by Alpha R. Jalloh, Sierra Leone, décembre 1997
THEME = VIE SOCIALE
La crise en Sierra Leone a provoqué une
famine généralisée.
La situation, principalement à cause de l'action de la CEDEAO,
est très dure
Le prix des marchandises de première nécessité a monté en flèche; le riz, nourriture de base, devient rare parce que les gens amassent des provisions; le manque d'essence rend les voyages difficiles; la fourniture d'électricité est devenue capricieuse; et, signe que les choses vont mal, le nombre de mendiants dans les rues de Freetown s'est dramatiquement accru.
Kambia est situé au nord de la Sierra Leone. Le prêtre catholique de la paroisse, le P. Franco, s'est lancé dans un projet de développement de 28.000 $. Un rapport de l'Agence de presse de Sierra Leone montre comment ce projet s'occupe d'agriculture et de formation professionnelle. Le projet agricole a pour but d'introduire la culture du riz. On va aussi construire un moulin à riz. Le projet professionnel vise à former les fermiers au travail du métal - aiguiser les outils agricoles comme les houes et les couteaux, souder et couper le fer.
Amadou Sesay, originaire de Kambia, vit à Freetown mais retourne fréquemment à Kambia pour ses affaires. D'après lui, ce projet va fortement alléger les souffrances des habitants. La menace d'une intervention militaire de l'étranger, dans le but d'annuler le coup d'Etat du 25 mai 1997, a amené beaucoup de gens à fuir vers Kambia, près de la frontière avec la Guinée. D'autres villes situées près de la frontière sont, elles aussi, surpeuplées.
Le Conseil des Forces armées de la junte militaire a signé avec des Etats-membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique occidentale (CEDEAO) un accord selon lequel le président démis Ahmed Tejan Kabbah reprendrait sa place. Malgré cet accord, la junte n'a pas cessé de déclarer à travers les médias locaux que "le coup d'Etat est irréversible". Cela montre clairement que Tejan Kabbah ne sera pas réinstallé le 22 avril 1998 comme le stipule l'accord de Conakry. Le général Victor Malu, commandant de l'Ecomog (groupe de surveillance de la CEDEAO ) se trouve au Libéria voisin et menace d'envahir Freetown si la junte ne respecte pas l'accord de Conakry.
Au moment où nous écrivons, il y a des affrontements sporadiques entre les Kamajors (une milice locale) et une force combinée d'anciens rebelles et de soldats. Cette milice a été créée à l'origine par le gouvernement déchu pour lutter aux côtés de l'armée contre les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF). Le 25 mai 1997, l'armée a renversé le président Kabbah et invité les rebelles du RUF à se joindre à elle pour gouverner le pays. Les Kamajors, de leur côté, ont décidé de continuer la lutte jusqu'à ce que le président Kabbah soit réinstallé au pouvoir.
De nombreux facteurs favorisent la crise. Beaucoup de chrétiens considèrent Kabbah comme un musulman fondamentaliste. En public, on le voit toujours þ même quand il est en fonction þ vêtu de la longue robe de style arabe, avec des chaussures à la pointe relevée. Beaucoup de membres du All People Congress (APC ) ont rejoint la junte. Il faut noter que l'APC est le rival numéro un du Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP) déchu, depuis le début de l'indépendance. Il y a encore le facteur tribal: la junte compterait surtout des gens du nord et le SLPP surtout des gens du sud.
La communauté internationale a déjà tenté plusieurs fois de persuader la junte de se retirer; mais celle-ci semble jouer avec le temps. L'approvisionnement en vivres diminue. Les secours sont retenus en Guinée par l'Ecomog. Même le bureau principal du Catholic Relief Service à Freetown ne peut agir efficacement. Un secrétaire déclare: "Nous sommes ici à tourner en rond toute la journée. Nous sommes coincés et ne pouvons même pas toucher notre salaire."
La grande peur ici c'est que toute invasion de Freetown aboutira à un carnage et la milice Kamajor est décidée à y prêter la main!
END
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