ANB-BIA SUPPLEMENT - ISSUE/EDITION Nr 336 - 15/12/1997

ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 336 - 15/12/1997

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE


Kenya

Menace imminente de famine

by Yvonne Sampoda, Kenya, 11 octobre 1997

THEME = FAMINE

INTRODUCTION

Dans le monde entier, les phénomènes météréologiques changent.
Le Kenya ressent déjà les effets de ces changements
par une sécheresse ininterrompue

Comme son père avant lui, Mariku Onyach poursuit la tradition familiale: il est agriculteur. Ses capacités étaient fort appréciées dans la région de Homa Bay dans la province de Nyanza, jusqu'au moment où la sécheresse a frappé le pays. Maintenant, Onyach continue à espérer l'arrivée prochaine des pluies pour sauver sa moisson de maïs d'arrière-saison, qui a déjà commencé à se dessécher par manque de pluie.

La famine, calamité nationale

Au cours des trois premiers mois de l'année, le Kenya a connu une grande sécheresse, ce qui a poussé le président Moi à proclamer une calamité nationale de famine. Le but de cette déclaration était de faciliter l'importation de denrées alimentaires, après que le gouvernement ait constaté que les stocks alimentaires du pays avaient baissé. Cette déclaration permettait aussi au ministre des Finances, Mr Musalia Mudavadi de supprimer la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour les denrées alimentaires telles que le maïs, le riz, le lait et d'autres aliments de base dans les régions touchées par la sécheresse.

Programme de secours

Aujourd'hui, 30 districts sur 62 bénéficient du Famine Relief Programme (FRP). En voici le détail: 3 dans la province du nord-est, 12 dans la province orientale, 11 dans la Rift Valley et 4 dans la province du centre. Bien que la province de Nyanza ne compte aucun district relevant de ce programme, il y a des poches de très grande pauvreté où la nourriture manque. La plupart des districts de la province de Nyanza sont considérés comme ayant un haut potentiel agricole.

Les fermiers attendaient de la pluie en septembre, mais celle-ci s'est fait attendre et l'espoir de combler le déficit des stocks de nourriture avec la moisson de la petite saison des pluies semble déçu. Il ne reste plus à des paysans comme Onyach que de garder confiance, aveuglément; ils ont planté à nouveau, dans l'espoir que les pluies tomberont au moment voulu à la prochaine pleine saison.

Selon les prévisions météorologiques, la sécheresse devrait encore se poursuivre et les paysans commencent à paniquer.

Evaluation de la récolte

Selon les experts en agriculture, si on se base sur le sac de 90 kg, un adulte a besoin de 1,5 à 2 sacs de maïs par an. Et, partant du même poids, un adulte a besoin de 0,21 sac de haricots par an.

Cette année, au Nyamira, considéré comme un des greniers de la région, on a cultivé 22.000 Ha de maïs, 12.000 Ha de haricots, 90 Ha de sorgho, 2.150 Ha de millet, 700 Ha de patates douces, 25 Ha de pommes de terre - pour nourrir une population de près de 500.000 habitants. En se basant toujours sur le sac de 90 kg, la récolte s'est élevée à 750.000 sacs de maïs. Cela représente un déficit alimentaire de 92.700 sacs, rien que pour le Nyamira.

Besoins alimentaires

D'après la Lettre trimestrielle de la FAO "Réserves alimentaires et perspectives des récoltes en Afrique sub-saharienne", le Kenya a un déficit de 721.000 tonnes pour couvrir ses besoins alimentaires - et le pays doit importer d'urgence 268.000 tonnes de maïs. Le rapport ajoute que toute l'Afrique sub-saharienne va avoir besoin d'une aide alimentaire d'environ 2 millions de tonnes.

Plus tôt cette année, le gouvernement a commencé le Programme de redressement après la sécheresse: on a donné aux paysans de jeunes plants et des engrais pour replanter, surtout dans des régions où les récoltes ont été complètement ruinées par la sécheresse.

En même temps, la plupart de ceux qui ont été touchés par la sécheresse commencent à développer des techniques de survie, comme dans les régions de Machakos et Kitui de la province orientale. Là, les paysans offrent leur travail en échange de nourriture, surtout du maïs, nourriture de base de la majorité des Kényans.

Des experts en agriculture sur place poussent à la culture de plantes à racines, comme les pommes de terre, le manioc, l'arrow-root et les ignames, qui sont réputées résister à la sécheresse. Ils encouragent aussi les fermiers à utiliser des semences contrôlées et des méthodes de culture modernes pour assurer de plus hauts rendements. En même temps, on encourage les cultivateurs à diversifier leurs récoltes et à promouvoir des aliments diversifiés.

Au Kenya, le secteur agricole rapporte au pays 60% de ses devises et contribue pour 30% au Produit intérieur brut. Il est clair que la sécheresse actuelle aura de lourdes conséquences pour la plupart des Kényans. Une étude fournie par le Programme environnemental des Nations unies (PENU) a révélé qu'au Kenya la période de grande sécheresse (10% de l'année) a causé une baisse des récoltes de 30 à 70 %.

Le Kenya semble rétrograder dans le Rapport sur le développement humain. En 1996, il occupait la 128ème place sur une liste de 174 pays. Cette année, en 1997, le Kenya est le 134ème sur 174. On estime que 41% des Kényans (la population du Kenya est évaluée à 12,6 millions) vivent sous le seuil de la pauvreté. Parmi ceux-ci, on en classe 7 millions qui vivent dans "une pauvreté abjecte" et le fossé entre riches et pauvres continue à s'élargir.

END

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE


PeaceLink 1997 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement