ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 332 - 15/10/1997

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Mozambique

Conditions d'emprisonnement

by Patrick Chapita, Zimbabwe, juillet 1997

THEME = CONDITIONS SOCIALES

INTRODUCTION

"Un enfer sur terre": voilà comment un prisonnier définit les prisons au Mozambique

Manuel Cossa, celui qu'à Beira tout le monde appelle "le Banyamulenge", purge, dans la prison de Beira, une peine de deux ans pour vol. Voici ce qu'il déclare: "Ces cellules nous tuent. Des puces grasses nous dévorent. Si je ne meurs pas de maladie, si je suis finalement libéré, jamais plus je ne reviendrai ici". Cossa, 23 ans, est un de ces Mozambicains, estimés à 100.000, enfermés dans des prisons que la Ligue locale des droits de l'homme décrit comme "une attaque directe à la santé des prisonniers".

Selon Dania Nala, un avocat des droits de l'homme qui a récemment visité les cellules de la police de Beira: "Ces cellules ne répondent pas aux conditions minimales pour y loger des êtres humains. Je suis allé dans toutes les cellules et j'ai constaté, à mon grand déplaisir, qu'elles sont inaptes à héberger des êtres humains - même si ce sont des criminels". Des cellules prévues officiellement pour 19 personnes sont maintenant occupées par 67 prisonniers. "Tout indique que les conditions d'emprisonnement se détériorent de plus en plus". Nala, qui a visité diverses prisons, est écoeuré par ce qu'il a vu. Il a promis d'en informer immédiatement la direction des prisons nationales pour qu'on puisse prendre les mesures nécessaires afin d'améliorer la situation.

Les prisonniers sont obligés d'uriner et de déféquer par terre, car le système des toilettes est lamentable. La ventilation est insuffisante et les prisonniers doivent dormir sur le sol infesté de puces. Les cellules de la police comme celles de la prison sont souvent occupées par des prisonniers en détention provisoire car le pays manque de procureurs et de magistrats pour traiter leur affaire. Certains sont des enfants de moins de 16 ans, soupçonnés d'être mêlés à des activités criminelles. Selon Nazarinho Mourinho, procureur général de la province de Sofala, au centre du Mozambique: "Quand je vois ces enfants, j'ai grand peur pour leur avenir ainsi que pour le développement futur de notre pays. Les conditions d'emprisonnement vont concourir à faire de ces enfants des criminels endurcis - une menace pour la société et pour l'avenir du pays. Les dossiers des enfants emprisonnés devraient être étudiés de près car souvent leurs parents ou ceux qui en ont la charge sont les premiers responsables de ce qui arrive à ces jeunes".

Les dures conditions de détention ont causé une émeute à la prison de Xai Xai en 1995, pour protester contre les mauvaises conditions de détention et contre le fait que les prisonniers n'ont aucune chance de se défendre devant le tribunal. En réponse, le gouvernement a créé une aide légale gratuite, donnant aux prisonniers la possibilité d'avoir recours à un avocat. Mais rien n'a été fait pour changer les conditions dans les prisons, car il n'y a pas d'argent pour améliorer les choses. Cossa, qui dit souffrir d'une pneumonie qui va l'envoyer prématurément au tombeau, affirme: "Cet endroit est un enfer sur terre".

END

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