ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 342 - 16/03/1998

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Malawi

Nos soucis


by Akwete Sande, Malawi, janvier 1998

THEME = VIE SOCIALE

INTRODUCTION

Petit aperçu de problèmes
pouvant avoir des effets immédiats ou à long terme
pour beaucoup de Malawiens

Les accidents de minibus

Au cours des deux dernières années, le nombre d'accidents de minibus au Malawi a augmenté de façon alarmante. Au cours du 1er trimestre de 1997, 371 personnes sont mortes dans 715 accidents. Les motifs sont toujours les mêmes: système de freins déficient; conducteur sans permis (ou conducteur utilisant de faux permis); policiers de la circulation trop peu soucieux de faire respecter la loi; manque d'efficacité du département des Transports quand il s'agit de délivrer des permis de conduire...

Symon Penjani est responsable des statistiques au Conseil national de sécurité routière, un organisme parastatal créé pour coordonner la formation des usagers de la route au Malawi. Selon lui, la surcharge et la vitesse excessive sont les deux causes principales des accidents de minibus.

On pourrait bien se demander: "Pourquoi autant de minibus au Malawi?" Réponse de Penjani: "C'est le résultat de la libéralisation des transports publics. Le gouvernement a mis fin aux restrictions qui accordaient à la compagnie d'autobus nationale le monopole du transport de passagers". Il ajoute: "Les intentions du gouvernement étaient pourtant excellentes". Pendant de nombreuses années, la société "Stagecoach Malawi" a exploité le plus grand parc d'autobus circulant sur nos routes. Il n'y avait pas beaucoup de compétition. Stagecoach Malawi reste encore la seule organisation qui forme des chauffeurs de véhicules pour le transport de passagers, et des chauffeurs de poids lourds pour longues distances.

Peter Kwalira, dirigeant de l'Association des propriétaires d'entreprises du Malawi, reproche au gouvernement de décourager pas mal de gens de rejoindre cette association: "Si tout propriétaire de minibus était membre de l'association, nous serions capables d'établir un règlement, de surveiller la conduite et la qualité des chauffeurs de minibus et superviser les cours de formation des conducteurs". Sur près de 7.000 propriétaires de minibus au Malawi, seuls 500 font partie de cette Association; ce qui, se plaint M. Kwalira, ne lui permet pas d'avoir emprise sur eux.

Le Parlement vient de voter une loi sur la circulation routière prévoyant de lourdes peines pour les infractions à la sécurité de la route. Le risque, pour les chauffeurs, de voir leur permis confisqué et leur véhicule mis à la fourrière, en fera réfléchir plusieurs, estime Penjani qui ajoute: "C'est déjà un pas dans la bonne direction".

Le public n'est pas entièrement convaincu. On pointe le doigt vers les policiers de la route, connus pour laisser les contrevenants impunis, soit parce qu'ils les connaissent bien, soit que les coupables leur donnent un "petit quelque chose". Ces accusations sont démenties avec véhémence. "Après tout, - dit un officier de police - nous sommes là pour appliquer la loi et pour protéger tout le monde."

Abolition de la peine de mort

Lors de l'adoption en 1994 de la nouvelle Constitution démocratique du Malawi, la peine de mort a été maintenue dans le code pénal. Récemment, le Comité des libertés civiques, organisation des droits de l'homme, lors d'une table ronde avec la presse, a demandé aux journalistes de faire pression sur le gouvernement pour qu'on abolisse la peine de mort. La directrice déléguée du Comité, Emmie Chanika, déclare: "Nous ne souhaitons pas que la peine de mort fasse l'objet d'un référendum. Nous ne voulons que son abolition. La peine de mort ne résout rien".

Une des rares femmes chefs du pays, Mme Chitera, exprime un point de vue opposé: "Nous devons déjà faire face à une bonne dose d'activités criminelles dans le pays. Beaucoup de gens possèdent des fusils et s'en servent pour nous dévaliser. Si la peine de mort est abolie, ce sera le chaos". Elle est soutenue par plusieurs autres chefs, surtout par ceux des districts bordant le Mozambique, pays critiqué pour l'important trafic d'armes vers le Malawi.

Desmond Kaunda, un avocat attaché au Centre danois des droits de l'homme au Malawi, fait remarquer que, même si le Malawi a maintenu la peine de mort, le président Muluzi n'a signé aucun arrêt d'exécution et il a commué la peine de mort en emprisonnement à vie. "Mais il est important que la peine de mort soit totalement abolie dans notre pays".

Actuellement, au Malawi, 800 personnes sont en attente de procès pour des inculpations liées à des meurtres.

Production du tabac - un suicide

Quel avenir a l'industrie du tabac au Malawi? Le Dr Godfrey Chapola, directeur général de l'Association du tabac du Malawi (TAMA), affirme que, l'année passée, à la fin de la saison, une grande partie de la récolte de tabac est restée invendue suite à la surproduction: sur une production de 185 millions de kg, on n'a vendu que 152 millions de kg. Si on produit la même quantité cette année-ci, le marché sera de nouveau inondé.

A quoi est-elle due cette situation? Un récent rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) signale que le lobby anti-tabac gagne du terrain dans le monde occidental. La situation est quelque peu différente dans la région du Pacifique, où la Chine enregistre une hausse du nombre de fumeurs. Pendant de nombreuses années, l'industrie du tabac du Malawi avait des marchés tout prêts en Occident, surtout aux Etats-Unis; mais maintenant, le pouvoir grandissant du lobby anti-tabac, lui crée de sérieuses difficultés.

Au cours d'une récente visite dans le pays, le directeur de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture, Jacques Diot, a conseillé aux responsables politiques de plus encore diversifier les cultures: "Le tabac est une 'culture à risque'. Il y a en effet moins de fumers; ensuite, la culture du tabc a besoin de beaucoup d'eau; or, depuis quelques années, le Malawi connaît la sécheresse. La cultivation du tabac est donc un paris dangereux."

Croissance industrielle - pas facile

L'agriculture a toujours été - et est encore - le facteur principal de l'économie du Malawi; mais le pays doit se tourner vers une économie à base industrielle et orientée vers l'exportation, au lieu de compter sur les produits agricoles cultivés sur place et destinés à la consommation locale.

Le Dr Charles Chanthunya, consultant économique, tout en remarquant que le secteur industriel contribue actuellement un peu au revenu national et à l'emploi, souligne toutefois qu'il y a trop peu de diversification industrielle. Pour qu'une économie basée sur l'industrie puisse se réaliser il faut: 1§ s'assurer que l'industrie locale soit conforme aux normes internationales, et 2§ trouver des moyens de commercialiser les produits à l'étranger.

En particulier, il faut bien regarder du côté de l'industrie minière: prospecter pour trouver de nouvelles mines; encourager l'exploitation de mines à petite échelle; assurer l'égalité d'accès aux droits miniers; promouvoir la recherche et le développement dans l'industrie minière; fournir des fonds suffisants à la recherche sur l'activité minière. Actuellement, le secteur minier du Malawi est réduit (il ne contribue que pour 3% au RNB) et les quelques mines existantes sont fort petites.

Commerce étranger? Oui, mais...

En août 1996, la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) a signé un protocole sur le commerce ayant pour but de créer une zone de libre- échange dans la région; mais, jusqu'ici, deux pays, la Tanzanie et l'île Maurice, ont ratifié le protocole. Le Malawi a ses raisons pour adopter une attitude de prudence, évitant ainsi les erreurs du passé.

Le Malawi avait déjà signé, précédemment, d'autres accords, en particulier avec l'Afrique du Sud et le Zimbabwe. Malheureusement, l'accord avec le Zimbabwe a suscité de l'animosité entre le monde malawien des affaires et le gouvernement. Pourquoi? On avait accusé le gouvernement du Malawi de s'être engagé les yeux fermés dans cet accord, sans avoir préalablement consulté le monde des affaires. De plus, les hommes d'affaires du Malawi voient que leurs compétiteurs du Zimbabwe reçoivent des primes de leur gouvernement pour les encourager à exporter, alors qu'eux, les Malawiens, ne reçoivent rien du leur.

Le protocole de la SADC vise à libéraliser le commerce entre les divers signataires, en établissant une zone de libre-échange et la suppression progressive des droits d'importation et d'exportation.

Le responsable malawien pour le commerce, M. Geoffrey Mkandawire, émet cependant des réserves: "Chaque fois qu'on crée une zone de libre-échange, la compétition augmente entre les pays. Cela pourrait être désavantageux pour les pays les plus pauvres, qui pourraient ne pas avoir les moyens de fournir des produits de haute qualité".

En réaction à cette observation, le secrétaire général du SADC, le Dr Kaire Mbuende, minimise cette crainte: "Il y aura des mécanismes qui assureront une répartition équitable des ressources. Et on aidera les pays plus pauvres à améliorer leur rendement et la qualité de leur production pour qu'ils puissent entrer en compétition à niveau égal".

Mais..., et c'est un grand "mais" qui influence l'industrie locale du Malawi, les industriels locaux doivent améliorer leur rendement, la qualité de leurs produits, l'emballage et l'utilisation des ressources humaines, sinon ils ne bénéficieront d'aucun accord commercial préférentiel, pas même du protocole du SADC.

Sans investissements dans des technologies nouvelles et sans amélioration de l'utilisation de la main d'oeuvre, le Malawi n'est pas capable d'entrer valablement en compétition sur le marché régional.

END

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