ANB-BIA SUPPLEMENT - ISSUE/EDITION Nr 335 - 01/12/1997

ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 335 - 01/12/1997

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Malawi

Groupes ethniques

by Patrick Mawaya, Malawi, septembre 1997

THEME = VIE SOCIALE

INTRODUCTION

Le Malawi a une population de 12 millions d'habitants,
provenant de divers groupes ethniques

La population du Malawi est divisée en de nombreux groupes ethniques ayant chacun sa propre identité définie, en gros, par des facteurs linguistiques, culturels, territoriaux et historiques. Aucun groupe ne compte plus de 20% de la population. Il n'y a pas de problèmes ethniques déclarés, mais on sent des courants sous- jacents qui pourraient mener à une réelle crise, si on ne s'y prend pas garde.

L'héritage colonial

Quand le Malawi était encore sous l'administration coloniale britannique, il était divisé en trois régions administratives, qui subsistent toujours aujourd'hui. Elles coïncident avec les zones des groupes ethniques.

La Région du Nord se compose surtout de gens parlant le tumbuka, la Région centrale, une population parlant principalement le chichewa, et la Région du Sud avec une population parlant le sena, le yao et le lomwe. Dans les régions, il y a encore des groupes ethniques moins importants.

La lutte contre le colonialisme a pris fin en 1964, quand le Malawi a obtenu l'indépendance. En 1966, le pays opta pour la forme républicaine. Le Dr Hastings Banda, premier Premier ministre du Malawi, devint président de la jeune République. A l'époque, on garda l'anglais comme langue officielle. Le Dr Banda a aussi imposé le chichewa comme langue nationale officielle, à utiliser en parallèle avec l'anglais. L'étrange dans cette affaire, c'est que Banda lui-même ne parlait pas chichewa et, tant qu'il fut président, il dut recourir aux services d'un interprète...

Le Dr Banda a aussi interdit l'usage du tumbuka dans les écoles et à la radio nationale. Evidemment, les Tambuka de la Région du Nord étaient furieux, considérant qu'il s'agissait là d'une perte d'identité. Le mécontentement contre Banda s'accrut.

Les gens ont aussi commencé à se rendre compte que le développement des structures du Malawi n'était pas égal et équitable partout. L'université a été établie dans la Région du Sud, ainsi que trois établissements d'enseignement supérieur rattachés à l'université. Deux autres de ces établissements ont été créés dans la Région centrale. La Région du Sud est le coeur de toute l'activité commerciale, alors que l'industrie du tabac est fixée dans la Région centrale. Le tabac reste le premier produit d'exportation du Malawi, mais il va probablement être menacé par le lobby anti-tabac international.

Il est évident qu'il ne reste pas beaucoup pour la Région du Nord.

Les Eglises chrétiennes de la Région du Nord ont continué à utiliser le tumbuka, malgré son interdiction. Tant les catholiques que les protestants utilisent cette langue pour la prière, et tous les livres de chants sont imprimés en tumbuka.

La lettre pastorale intitulée "Vivre notre Foi", publiée en mars 1992, dans laquelles les évêques catholiques critiquaient le Dr Banda et son gouvernement, a été éditée en trois langues: l'anglais, le chichewa et le tumbuka.

Introduction de la politique multipartite

En 1993, le multipartisme fut accepté comme système politique du Malawi. En mai 1994, le Dr Banda et son parti, le Malawi Congress Party (MCP), perdirent les élections et laissèrent le pouvoir au Front démocratique uni (UDF), du Dr Bakili Muluzi.

Quand on analyse les partis politiques, on constate que leur formation suit les lignes régionales: l'Alliance pour la démocratie (AFORD) compte une majorité de membres provenant de la Région du Nord; la plupart des membres du MCP viennent de la Région centrale, tandis que l'UDF trouve sa majorité dans la Région du Sud.

Les résultats des élections de 1994 ont montré que les gens ont voté selon les régions. AFORD a remporté presque tous les sièges parlementaires du Nord; le MCP a gagné presque tous les sièges de la Région centrale et quelques-uns dans le Sud; l'UDF a remporté la majorité des sièges dans la Région du Sud et quelques-uns dans la Région centrale. La situation actuelle fait qu'aucun parti n'a la majorité au Parlement.

Stratégie de l'UDF

L'UDF a réintroduit la langue tumbuka à la radio nationale. Mais, selon les analystes politiques, il s'agissait d'un simple truc de propagande pour gagner les coeurs des gens du Nord. D'autres groupes ethniques ont alors revendiqué l'utilisation de leurs langues aussi! Quelle est donc la situation maintenant? Le Malawi a une station radio utilisant deux canaux, et les émissions se font en six langues locales: chichewa, tumbuka, lomwe, yao, sena, plus l'anglais. Les nouvelles sont données dans toutes les langues.

De son côté, le gouvernement UDF a ordonné que, dans l'enseignement primaire (actuellement gratuit), on utilise la langue locale des élèves, l'anglais restant la langue officielle du pays.

Tension

Il y a de la tension dans l'air. The Daily Times a publié une histoire selon laquelle le gouvernement a mis de force à la pension des secrétaires principaux venant de la Région centrale qui avaient des sympathies pour le MCP. La version du gouvernement est que ces secrétaires principaux avaient atteint l'âge de la retraite.

En tout cas, pour le moment, il n'y a aucun accord sur la langue locale à utiliser comme langue nationale officielle à côté de l'anglais.

END

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