ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 340 - 15/02/1998

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Congo-Brazzaville

Reconstruire le Congo


by Carole Goma-Makaya, Congo-Brazzaville, décembre 1997

THEME = VIE SOCIALE

INTRODUCTION

Complètement coupée du monde, une journaliste congolaise nous envoie son témoignage.
Bien qu'écrit un mois après la victoire des Forces démocratiques et patriotiques (FDP
),
l'article ne nous est parvenu que ces derniers jours.

Selon les estimations, la guerre civile, qui a duré 132 jours, aurait fait entre 6.000 et 10.000 victimes. Plus de 20.000 Congolais se sont réfugiés dans le pays voisin, le Congo-RDC, et près d'un million de personnes se sont déplacées à l'intérieur du pays. La population de Pointe-Noire, la capitale économique, est passée de 420.000 à 800.000 habitants.

Certains signes montrent toutefois que la situation s'améliore, notamment dans la capitale Brazzaville. L'investiture de M. Sassou N'Guesso à la tête du pays et la mise en place d'un gouvernement ont rendu confiance aux réfugiés qui, progressivement, commencent à regagner leur demeure.

Les organismes internationaux, la Croix-Rouge et Médecins sans frontières (MSF) ont joué un rôle vital dans la remise en route des services essentiels à Brazzaville. Dès la déclaration de la chute du gouvernement de Pascal Lissouba, les agents de la Croix-Rouge congolaise se sont mis en route pour le ramassage des blessés et des morts.

MSF, présent à Brazzaville depuis juin 1997, a apporté son soutien dans le domaine de la santé et de l'alimentation et assuré une couverture vaccinale. Pendant la guerre, 10.000 enfants vivant dans les zones périphériques nord et sud ont été vaccinés contre la rougeole. Les groupements religieux, en particulier Caritas-Congo et le projet Mécènes ont également participé à ces activités. Le projet Mécènes, un produit de la coopération française et de Caritas- Congo, s'occupe des oeuvres hospitalières.

Durant le mois qui a suivi la fin de la guerre, la capitale manquait d'alimentation de base, d'eau et d'électricité. Lors du premier conseil des ministres, le mardi 4 novembre 1997, le président de la République, M. Denis Sassou N'Guesso, a insisté sur la remise en route de l'activité économique. Dans le cadre des appels de fonds en faveur de la situation d'urgence au Congo, le président déclare que "ces fonds recherchés à l'étranger sont destinés à l'approvisionnement des populations en eau potable, en électricité, en système d'assainissement et en activités dans le domaine alimentaire et sanitaire. Les ministres devront se garder de se remplir les poches au détriment de la population".

Actuellement, une activité économique, encore modeste, a repris à Brazzaville. Le marché situé à Bacongo (quartier populaire de Brazzaville) a repris vie, ainsi que le marché Yoro, dans le nord du pays, en bordure du fleuve Congo. Le voile de tristesse se dissipe lentement à Brazzaville. Mais il faudra du temps pour que la vie reprenne son cours normal, car la présence de milices armées effraie encore la population.

Les problèmes des femmes

Comme toujours, les problèmes des femmes arrivent au second plan, car il y a toujours quelque chose de plus urgent à faire que de s'occuper de leurs difficultés. Et il faut toujours une situation de crise (femmes violées, tuées, etc.), pour qu'on s'en occupe; alors qu'une simple prévention, comme la sécurité des sites, pourrait éviter bien des drames.

Le sida et les maladies sexuellement transmissibles ne sont pas des priorités sanitaires majeures, alors que la promiscuité dans laquelle on est obligé de vivre favorise la contamination par le sida. Pour venir en aide aux personnes déplacées, MSF a incorporé dans les soins de santé primaires le programme "Information sur le sida". "Après la campagne de vaccination contre la rougeole organisée dans la zone périphérique de Brazzaville, aux mois de septembre et d'octobre, nous allons aborder le programme d'information sur le sida", a expliqué Guillaume, médecin MSF.

Les violences sexuelles, le manque d'intimité, les grossesses indésirées sont des expériences que vivent les femmes déplacées. Il est important de mettre autant de femmes responsables que d'hommes dans les camps pour améliorer les conditions de vie des femmes. L'amélioration de l'assistance aux femmes déplacées n'est pas toujours une question d'argent. L'attitude du personnel employé sur le terrain compte beaucoup. Et Vincent Massamba ajoute: "Les femmes déplacées, responsables de leur santé, de leur environnement et de leur état de vie actuel doivent manifester leur crainte aux coordinateurs pour voir leurs conditions s'améliorer".

END

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