassou, sous le regard passif du pouvoir. Un deuxième accrochage entre la garde personnelle de Yombi et les policiers stationnés à Dyo fera plusieurs morts.

Enfin, le prétexte est trouvé pour en découdre avec le leader des Forces démocratiques unies (FDU). Ainsi, le 5 juin, très tôt le matin, une simple opération de police, selon le gouvernement, mobilisant chars et fantassins, encercle la résidence privée de Sassou. C'est le début du carnage, voulu par Lissouba, Yombi et leurs acolytes. Comme récompense, Yombi est nommé directeur de la campagne de Lissouba lors des élections qui seront "organisées" une fois la guerre terminée.

La classe politique congolaise devrait avoir un peu plus de considération pour la population de Brazzaville, meurtrie par la guerre, pour dépasser ses intérêts personnels et trouver une solution susceptible de porter la paix à ce peuple, au nom duquel ils parlent tellement pendant les campagnes électorales.

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