ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 342 - 16/03/1998

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Zimbabwe

Une année de troubles


by Tonderayi Mukeredzi, Zimbabwe, janvier 1998

THEME = ECONOMIE

INTRODUCTION

Que se passe-t-il quand l'économie d'un pays est en difficulté et que les grèves,
les manifestations de rue et d'autres actions de ce genre sont à l'ordre du jour?
Ce fut l'expérience du Zimbabwe, au cours de la seconde moitié de 1997.

1997 restera dans les annales du Zimbabwe comme une année de troubles. Les grèves n'ont pas cessé dans le secteur industriel et le grand public est descendu dans les rues chaque fois qu'il voulait appuyer ses demandes. Les employeurs ont perdu des propriétés d'une valeur de milliers de dollars, quand les ouvriers ont exprimé par la violence leur mécontentement au sujet de la restructuration actuelle des salaires. L'atmosphère politique a atteint le point d'ébullition.

Le dollar zimbabwéen a plongé par rapport à d'autres monnaies. Et pourquoi? Certaines personnes attribuent cela à la baisse de confiance des investisseurs. D'autres disent que "certains éléments" doivent sans doute essayer de saboter le gouvernement, en réaction au programme de répartition des terres. (Les exploitants blancs ont reçu la notification qu'ils devraient abandonner leurs terres, qui passeraient à des paysans sans terres.) Les revendications des vétérans de guerre ont aussi été examinées. Tout cela a déclenché une hausse de la taxe à l'achat et de l'impôt sur le carburant, l'augmentation du coût de l'électricité et l'introduction d'un impôt de 5% sur tous les salaires - une mesure extrêmement impopulaire chez les travailleurs, qui a provoqué le plus important arrêt de travail jamais connu au Zimbabwe. Comme le disait un ouvrier en colère: "Je ne gagne quasi rien; récemment nous avons reçu un ajustement salarial de 10%. Mais, voyez ce qui se passe: on nous retire de nouveau 5% pour payer les vétérans de la guerre!".

Grève générale

Le 9 décembre 1997, les travailleurs se mirent en grève presque partout. Des ouvriers furieux répétaient qu'ils "en avaient assez de voir le gouvernement leur retirer le rien qu'ils gagnent". Ils ajoutaient: le gouvernement doit trouver d'autres moyens de se procurer de l'argent, ou bien qu'il le défalque des rémunérations des ministres "qui, de toute façon, sont trop élevés!"

En dehors d'Harare, les grèves se sont passées pacifiquement. Dans la capitale, ce fut le grabuge au plus haut point, la ville ressemblait à un champ de bataille. Des immeubles ont été détruits, il y avait du verre partout, police et population s'affrontaient continuellement, les voitures étaient renversées et incendiées, on jetait des pierres aux automobilistes et les magasins étaient livrés au pillage. Personnel et employeurs protestaient ensemble contre la taxe de 5% imposée aux ouvriers. Les employeurs, dont la plupart sont blancs, ont soutenu la grève, poussant les travailleurs à aller en ville et leur accordant un jour de congé pour assurer une participation effective à l'action industrielle. Les employeurs ont déclaré que l'action du gouvernement les décevait parce que, eux aussi, "étaient perdants" dans cette taxation.

Le lendemain, le gouvernement a annoncé qu'il supprimait l'augmentation de l'impôt sur le carburant et sur le prix de l'électricité, mais que la taxe sur la vente de la plupart des articles devait être maintenue.

Et qu'en est-il des vétérans? Ces anciens combattants de la liberté étaient furieux parce qu'on avait surpris d'importants responsables du gouvernement et leur famille à se servir dans le fonds des vétérans. Le gouvernement a dit qu'il devait obtenir Z$ 2,6 milliards pour payer à chaque vétéran les Z$ 50.000 garantis, plus Z$ 2.000 tous les mois.

Il y a peut-être une note positive. Il semble que les travailleurs et le grand public deviennent de plus en plus conscients de leurs droits fondamentaux.

END

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