ANB-BIA SUPPLEMENT - ISSUE/EDITION Nr 333 - 01/11/1997

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ISSUE/EDITION Nr 333 - 01/11/1997

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Ghana

Hollywood influence les étudiants

by Samuel Sarpong, Ghana, septembre 1997

THEME = JEUNESSE

INTRODUCTION

En 1995, trois étudiants ont exécuté un cambriolage de style typiquement hollywoodien.
C'est alors que les Ghanéens ont réalisé que tout ne va pas si bien que cela chez leurs jeunes concitoyens

Depuis 1995, un certain nombre de sérieux cambriolages ont été commis dans tout le pays par des élèves de l'école secondaire. Les gens sont déconcertés par ce qui arrive parce que, après tout, ces élèves sont encore très jeunes. "Personne n'a jamais pensé qu'à cet âge (16 ans), des étudiants savaient manier des fusils. Que leur est-il passé par la tête?" Des étudiants possédant des armes à feu ont été impliqués dans des hold-up. Ils ont reconnu avoir été influencés par les films d'action qu'ils regardent.

Criminalité d'imitation

Joseph Aidoo et Antwi Danso, deux jeunes qui se sont enfuis de l'école en 1995, ont attaqué un magasin, tiré sur le vendeur, l'ont ensuite ligoté avant de quitter la place avec leur butin. Pourquoi ont-ils fait cela? "C'était une blague" répondent-ils, "nous avons simplement imité ce que nous avons vu à la vidéo".

Et pourtant les gens se posent des questions sur les motifs de ce méfait. Il paraît que les deux étudiants avaient quitté le campus et avaient passé trois nuits à regarder des films pour essayer de découvrir les toutes dernières méthodes en matière de cambriolage. Ensuite, ils se sont procuré un fusil et ont été reconnaître les lieux avant de passer aux actes.

Les étudiants ont été arrêtés et sont passés en justice devant un tribunal d'Accra. Au lieu de la condamnation normale à une peine de prison à vie pour cambriolage armé qu'attendaient la plupart des gens, le tribunal a placé les coupables en liberté surveillée, étant donné leur jeunesse.

Actuellement, trois étudiants comparaissent aussi devant le tribunal dans la région du Centre pour tentative de strangulation d'un chauffeur de taxi. Ils avaient pris le taxi et avaient demandé à être ramenés à l'école. En passant dans un lieu écarté, ils ont essayé d'étrangler le chauffeur. Celui-ci finit par perdre connaissance et fut laissé pour mort. Quand il recouvrit la conscience, il se rendit compte que son taxi avait été volé. Finalement, la police a attrapé les étudiants et ils passent actuellement en justice.

Une autre affaire est actuellement en cours: quatre étudiants d'une prestigieuse école du Ghana se sont engagés récemment dans une aventure criminelle du même genre. Deux "faisaient le guet" à l'entrée du magasin, tandis que les autres engageaient la conversation avec le vendeur sous prétexte d'acheter quelques articles. Quand le vendeur s'est penché pour prendre un de ces articles, un des étudiants l'a frappé à la tête avec une pierre, tandis que les autres le bâillonnaient avec du ruban collant. Puis ils se sont enfuis avec leur butin pour regagner l'école.

Malheureusement pour eux, l'un des jeunes avait laissé tomber par terre sa carte d'identité scolaire; la police a donc pu le retrouver et cela a mené à l'arrestation des autres. Un trait frappant est que les jeunes qui commettent ces crimes sont fortunés et n'ont certainement aucun besoin de voler pour vivre!

Me A.Y. Anyamoe, agent au ministère des Affaires sociales, dit: "Ce n'est pas par besoin que ces jeunes gens s'engagent dans des aventures criminelles de cette espèce. Ils ne font qu'imiter ce qu'ils voient à la TV et sur les vidéos". Le président du tribunal, Mr R.K. Apaloo, qui a jugé certaines de ces affaires, déclare: "Certains de ces garçons sont trop gâtés et vivent dans des milieux luxueux".

Criminalité juvénile en hausse

La liste de ces crimes de jeunes est sans fin et prend des proportions alarmantes. Des statistiques ne sont pas encore disponibles, mais les nombreux cas rapportés dans les médias en sont un indice.

Mme Phyllis Amofa, une enseignante, dit: "Il y a quelques années, les délits des jeunes se limitaient à s'absenter sans motif, à fumer et voler à l'école. Mais depuis peu, des crimes allant du vol armé et l'escroquerie jusqu'à la tentative de meurtre sont devenus monnaie courante. Les gens ne savent pas pourquoi il y a tous ces crimes".

La cause fondamentale se trouve-t-elle dans la désintégration du tissu social de la société et dans l'effondrement de la discipline dans les écoles?

"La discipline est pratiquement inexistante dans nos écoles", dit John Yeboah, un parent. Mais Mme Amofa pense qu'il faut rejeter la faute carrément sur les parents qui, selon elle, ont tendance à surprotéger et à trop gâter leurs enfants. "Les parents vont jusqu'à entrer dans l'école et à réprimander les enseignants parce qu'ils punissent leurs enfants. Que voulez-vous que l'enseignant fasse dans une telle situation? Former le sens moral des jeunes pour qu'ils mènent une vie honnête, disciplinée et digne n'est pas de la seule responsabilité des enseignants même si, en vertu de leur formation, ils doivent inculquer aux jeunes de saines valeurs sociales".

END

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