by Hobbs Gama, Malawi, février 1998
THEME = ELECTIONS
L'opposition essaie de former une alliance pour renforcer sa
position
lors des élections présidentielles et parlementaires de 1999.
Sa position se base sur le fait que le président Muluzi n'a pas tenu ses promesses.
Les choses pourraient ne pas être aisées pour le Front démocratique uni (UDF).
Les deux principaux partis d'opposition du Malawi représentés au Parlement, le Parti du Congrès du Malawi(MCP), autrefois au pouvoir, et l'Alliance pour la démocratie (AFORD) s'unissent avec des partis moins importants dans le but d'évincer le président Bakili Muluzi et son UDF.
Ils ont déjà présenté le programme de leur campagne, faisant jouer à leur avantage la corruption (toujours inquiétante pour les donateurs), l'irresponsabilité du gouvernement, le monopole exercé par le gouvernement sur la Société de radio et de télévision du Malawi, et le taux de criminalité en hausse. Ils accusent aussi le gouvernement de manipuler la Commission électorale, pas assez indépendante, d'après eux, car l'UDF s'arrange toujours pour qu'elle agisse en sa faveur.
L'UDF est arrivé au pouvoir lors des premières élections générales multipartites, en mai 1994, gagnant contre Hastings Banda et son MCP dictatorial. Son premier mandat législatif de cinq ans arrive bientôt à terme.
En quatre ans de gestion, les résultats du gouvernement actuel ont suscité un mécontentement croissant, et Muluzi doit s'attendre à ne pas être ménagé et à mener une rude campagne électorale. Récemment, lors d'une réunion à huis clos, le MCP et l'AFORD, avec quatre partis moins importants, ont décidé de conclure une alliance électorale et de présenter un seul candidat à la présidence aux élections de 1999. Ils sont convaincus que c'est là leur seule chance de battre l'UDF.
Déjà avant cette réunion, les petits partis avaient uni leurs forces lors du meeting de lancement de leur campagne dans le district de Thyolo. Rolf Patel, dissident de l'UDF, qui a travaillé au cabinet de Muluzi, siège maintenant comme parlementaire indépendant à l'Assemblée nationale. Il est président du Parti démocratique du peuple (PDP). Patel avait organisé le meeting et fut le premier à lancer un appel au rassemblement. Il déclare: "Nous nous sommes plaints de la corruption et de l'irresponsabilité du gouvernement, et nous lui avons demandé d'agir; mais rien n'a été fait". Kamlepo Kalua, président du Parti démocratique du Malawi (MDP), est complètement d'accord. "En s'unissant", a- t-il déclaré, "l'opposition va amener au pouvoir un gouvernement avec des dirigeants qui implanteront la démocratie au plein sens du terme".
Ce n'est pas la première fois que des partis politiques forment une alliance. Au début de la période de transition en 1992, l'UDF et l'AFORD s'étaient unis pour lutter contre l'ennemi commun. Plus tard, d'autres partis se sont mis ensemble pour former un "Groupe électoral commun" (CEG), dont l'intention bien affirmée était d'écarter le MCP du pouvoir.
L'opposition a choisi la région du sud comme champ de bataille principal. C'est le bastion de l'UDF mais, la plupart des petits partis politiques y ayant aussi leur base, cela promet un drame politique épuisant. Les analystes citent aussi, comme menaçant pour Muluzi, le Dr Bingu wa Mutharika, ancien secrétaire général du Marché commun de l'Afrique de l'Est (COMESA) et actuellement président intérimaire du Parti de l'unité. Economiste accompli et de réputation internationale, Mutharika est originaire de Thyolo.
L'opposition réclame encore: l'introduction de cartes d'identité avec photo, pour assurer l'honnêteté des élections, et l'amendement de la loi électorale. Cela mettrait à égalité les "équipes" en compétition et rendrait plus claire la route que la Commission électorale (dont ils mettent l'impartialité en cause) doit suivre.
L'UDF devient nerveux, même si les politiciens chevronnés prétendent le contraire. Ses dirigeants, à tous les niveaux, tiennent quotidiennement des meetings électoraux, la plupart radiodiffusés. Le vice- président de l'UDF et ministre de l'Agriculture dans le gouvernement, Aleke Banda, qui avait occupé des places importantes dans la gouvernement MCP, y compris celle de secrétaire général, semble imperturbable. Il a déclaré que l'alliance de l'opposition n'est pas une menace pour son parti qui, assure-t-il, obtiendra un second mandat. "L'UDF gagnera, parce qu'il a un programme bien défini concernant des problèmes tels que l'allégement de la pauvreté. Déjà la vie des pauvres du Malawi s'est améliorée".
Mais il y a des pressions de l'extérieur sur l'UDF, qu'il ne peut ignorer. Des donateurs internationaux ont prévenu Muluzi qu'il doit éliminer la corruption et introduire une réduction des dépenses, sans quoi il n'y aura pas d'aide étrangère.
Muluzi se présente avec un langage électoral sévère. Il met les Malawiens en garde contre les alliances qui pourraient faire échouer tout le projet de démocratie multipartite. "Voyez ce que fait le MCP: il essaie de persuader les petits partis de se dissoudre et de rejoindre ses rangs. Le peuple a déjà décidé qu'un système de gouvernement multipartite était le meilleur pour le pays et, comme les choses se présentent, on pourrait en revenir à un Etat à parti unique".
Un élément très positif en faveur de l'administration Muluzi est son dossier sur les droits de l'homme. "Pollwatch", une organisation sud-africaine de surveillance des élections, a réalisé un sondage au Malawi à la fin de l'année passée. D'après les résultats, si les élections avaient eu lieu à ce moment, l'UDF aurait remporté 75% des voix. Il reste à voir si les partisans de l'opposition resteront, à long terme, favorables à la présentation d'un candidat unique représentant tous leurs partis. Il y aura sans doute des problèmes, chaque parti voulant finalement que son propre dirigeant se présente.
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