ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 341 - 01/03/1998

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Nigeria

La terreur dans les universités


by Taye Babaleye, Nigeria, janvier 1998

THEME = VIOLENCE

INTRODUCTION

La menace de sociétés secrètes dans les instituts supérieurs a atteint des sommets sans précédent

Les autorités académiques et le gouvernement nigérian craignent pour la sécurité des étudiants, et les parents et tuteurs préfèrent envoyer leurs enfants et pupilles dans des écoles situées près de chez eux pour pouvoir les garder à l'oeil. Des informations circulent sur des étudiants qui auraient été attaqués et même tués par des membres de certaines sociétés secrètes.

Des sociétés violentes þ A l'université de Jos, dans l'Etat du Plateau, des membres de sociétés ont mis le feu au département de zoologie pour protester contre la décision de la direction de l'université d'enquêter sur leurs activités. A l'université de Calabar, dans le sud-est du Nigeria, les membres de sociétés ont incendié le bureau du vice- chancelier. Pourquoi? Il avait osé appeler la police sur le campus pour renforcer les dispositions en matière de sécurité suite à la mort de deux étudiants lors de coups de feu tirés en plein jour dans un auditoire en examens. Des hommes masqués, soupçonnés d'être des membres de sociétés secrètes, ont tiré à bout portant et les victimes sont mortes lors de leur transfert à l'hôpital. D'autres étudiants et leurs surveillants avaient réussi à s'échapper par diverses issues, entre autres en sautant par les fenêtres.

Voici le nom de quelques-unes de ces confréries secrètes sévissant dans les universités et instituts polytechniques du Nigeria: "The Sea Dogs Confraternity" (La confrérie des loups de mer), "The Pirates" (Les pirates), "The Buccaneers" (Les boucaniers), "The Black Axe" La hache noire), "The Vikings" (Les Vikings). Plus inquiétant encore, quelques groupements féminins se sont constitués récemment: "Jezebel Daughters" (Les filles de Jésabel), et "The Mermaids" Les sirènes).

A qui la faute? - Les médias ont publié pas mal d'histoires sur l'émergence des sociétés secrètes dans les universités. Le gouvernement et les enseignants ne sont pas d'accord sur l'origine de ces sociétés. Beaucoup de personnes en blâment le prix Nobel nigérian, le prof. Wole Soyinka qui, du temps de ses études à l'université d'Ibadan, avait créé la confrérie des pirates. Ses supporters admettent que c'est bien lui qui a lancé le mouvement, mais insistent sur le fait que La confrérie des pirates n'a jamais commis d'actes de violence. Il s'agissait d'un club social destiné à protéger les intérêts d'étudiants venant de familles pauvres. Ses membres étaient bien connus et comprenaient d'éminents étudiants qui se conformaient aux normes de la société et respectaient les autorités académiques.

Certains blâment le gouvernement pour la récente vague de violence dans les universités, car celui-ci utilise ces groupements clandestins à ses fins propres pour contrer et écraser les positions radicales prises par les associations estudiantines légitimes, telle que l'Association nationale des étudiants nigérians (NANS), plus particulièrement en ce qui concerne les régimes militaires interminables du Nigeria.

L'actuel régime militaire, et celui qui l'a précédé, ont annoncé officiellement le bannissement des organismes estudiantins opposés au régime militaire continuel au Nigeria et à la promulgation de décrets et de politiques impopulaires, pouvant mener à des violations brutales des droits de l'homme et la répression de l'opposition.

On sait que des confréries secrètes existent ailleurs au Nigeria, et on suppose que celles-ci se sont maintenant étendues dans le milieu universitaire. On sait également que certains membres de sociétés secrètes arrêtés sur les campus sont les enfants de personnalités au pouvoir. Très souvent, ils sont alors relâchés en secret par la police.

A remarquer encore que certains enseignants réputés pour être des "radicaux" ont été attaqués par les membres de sociétés, que l'on suspecte être des agents du pouvoir en place. Ceci est cependant difficile à prouver, d'autant plus qu'en principe les confréries sont connues pour provoquer des affrontements sur des questions non idéologiques telles que la suprématie des armes et des tactiques ou même les "questions de coeur".

Questions sans réponse - Le public pose actuellement beaucoup de questions sur la violence continue dans nos universités: Comment peut-on éradiquer ces actes de terrorisme de nos campus universitaires? Comment le gouvernement peut-il garantir la sécurité et les biens sur les campus? Quel est l'avenir de la future génération de diplômés formés sous la menace des terroristes actuels? Si la situation se détériore et devait s'étendre aux institutions de l'enseignement supérieur, pourra-t-on encore un jour enrayer le phénomène?

Toutes ces questions demandent une réponse.

END

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