ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 339 - 01/02/1998

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Ethiopie

Situation alarmante


by Lammii Guddaa, Allemagne, novembre 1997

THEME = DROITS DE L'HOMME

INTRODUCTION

Depuis que le groupe ethnique tigréen minoritaire a remporté les élections de 1991/92,
il a entretenu le terrorisme dans le pays.
Les actions du gouvernement éthiopien, au cours des six dernières années,
situent celui-ci parmi les pires au point de vue des droits de l'homme

Quand le régime de Mengistu-Haile fut renversé en 1991, les gens espéraient voir mettre en place un meilleur système politique. Malheureusement, le groupe ethnique minoritaire au pouvoir en Ethiopie, le groupe tigréen, a contraint les groupes d'opposition à quitter le pays. Des organisations telles que le Front de libération de l'Oromo (OLF) et le Front national de libération de l'Ogaden (ONLF) ont dû entrer dans la clandestinité. Le régime a refusé de prendre part à des pourparlers patronnés par des organisations indépendantes. Le régime en place proclame fréquemment à la radio et à la TV ses "hauts faits" (c.à.d. le massacre de civils oromo dans les rues). La situation en Ethiopie s'est progressivement dégradée, dégénérant en terrorisme soutenu par l'Etat, où les citoyens n'ont aucune protection légale. Selon des sources fiables, dont Amnesty International, jusqu'ici 2.300 civils oromo suspects de soutenir l'OLF ont été tués par le gouvernement. Depuis 1992, des dizaines de milliers ont été torturés, détenus ou ont simplement "disparu".

Situation actuelle

Les violations des droits de l'homme, commises par le régime au pouvoir, n'ont cessé d'empirer. Et la communauté internationale garde le silence! Toute organisation civile ou politique qui ose prendre parti pour la majorité ethnique oromo en Ethiopie (environ 30 millions d'âmes sur une population de 58 millions) est immédiatement mise hors la loi par les dirigeants de la minorité ethnique tigréenne (3,2 millions, selon le recensement de 1994.)

On craint fort que ce qui s'est passé au Rwanda et au Burundi se reproduise en Ethiopie. Les Oromo veulent l'indépendance complète des Abyssiniens; mais les dirigeants éthiopens n'aiment pas cela parce que, sans la région oromo, il n'y aurait pas d'Ethiopie. 70% du revenu du gouvernement provient du pays oromo, qui dispose des meilleures ressources naturelles potentielles de développement.

En 1997, des civils oromo ont été assassinés et leurs corps jetés dans les rues d'Addis-Abeba, comme mise en garde pour les autres Oromo. Parmi les victimes il y avait Ebisa Aduyna, un chanteur populaire, et son ami Tana Wayessa. Il y avait aussi Wago Tola, professeur d'université bien connu. On a enjoint aux familles de ne rien dire, mais de simplement aller chercher les corps. La seule différence avec l'époque de la "Terreur rouge", c'est qu'on n'a pas demandé aux familles de payer les balles qui avaient tué les leurs!

En octobre 1997, trois Oromo, Terefe Qumbi, chef des services généraux à la Haute Cour d'Oromia, Tesfaye Kumsisda, vendeur de rue, et Guddisa Anisa, habitant d'Addis-Abeba, ont été abattus. La police annonça alors l'élimination de "combattants de l'OLF". Un journal privé, Ujri, a mené sa propre enquête, interviewant les familles des victimes. Il apparut clairement que les victimes étaient des civils sans armes qui rentraient chez eux, après avoir paisiblement bu un verre au pub. Toute l'équipe de Ujri a été arrêtée, et leurs bureaux et leurs maisons ont été fouillés illégalement. Pourquoi? parce qu'ils avaient osé mettre en question le rapport du gouvernement au sujet des assassinats d'octobre 1997.

Arrestations

Amnesty International exprime aussi son inquiétude au sujet de 20 éminents Oromo, arrêtés les 4 et 5 octobre. Parmi eux figurent cinq membres du bureau exécutif de la Ligue des droits de l'homme - Beyene Abdi, Beyene Belisa, Hussein Abdi et Haji Sahalu Kepte, tous retraités (ils sont âgés de 60 à 70 ans). La 5ème victime, Gabisa Lamessa travaille comme comptable pour Save the Children Fund. Tous sont, paraît-il, au secret à la prison centrale.

Le groupe de soutien de l'Oromia, basé à Londres, une organisation apolitique qui fait campagne contre les violations des droits de l'homme et le manque de liberté en Ethiopie, a rapporté que jusqu'ici il y a eu 2.034 mises à mort sans jugement et 570 personnes disparues soupçonnées de soutenir les groupes de l'opposition. La plupart de ces personnes étaient des Oromo. La torture et le viol sont monnaie courante, surtout dans les camps secrets de détention, dont le gouvernement nie l'existence.

Pour l'Union des étudiants oromo en Europe (UOSE), le régime de Meles considère le silence de la communauté internationale et le soutien inconditionnel de l'Occident comme une approbation de sa façon arbitraire de gouverner. L'Union dénonce la sauvagerie des meurtres, qualifiés d'héroïques par les médias.

Il faut encore remarquer qu'environ 14 journalistes sont actuellement en détention et que deux journaux ont été supprimés par le gouvernement.

Il faut espérer que la communauté mondiale se redresse et tienne compte de ce qui se passe en Ethiopie.

END

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