by Fred Chela, Zambie, novembre 1997
THEME = SANTE
Les méthodes de soins traditionnelles
n'ont pas toujours été efficaces pour les nouveau-nés,
et pourtant, que peuvent faire les mamans dans les régions
rurales si ces méthodes échouent?
Rose Sikwambila est mère de cinq enfants dont des jumeaux nouveau-nés. Elle se souvient d'une petite "cérémonie" à laquelle elle se livrait à chaque naissance. Quand le bébé avait quelques jours, elle prenait de la boue dans son grenier à maïs recouvert d'herbe, la mélangeait avec du sel et appliquait soigneusement ce mélange sur le cordon ombilical de l'enfant. Elle était toujours contente que cette boue agisse comme un antiseptique, sèche assez rapidement le cordon et hâte le développement du bébé.
Rose et beaucoup de mères comme elle ne possèdent pas les notions élémentaires de santé et d'hygiène. Elles s'en tenaient consciencieusement aux pratiques traditionnelles comme cette "thérapie de la boue", et cela avec tant de ferveur qu'elles étaient prêtes à transmettre ces connaissances à leur descendance. Mais la "médecine locale" ne marchait pas toujours. Beaucoup de bébés faisaient de la température et des convulsions. Les mamans se faisaient du souci surtout quand d'autres femmes leur disaient: "Lusinga wa kufwa", ce qui signifie: "La maladie va tuer le bébé".
Les mères ont découvert bien vite ce qu'elles prenaient pour un antidote. Elles pratiquaient une petite opération très douloureuse pour les enfants. Elles prenaient certaines racines, les brûlaient et, avec un rasoir, faisaient de petites incisions - depuis la nuque tout le long de l'épine dorsale jusqu'au scrotum - sur lesquelles elles appliquaient la cendre. Il fallait trois ou quatre personnes pour maintenir le petit bébé pendant l'opération. Mais cette "médecine locale" n'améliorait la situation que pour un petit moment. Les convulsions ne disparaissaient pas complètement ou devenaient parfois plus violentes. Certains bébés mouraient.
On commençait à dire que le village était maudit, et que les bébés avaient été ensorcelés. Certaines mères allèrent alors dans la brousse pour y prendre des feuilles d'arbres, du mutendere et du lukubilo, qu'on trouve dans la vallée; elles en firent une infusion qu'elles administrèrent à leurs petits par voie orale. D'autres allèrent consulter des guérisseurs. Le tout sans résultat.
Alors un beau jour, les mamans, désespérées, ont fait 20 km à pied pour aller au centre de santé rural de Munyumbe, où une infirmière leur a dit que la cause des convulsions était l'infection due au traitement traditionnel appliqué aux enfants. Mais le tétanos se soigne et on peut certainement le prévenir.
Depuis sept ans, désormais, World Vision dirige un projet de vaccination des enfants dans la vallée du Gwembe. Il travaille en liaison avec des infirmières du gouvernement dans le but d'augmenter la couverture de la vaccination et apprendre aux mamans la prévention contre des maladies qui tuent leurs enfants, comme la coqueluche, le tétanos, la diphtérie, la polio et la tuberculose.
Le projet, soutenu actuellement par USAID, s'adresse à une population de 140.000 personnes éparpillée dans la vallée. La présence d'une équipe veillant à la survie des enfants représente pour beaucoup de mères, comme Rose, et pour leurs enfants, toute la différence entre la vie et la mort.
La communauté de Hakarembwe n'a toujours pas de clinique, ni d'école, ni d'église, mais on a maintenant construit un dispensaire dans le village et désigné un agent de santé pour la communauté, formé par World Vision, pour soigner les maladies bénignes. Pour la population rurale, c'est un grand pas. Au lieu de devoir aller chercher à des dizaines de kilomètres les traitements et les conseils, les gens peuvent compter sur l'agent de santé de la communauté (avec le soutien de l'équipe de World Vision) qui les soignera et suivra la croissance de leurs enfants, et cela tout près d'eux!
Assise devant le nouveau dispensaire au toit d'herbe, Rose contemple ses jumeaux qui tètent. Elle a retrouvé l'espoir pour l'avenir. "Je veux que mes enfants soient instruits", dit-elle.
Peut-être qu'avec l'aide des services de l'équipe de survie des enfants de World Vision, ses espérances deviendront une réalité.
END
PeaceLink 1998 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement