ANB-BIA SUPPLEMENT - ISSUE/EDITION Nr 335 - 01/12/1997

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Kenya

Pourquoi le FMI refuse l'aide au Kenya

by James Pod, Kenya, août 1997

THEME = DETTE

INTRODUCTION

Le 30 juillet 1997, le FMI a suspendu un prêt de $220 millions au Kenya,
mettant fin à ce que la plupart des observateurs économiques qualifiaient de "manoeuvres
absurdes et vraiment inutiles des donateurs", tentées tout au long des dernières années.

Déjà auparavant, un certain nombre d'observateurs et de critiques économiques avaient fait remarquer que, si le Fonds monétaire international avait commencé par suivre strictement ses propres lois et règlements en matière d'octroi de prêts, il n'aurait jamais accordé au Kenya un prêt de $220 millions!

Promesses non tenues

Une fois le prêt approuvé, le directeur général du Fond monétaire international, Michel Candessus, a été en visite au Kenya, en avril dernier. Durant son séjour, selon la presse locale, il aurait fait l'éloge de la gestion économique du Kenya. Il aurait déclaré: "Nous sommes venus, nous avons fait des contrôles et nous sommes en mesure de partager le sérieux du gouvernement". En quittant le Kenya, il aurait aussi dit qu'il partait, animé d'"un grand optimisme".

A la suite de cette visite, le FMI s'est mis en quatre pour que le gouvernement tienne ses promesses de réformes et de gestion honnête, afin que le prêt puisse bien être accordé. Mais tout cela a échoué! Le FMI s'y est cassé les dents et, de plus en plus inquiet au sujet d'une série de problèmes liés principalement à la mauvaise gestion et à la corruption, il a finalement décidé de suspendre l'accord de prêt.

Une des dernières conditions posées par le FMI avant la suspension du prêt est bien le comble de l'attitude que les critiques décrivaient comme "le FMI s'est mis en quatre". Le FMI demandait au gouvernement d'installer une autorité anti-corruption indépendante. (Il n'y avait, en fait, nul besoin d'une telle autorité, car le Kenya a déjà une législation suffisante qui traite de la corruption - p.ex., la loi sur la prévention de la corruption. Bien plus, il y a déjà une unité anti-corruption dans les services de la police du Kenya).

Le FMI a insisté sur ces conditions, car il ne semble y avoir aucune volonté politique au Kenya de chercher à déterminer les causes fondamentales de la corruption et, en même temps, de l'éradiquer.

Promesses rompues

Ce qui s'est passé récemment, n'est que le dernier épisode d'une série de promesses rompues, d'engagements fallacieux à extirper la corruption et à installer un gouvernement responsable.

En 1993, l'ancien vice-président du FMI, Kim Jaycox, est arrivé au Kenya et a accordé $85 millions en avril de la même année, au milieu des assurances du gouvernement que le désordre fiscal et monétaire des mois précédents était jugulé et que l'"argent manquant" pourrait être retrouvé. Mr Jaycox a dû reconnaître, quelques mois plus tard, que le gouvernement avait de nouveau "déraillé".

Il était évident qu'il n'avait même jamais été "sur ses rails", quand Mr Jaycox se trouvait au Kenya. Le gouvernement était très occupé à aménager les livres de la Banque centrale pour montrer que les milliards manquants étaient rentrés. Cela s'est fait par une opération impliquant la Banque centrale et d'autres banques.

En une semaine d'avril 1993, 12 milliards de Ksh ont fait plusieurs va-et-vient entre ces banques. Au cours même de sa visite, les proches assistants de Mr Jaycox se rendaient compte de ce qui se passait, et pourtant il allait de l'avant et donnait plus d'argent.

Le FMI semble avoir été impressionné par les promesses faites en 1996 d'assainir le gâchis du port de Mombasa et des douanes. Cela incluait la nomination de l'incorruptible Mr Samuel Chebii comme commissaire aux Douanes.

Mr Chebii a maintenant été écarté de son poste, parce qu'il insistait pour que des produits, comme le sucre, importés en tant que marchandises en transit, soient étiquetés clairement comme tels. Cette mesure devait empêcher que les marchandises soient écoulées sur le marché local, esquivant ainsi les droits d'accises.

Le FMI et la Banque mondiale ont de plus en plus soutenu l'exigence d'une bonne gestion et de la transparence. Tous deux ont insisté sur le fait que le gouvernement doit tenir parole au sujet des réformes, avant d'obtenir des prêts.

Que la décision du FMI de suspendre son prêt soit bonne ou mauvaise, prématurée ou trop tardive, il est important de remarquer que la préoccupation du FMI au sujet de la corruption au Kenya touche à un des plus grands obstacles à l'harmonie sociale, économique et politique du pays.

END

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