by Justin Mendy, Dakar, janvier 1998
THEME = SPORT
Les troisièmes "Jeux de l'avenir
des personnes handicapées d'Afrique francophone" (JAPHAF)
auront lieu à Dakar, du 23 au 30 avril 1998.
Au delà des compétitions, ce sera l'occasion de clarifier
l'ensemble de l'organisation des rencontres sportives africaines
pour personnes handicapées.
Les Jeux de Dakar devraient regrouper environ 200 athlètes venus d'une dizaine de pays, contre six aux premiers jeux, à Ouagadougou en 1994, et sept aux seconds, à Cotonou en 1996. Ils concernent toutes les catégories d'handicapés: handicapés physiques, déficients visuels et mentaux, sourds-muets et mal entendants.
Les disciplines programmées pour Dakar sont les suivantes: course en tricycle, haltérophilie, lutte africaine traditionnelle, tennis de table, tir à l'arc, handifoot, basket et torr-balle (genre de volley-ball, à ras de terre, réservé aux aveugles et mal voyants).
Les organisateurs prévoient également la vulgarisation de jeux éducatifs propres à l'Afrique, nous a dit M. Djibril Ouédraogo du Burkina Faso, président du Comité international de ces jeux, de passage à Dakar. Pour lui, outre le volet sportif, ces Jeux comportent aussi un aspect culturel et touristique, ainsi que celui d'une intégration sous-régionale.
Initiés au lendemain des Jeux para-olympiques de Barcelone de 1992, auxquels seul le Burkina Faso avait participé en tant que pays africain francophone au sud du Sahara, ces Jeux de l'avenir comptent aujourd'hui quatorze pays. (Ndlr.: Les Jeux para-olympiques se déroulent à deux semaines d'intervalle des Jeux olympiques classiques - pour personnes valides - et sur les mêmes lieux.) Les participants sont: le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Congo-Brazzaville, le Congo-Kinshasa, le Gabon, le Mali, la Mauritanie, le Niger, la République centrafricaine, le Sénégal, le Tchad et le Togo.
Selon M. Ouédraogo, ces Jeux permettent de sensibiliser les opinions des pays concernés à la pratique du sport par les handicapés de toutes natures, et à la vulgarisation des disciplines spécifiques à cette catégorie de la population (course en tricycle; torr-balle) et de la réglementation particulière pour certaines autres (basket, football, tennis de table). 10% de la population sont concernés, si l'on se réfère aux estimations de l'Organisation mondiale de la santé.
La diffusion de l'information a favorisé l'implantation de fédérations de sports pour handicapés ou "Handisports". Aujourd'hui, elles existent dans cinq pays du groupe: Bénin, Burkina Faso, Mali, Sénégal et Togo.
Ajoutons qu'à Ouagadougou s'est ouverte récemment une entreprise de fabrication de fauteuils roulants pour handicapés moteurs pour l'ensemble des participants. Le schéma de fabrication en sera fourni à tous les membres du Comité, qui pourront ainsi produire chez eux leurs propres fauteuils, a encore dit M. Ouédraogo. Ce projet a été financé par l'Union européenne, à l'initiative de l'ONG française "Handicap international".
Aujourd'hui, les pays africains anglophones au sud du Sahara frappent à la porte de ces Jeux de l'avenir. Jusqu'à présent, ces pays avaient évolué chacun dans les limites de leur territoire respectif, sans avoir mis sur pied des compétitions collectives.
Les participants aux Jeux de Dakar vont se pencher sur cette requête. En cas d'acceptation, il s'en suivra une modification des textes statutaires et réglementaires, et une diversification des partenaires pour l'organisation des compétitions. Actuellement, ces partenaires sont tous francophones, notamment: la France, la Communauté française de Belgique, la Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports des pays francophones.
Mais ce qui sera discuté surtout, lors des rencontres de Dakar, ce sont les Jeux de la "Confédération africaine des sports pour handicapés" (CASH). Ils sont aujourd'hui monopolisés par les pays d'Afrique du Nord et ne regroupent pas plus de quatre pays participants, tous de la zone concernée, excluant ainsi toute l'Afrique sub- saharienne.
Comme toutes les Confédérations africaines de sports, la CASH est appuyée par le "Conseil supérieur du sport en Afrique" (émanation de l'Organisation de l'unité africaine), mais également par la structure mondiale qui gère l'olympisme des personnes handicapées: le "Comité international parolympique".
Ainsi, les subventions que ces organismes accordent aux handicapés sportifs ne profiteraient qu'aux pays du Maghreb, et même pas aux soi-disant démembrements de la CASH , que seraient les zones sous-régionales, qui n'existent d'ailleurs que d'une façon fictive. C'est le cas de la soi- disant zone 3 (Afrique de l'Ouest), dont M. Ouédraogo a été désigné responsable assez récemment, sans que son avis n'ait été requis.
A Dakar donc, toutes ces questions devront être élucidées pour arriver à une organisation plus juste et plus rationnelle des compétitions, au bénéfice de l'ensemble des personnes handicapées du continent. Si les dirigeants actuels de la CASH y restent opposés, la solution du problème ne pourrait être trouvée qu'au niveau d'une assemblée générale de toutes les parties concernées.
END
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