ANB-BIA SUPPLEMENT - ISSUE/EDITION Nr 336 - 15/12/1997

ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 336 - 15/12/1997

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Nigeria

Promouvoir l'habitude de lire

by Taye Babaleye, Nigeria, octobre 1997

THEME = EDUCATION

INTRODUCTION

Le système éducatif du Nigeria semble avoir atteint son niveau le plus bas et,
ce qui est pire, les gens ont perdu l'habitude de lire pour le plaisir.
Que faut-il faire?

Le 8 septembre était le Jour de l'alphabétisation. Au Nigeria, on n'a rien fait de significatif à cette occasion, et cela n'a rien d'étonnant car, depuis le début des années '80, le niveau de l'enseignement est sur une pente descendante. Les cours ont été continuellement interrompus, les universités fermant leurs portes à cause des troubles estudiantins, de la maigre rétribution des professeurs, des grèves du personnel non- académique, du financement insuffisant, du manque de livres, d'équipement de laboratoire et d'autres accessoires pédagogiques...

Les universités nigérianes sortent maintenant des diplômés à moitié formés. Beaucoup d'étudiants en informatique n'arrivent même pas à travailler huit heures par semaine sur un ordinateur. Les étudiants ingénieurs en mécanique sont à peine capables de voir la différence entre le capot et le coffre d'une voiture!

Dans les lycées du Nigeria, le niveau de la grammaire est consternant. Les écoles primaires de l'Etat, surtout dans les régions rurales, sont délabrées. Les enseignants ne reçoivent pas leur paiement, de sorte que, pour subsister, ils travaillent au noir, vendant des vêtements de seconde main ou travaillant la terre.

Tricherie aux examens

Lors des séances d'examens officiels, tricher est de règle. Le Conseil des examens pour l'Afrique occidentale (WAEC) est commun au Nigeria, au Ghana, à la Sierra Leone et à la Gambie, et est responsable de l'organisation des examens de fin d'études pour cette région. Tous les ans, le Conseil doit annuler les feuilles d'examen de nombreux candidats à cause des malversations.

Des étudiants intellectuellement faibles paient, à un prix convenu, des étudiants plus brillants pour passer l'examen à leur place. La situation devient encore plus sérieuse quand il s'agit de présenter les examens d'entrée à l'université: sur 376 candidats qui cette année présentaient le double examen d'admission et d'immatriculation à l'université, 46% ont été disqualifiés pour malversations aux examens.

L'analphabétisme en progression

Aujourd'hui, malgré les 20 millions d'étudiants de tous niveaux que compte le Nigeria, les gens sont de plus en plus illettrés. Ironie: le Nigeria possède le plus grand nombre d'universités en Afrique (36). Sans compter les 50 collèges polytechniques... Les écoles secondaires sont plus de 5.500 et les écoles primaires plus de 45.000. Ces chiffres ne comprennent pas les écoles et les collèges privés qui surgissent presque chaque jour. De l'école primaire à l'université, les étudiants n'ont plus l'habitude de lire par plaisir. Le peu de lecture qu'ils font ne sert qu'à présenter des examens, et rien de plus.

Récemment, la Fondation Heinrich Boll, organisation non gouvernementale allemande, a organisé un atelier de trois jours sur le sujet: "Promouvoir l'habitude de la lecture au Nigeria". L'atelier avait lieu à l'université d'Ibadan, et était la suite d'un atelier similaire tenu en avril dernier, dans les bureaux du British Council, à Kaduna, dans le centre-nord du Nigeria.

Lire pour le plaisir

L'atelier cherchait comment encourager les Nigérians à prendre l'habitude de lire, une façon de promouvoir l'alphabétisation. Il avait aussi pour but d'engager le gouvernement à formuler une politique efficace de promotion de l'alphabétisation comme partie intégrante du développement national. Le souci principal des participants était de savoir comment organiser des campagnes durables pouvant réduire partout l'analphabétisme.

On a regardé vers l'"expérience du Mali". Ce projet, entrepris par le ministre de l'Enseignement et les médias de ce pays pour promouvoir l'habitude de lire, a réduit l'analphabétisme d'un atterrant 80% à environ 55% en dix ans.

Comment ce projet a-t-il fonctionné? Des mini- bibliothèques ont été installées au niveau régional dans tout le pays et on prêtait des livres aux étudiants de lycée qui voulaient lire les histoires, pour eux-mêmes d'abord, et les raconter ensuite à la radio nationale. Le programme devint tellement populaire que beaucoup de parents attendaient avec impatience d'entendre la voix de leur enfant à la radio. L'initiative s'est développée plus tard pour inclure des programmes d'éducation d'adultes. Les parents illettrés ont reçu alors des leçons de lecture et d'écriture.

L'atelier

L'atelier de la Fondation Heinrich Boll a attiré des réalisateurs de médias, des universitaires, des éditeurs, des étudiants, des membres de l'Union nigériane des enseignants et de l'Association des auteurs nigérians.

Le professeur Bola Odejide, du département de Communication et des Arts de la parole de l'université d'Ibadan, qui présidait la session technique, et le Dr Fani Olugbile, romancier et psychiatre, parlèrent de l'habitude de lire. Ils le firent à partir du point de vue d'un enseignant (le Dr Odejide) et de celui d'un écrivain (le Dr Olugbile).

L'atelier a reconnu le rôle vital des enseignants pour faire progresser l'habitude de lire. On a donné à l'Union nigériane des enseignants la responsabilité de soutenir, au niveau de la base, la campagne de promotion de l'habitude de lire. L'Union a aussi été mandatée pour entamer un programme "Prenez les jeunes", afin de développer un plan de lecture par plaisir à partir de l'école primaire. L'Association nigériane des éditeurs soutiendra le programme en fournissant des livres.

Le projet dans son ensemble est certainement un effort valable dans le but de promouvoir l'alphabétisation dans tout le Nigeria.

END

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