ANB-BIA SUPPLEMENT - ISSUE/EDITION Nr 337 - 01/01/1998

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ISSUE/EDITION Nr 337 - 01/01/1998

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Botswana

La justice - conforme aux attentes

by Correspondance du Botswana, novembre 1997

THEME = JUSTICE

INTRODUCTION

Quand on réfléchit à l'expérience de la démocratie d'un pays, il faut envisager des sujets tels que
la justice et les droits de l'homme. Le Botswana est une démocratie multipartite depuis 1966, date à laquelle les Britanniques ont transmis le pouvoir au premier président autochtone, Sir Seretse Khama

Deux éléments clés ont influencé le cours de l'histoire du Botswana.

Le "kgotla" - base du processus traditionnel. Le premier élément est le fait que le pays a maintenu une institution comme le "kgotla", réunion traditionnelle sous l'autorité d'un chef, où le village tout entier discute des affaires d'intérêt commun, en débat et les résout. Par cette forme de gouvernement si ancienne, les décisions sont prises par consensus et tous les points de vue ont été pris en compte.

Cet esprit s'est maintenu jusqu'à aujourd'hui, il est respecté par tous, même par l'élite cultivée qui, presque partout en Afrique, a abandonné tout ce qui était traditionnel. Les consultations ouvertes restent une caractéristique propre de la société du Botswana. Le kgotla est, en grande partie, la base du processus judiciaire au Botswana.

Influence britannique - Le second élément est que feu Seretse Khama, le premier président, bien que chef souverain de la puissante tribu Bamangwato, était marié avec une citoyenne britannique, Ruth, qui, pense-t-on, a exercé une forte influence sur son mari, surtout quand il s'est agi de donner forme au programme politique du Botswana. Seretse Khama avait fait ses études en Angleterre, et ce contact prolongé avec la façon de vivre des Britanniques a certainement pesé sur les décisions qu'il devait prendre plus tard, au cours de sa carrière politique. En particulier l'accent mis par les Britanniques sur les libertés individuelles. En même temps, Seretse a montré qu'il adhérait totalement à l'esprit traditionnel du kgotla.

Respect des droits et des libertés

A l'indépendance, les Britanniques ont laissé derrière eux une réplique du système de gouvernement britannique. On doit se rappeler que le Botswana n'était pas une colonie, mais un protectorat. De ce fait, les Britanniques avaient une "relation spéciale" avec le Botswana; ce qui explique pourquoi beaucoup d'entre eux sont restés au Botswana après l'indépendance. En fait, en dehors de l'Afrique du Sud, le Botswana compte sans doute le plus grand nombre de citoyens naturalisés d'origine européenne.

Certains disent que les Européens aiment "rester" parce que l'économie est bien gérée. D'autres lient leur présence importante à l'organisation démocratique du Botswana, où l'on respecte et protège les droits et libertés des individus.

Comme d'autres aspects de la société botswana, la justice est imprégnée d'un esprit démocratique qui permet aux personnes et aux communautés d'obtenir leurs droits sans beaucoup de complications. Bien que les juges de la High Court et le président de la cour d'appel soient nommés par le président, ils ont toujours fait preuve de dévouement à la justice, plus qu'à l'autorité qui les avait nommés.

La justice et les médias

Deux exemples particulièrement significatifs et importants montrent comment la justice a traité des cas impliquant les médias.

Dans le premier cas, un journal local, Mmegi, était poursuivi par le gouvernement pour avoir utilisé des informations considérées comme "réservées" par le gouvernement. Selon les correspondants judiciaires, ce cas en particulier a été bien traité par la justice. Un important journaliste, devenu officier des relations publiques, Linchwe Kgaswe, déclara: "La charge de la preuve incombait à l'Etat, et celui-ci a échoué lamentablement. La High Court a en conséquence acquitté le journal".

Un second cas concernait le Botswana Guardian, un journal appartenant au privé, qui accusait cinq ministres du cabinet de fomenter un coup d'Etat contre le président Quet Masire. Surnommés "les cinq grands", les ministres ont engagé des poursuites contre le journal et demandé des dommages et intérêts élevés. L'affaire passait déjà devant la High Court quand le journal a offert de régler le cas à l'amiable.

Voici comment Kgaswe commentait l'affaire: "Le journal ne produisait pas l'ombre d'une preuve de ce que les "cinq grands" préparaient un coup d'Etat contre le président Masire. La presse a la responsabilité de fournir au public ou, dans ce cas-ci, au tribunal, les faits et les preuves. Si un membre d'un parti politique aspire à une fonction plus élevée cela ne constitue pas un coup d'Etat. En fait, si le "Botswana Guardian" avait avancé des faits réels, il n'aurait jamais offert de régler l'affaire à l'amiable".

A tout prendre, la justice du Botswana a répondu aux attentes de la population. A la vérité, il n'y a pas eu de vraie occasion de "tester" le système judiciaire du pays, dans le vrai sens du mot; il est cependant vraisemblable que, le moment venu, le cours naturel de la justice se poursuivra selon l'esprit démocratique du pays.

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