ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 344 - 15/04/1998

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Kenya-Brésil

Des missionnaires kényans au Brésil


by Francis Muroki, Kenya, janvier 1998

THEME = EGLISE

INTRODUCTION

Leur vie n'est pas simple tous les jours

"Je suis habitué au bruit des rixes et des coups de feu dans ma paroisse. Même pendant l'Eucharistie, policiers et trafiquants de drogue se battent et s'entretuent. Et dans l'église, la moitié des assistants ont trop bu de la boisson nationale 'Kashaca' (45% d'alcool) ou sont complètement camés".

C'est ce que dit le P. Mathew Muriuki, prêtre missionnaire kényan de la Consolata, qui travaille dans la paroisse de Jardim Peri, au centre d'un des bas-quartiers de São Paulo, Brésil. Le P. Muriuki, qui parle couramment le portugais, est originaire du district de Kirinyaga au Kenya. Ordonné prêtre le 28 juillet 1996, il fut envoyé comme missionnaire au Brésil en 1997. Avant d'entamer le travail paroissial, il a d'abord étudié la culture et la langue du pays.

Son travail s'adresse surtout à une population pauvre, particulièrement des drogués, des prostituées (surtout parmi les jeunes et les victimes du sida). Ce sont là ses paroissiens. Les aider à renoncer à tous ces maux n'est pas facile.

Même si le catholicisme n'est pas religion d'Etat, le pays est catholique à 98%. Les mouvements pentecôtistes venant d'Amérique du Nord gagnent du terrain et dépensent beaucoup d'argent pour amener les gens à leur façon de penser. Ces mouvements ont un réseau de télévision privé et d'autres médias.

Les Brésiliens sont très religieux et gardent les pratiques héritées des Portugais, leurs maîtres catholiques. Ils font, par exemple, le signe de la croix quand ils passent devant une église ou avant de faire un effort spécifique, de participer à un jeu, etc.

"Dans notre paroisse, nous organisons des rassemblements de jeunes, nous parlons du danger du sida, de la drogue, de la prostitution et de la maternité précoce. Il faut que ces personnes se sentent acceptées par l'Eglise. Nous devons essayer de leur rendre leur dignité humaine", dit le P. Muriuki.

Le P. Muriuki n'est pas le seul missionnaire kényan au Brésil. Il y a encore le P. Joakim Kamau d'Othya qui travaille à Salvador de Bahia, et Sr. Jacinta Theuri qui dessert cinq communautés à Jandira, à 100 km de São Paulo. Il y a aussi deux infirmières: Sr Felista Muthoni de Kieni, à Embu, et Sr Maria Theresia Thukani de Murang'a. Toutes deux travaillent dans la forêt amazonienne. On compte encore un séminariste kényan, Stephen Murungi de Muthambi, à Meru, qui étudie la théologie à l'Institut Consolata à São Paulo.

J'ai rendu visite au P. Kamau à Salvador de Bahia, un voyage de 36h. en bus! Il m'a raconté que sa première expérience fut un choc culturel total. Il m'a dit combien il avait été choqué de voir que les femmes brésiliennes, contrairement aux femmes africaines, s'habillent de très peu, portant des mini-jupes extrêmement courtes ou des mini-shorts avec une mince bande de tissu couvrant la poitrine. Elles semblent très libres dans leurs façons d'aborder les gens. En tant que prêtre et Africain, il a d'abord trouvé cela très inconvenant! Mais sa principale difficulté a été de se faire accepter comme prêtre "noir". Même si Bahia est un Etat du Brésil à prédominance noire, ses paroissiens n'avaient jamais vu un prêtre noir (ou africain).

Un matin, on sonna à la porte. Une dame demande à voir le prêtre. "Puis-je vous aider?" questionne le P. Kamau. "Je veux parler au padre" dit-elle. Quand elle a su que c'était lui le "padre", elle s'en est allée. La même chose lui est arrivée quand un homme âgé a appelé le prêtre. Il dit: "Vous, vous ne pouvez pas être le prêtre, vous êtes noir!". "Quand les gens sont venus à la messe, raconte P. Kamau, et ont vu que j'étais noir, ils n'ont pas voulu rester."

Cependant, peu à peu, il a été accepté et maintenant les gens aiment "leur" prêtre noir. Eh oui! L'Afrique a bien des choses à offrir aux autres pays!

END

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