by Steven Nhlane, Africa Press Bureau, Afrique du Sud, 15 octobre 1997
THEME = PERSONNALITES
La peur d'être victime d'un mauvais coup a rarement suscité autant de consternation - au point que les parents, la famille Chendawaka de Kasungu, a engagé une firme juridique pour veiller aux investissements et aux propriétés amassés par le président en retraite, au cours de ses 31 années de présidence. "La famille a la responsabilité, autant en vertu de la coutume qu'en vertu de la législation, de veiller aux biens de Kamuzu, car elle ne peut laisser cette obligation entièrement aux soins d'employés", dit Khuze Kapeta, partenaire de la firme Benhard et Harris.
La famille Chendawaka, parents de Banda du côté paternel, soupçonne la famille Kadzamira et la clique Dedza, qui ont toujours été très proches de l'ancien président, d'avoir mis la main sur des millions de dollars de sa fortune. La clique Dedza comprend Cecilia Kadzamira, hôtesse officielle, compagne et confidente de Banda pendant les 31 ans de sa présidence, et John Tembo, oncle de Kadzamira, vice-président du Parti du congrès du Malawi (MCP, dans l'opposition). Banda n'est pas marié.
L'autre partie intéressée aux biens de Banda est le MCP, le parti politique que Banda a fondé et dirigé après son retour d'exil en 1959. On croit que ce parti a été financé par d'énormes investissements et autres biens de Banda.
Même après avoir perdu sa participation dans le cartel Press Trust, Banda reste encore l'homme le plus riche du Malawi. Son portefeuille en titres couvre divers domaines tels que l'exploitation agricole dans le pays, des propriétés immobilières, l'imprimerie et l'édition. Il possède la plus grande imprimerie du Malawi. Comme la plupart des présidents de l'ancienne génération, il a aussi de substantiels investissements et comptes en banque outre-mer.
Ce qui a incité la famille Chendawaka à engager un avocat, c'est que le Building Chambaya, le complexe immobilier du bureau de Banda, a été hypothéqué pour assurer un prêt de 1,5 million de dollars auprès de la Banque commerciale du Malawi. Selon Kapeta, la famille est inquiète et se demande de quelle façon l'opération a été conclue. Kapeta a cependant refusé de commenter l'hypothèque, tout en annonçant qu'une action serait entreprise contre la banque, si on découvrait que l'opération n'était pas correcte: "La famille se pose des questions sur la gestion de certains biens immeubles de Banda, comme Chibisa House à Blantyre et d'autres biens situés au Malawi ou outre-mer. La famille a pris connaissance de ces entreprises publiques et nous avons reçu instruction d'examiner toutes ces prétendues activités.".
Le gouvernement aussi est une des parties
intéressées aux investissements et biens de Banda;
il se retient en effet responsable de la protection de Banda et
de ses biens, en tant qu'ancien chef de l'Etat.
L'intérêt du gouvernement est double, et vise
surtout à affaiblir le MCP, dont on prétend
qu'il reçoit de l'argent provenant des
propriétés de Banda, sans son consentement. Le
gouvernement veut bloquer ce financement.
Selon Kapeta, la famille a eu accès à certains mémorandums exprimés dans un langage destiné à amener Banda, âgé maintenant de 100 ans, à prendre des décisions sur des affaires trop complexes pour lui, étant donné son âge avancé. Il ajoute que, légalement, le gouvernement est responsable de la protection des biens de Banda, président retraité du pays. La loi n. 24 (sur les rémunérations et avantages des présidents) prévoit en effet diverses responsabilités concernant la retraite d'un ancien chef de l'Etat. C'est pourquoi, on ne peut s'attendre à ce que le gouvernement ignore la nécessité de soutenir la famille Chendawaka dans les efforts qu'elle fait pour protéger Banda.
Vu l'âge avancé de Banda, sa sénilité
et sa mauvaise santé, la Haute Cour du Malawi l'a
acquitté cette année de ce que le procureur
principal du gouvernement, Kamudoni Nyansulu, qualifiait
d'"accusation de fraude magistrale". Banda,
Kadzamira, Tembo et un autre responsable du MCP, Louis Chimango,
tous administrateurs du Press Trust en 1985, au moment
où on estime que la fraude a été commise,
étaient accusés d'avoir escroqué le cartel
de 10 millions de $, prétextant que cet argent devait
servir à financer l'Académie Kamunzu, un
lycée construit par Banda dans son district personnel,
Kasungu, au centre du Malawi, sur le modèle des
lycées britanniques.
En 1995, des experts médicaux avaient aussi
certifié que Banda n'était pas en état
d'assister au procès en personne, dans une affaire
où, avec Kadzamira, Tembo et plusieurs policiers, il
était
accusé du meurtre, en 1983, de quatre hommes
politiques.
Les deux affaires ont mis en lumière la mauvaise santé de Banda et ranimé la curiosité des gens désireux de savoir ce qu'il va advenir de sa fortune. Dans la foulée, cela a amené ses parents et d'autres parties intéressées à s'affronter dans une guerre verbale. Les parents de Banda ont récemment accusé les administrateurs de la Résidence Mudi (où vit Banda) d'entraver leurs tentatives de rendre visite au vieil homme, accusation rejettée par l'administration de Mudi.
Actuellement la guerre verbale continue à faire rage. Cependant, tant que vit Banda, toutes les parties intéressées doivent retenir leur souffle parce que personne ne sait où se trouve le testament de Banda. Et on l'ignorera jusqu'à sa mort.
END