by Paul Akomenji, Malawi, février 1998
THEME = MINORITES
Une opération montée avec de bonnes intentions et qui a mal tourné
Vers la fin de 1997, l'armée et la police du Malawi ont monté une opération connue sous le nom de "Opération Chotsa Mbava". Son but était de se débarrasser des gangsters; mais elle a commencé à mal tourner le soir du nouvel an, quand l'armée, appelée à la rescousse, a foncé sur des Asiatiques qui ne se doutaient de rien, pour contrôler la validité de leurs permis de travail et de leurs documents de voyage.
Il s'avéra que la plupart des Asiatiques arrêtés avaient des passeports britanniques. La Haute commission britannique entra en scène, mécontente de ce qui se passait et s'inquiétant de la manière dont l'armée harcelait les Asiatiques, surtout qu'on avait eu la main lourde à l'égard de certains d'entre eux.
Lors de sa visite au Malawi le 3 janvier, Mme Clare Short, secrétaire d'Etat pour le développement à l'étranger, a été mise au courant par la Haute commission de l'action entreprise par l'armée et par la police, et de la situation des Asiatiques porteurs d'un passeport britannique. Mme Short saisit l'occasion pour soulever la question auprès de l'inspecteur général de la police, et reçut l'assurance qu'on examinerait l'affaire.
L'opération éveilla la colère de certains investisseurs asiatiques, qui voulaient retirer leurs investissements au Malawi. Un de ces Asiatiques, Sam Sighn, un commerçant basé à Blantyre et personnage important dans sa communauté, a été arrêté dans son bureau, ainsi qu'un ami sud-africain, John de Beer, qui lui rendait visite.
En même temps, entre le 24 et le 25 décembre, près de 200 immigrants illégaux venant de pays est- africains, surtout des Tanzaniens et des Somaliens, furent arrêtés au cours d'une série de rafles à Blantyre et enfermés dans la prison Chichiri Remand, en attendant que les autorités de l'immigration prennent une décision à leur sujet. Finalement, ils furent renvoyés dans leurs pays respectifs.
L'opération "Chotsa Mbava" faisait suite à la mise en garde du président Bakili Muluzi: son gouvernement sévirait contre les politiciens de l'opposition, soupçonnés d'incitation aux crimes. L'enquête portait sur des allégations selon lesquelles certains partis politiques incitaient à des actes violents et criminels, dans le but de discréditer le gouvernement et la sécurité nationale.
De leur côté, les partis d'opposition ont pris le président à partie, l'accusant de devenir un dictateur. Ils ont déclaré avoir informé le gouvernement de l'insécurité croissante au Malawi, mais que celui-ci avait fait la sourde oreille. "En utilisant l'armée, qui n'est pas formée pour le maintien de l'ordre dans la population civile, le président abuse de son pouvoir", a affirmé l'opposition.
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