ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 332 - 15/10/1997

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Malawi

La criminalité en hausse

by Jimmy Nseera, Malawi, juin 1997

THEME = ACTION SOCIALE

INTRODUCTION

Avec sa démocratie naissante, le Malawi est inondé de crimes, dont la plupart
ne sont pas réprimés par les autorités. Il y a évidemment quelque chose qui cloche...

Mr Michael Nazombe (26 ans), diplômé de l'université, est un enseignant. L'année passée, en son absence, des voleurs sont entrés par effraction dans sa maison à l'Académie de Kamuzu, Kasungu, région centrale, et y ont volé un certain nombre d'objets de valeur. Plus grave, ils ont mélangé du poison à la farine de porridge qui se trouvait à la cuisine. Ignorant cela, Nazombe a préparé son repas en utilisant cette farine. Après avoir mangé, il a été pris de vomissements et a perdu connaissance. Transporté d'urgence à l'hôpital par les responsables de l'école, les médecins diagnostiquent un empoisonnement. Heureusement, Nazombe s'est rétabli mais il n'est plus le même homme. Sa pensée est devenue plus lente, et son jugement n'est plus aussi bon qu'avant. Maintenant il brûle de se venger: "Si j'attrape quelqu'un qui pique mes affaires, je le brûle vivant!" déclare-t- il. Si quelqu'un, suspecté d'être mêlé à un vol, est attrapé par la foule, il sera victime de ce qu'on peut qualifier de "justice populaire", et il sera brûlé vif.

Au début de l'année passée, un prêtre diocésain catholique, le P. Lucius Chikwawa a été gravement blessé par balles par des voleurs qui s'étaient introduits dans son presbytère de la région rurale. Après une quinzaine de jours, la police a arrêté un certain nombre de personnes qui violent les lois et suspectées pour cette affaire. Convoqué par la police à une séance d'identification, le Père Chikwawa identifia un individu du groupe. Mais en janvier dernier, quelqu'un qui travaille au département des enquêtes criminelles (CID) m'a dit que cet individu avait quitté le pays alors qu'il était en détention provisoire. C'est un fait qu'il y a beaucoup d'évasions de prisonniers en détention provisoire et d'autres.

Certains attribuent la vague de crimes à une mauvaise interprétation du mot "démocratie". On pense que démocratie signifie "faire les choses n'importe comment et sans principes moraux". Près de 70% des 11 millions de Malawiens sont illettrés; 60% de la population vivent sous le seuil de pauvreté; beaucoup sont sans emploi surtout parmi les jeunes. Pas étonnant qu'ils se tournent vers le crime pour nouer les deux bouts.

Que fait le gouvernement?

Déplorant la vague de délits dans le pays, le président Bakili Muluzi estime que le peuple ne respecte plus la loi à cause de ses frustrations. Il n'y a pas suffisamment de policiers pour combattre la criminalité: environ 6.000 pour tout le pays. Comme les organismes pour le respect de la loi ne peuvent pas maintenir une situation convenable, on a demandé au gouvernement britannique d'instruire la police locale.

L'Institut malawien pour les affaires démocratiques et économiques (MIDEA) a exprimé sa déception au sujet des crimes. Dans une déclaration faite récemment à Lilongwe, MIDEA notait que tous les jours il y a des meurtres, des viols, des cambriolages et que le nombre de vols de voitures ne fait qu'augmenter. L'insécurité est croissante dans le pays. Le président de MIDEA est très préoccupé: "L'actuel état d'insécurité met en question la liberté pour laquelle le peuple du Malawi s'est battu." La police du Malawi reconnaît que la criminalité dans le pays est très bien organisée et jouit de techniques très avancées. Mr Patrick Chikapa, inspecteur général de la police, est très clair à cet égard: "Malheureusement, au Malawi, il y a une partie de la mafia criminelle qui utilise des technologies avancées."

Le public pense que certains policiers reçoivent des pots-de-vin pour laisser les criminels agir en paix. Mais ce qui inquiète est que certains crimes sont commis pour empêcher le gouvernement de réaliser son programme de développement destiné à alléger la pauvreté dans la société.

END

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