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by Louis Kalonji, Rép. dém. Congo, mars 1998
THEME = VIE E SOCIAL
Une Table ronde à Kinshasa s'est penchée sur la pauvreté
qui s'aggrave de jour en jour dans la capitale congolaise.
A Kinshasa, la pauvreté s'accroît et s'aggrave. Elle se manifeste dans tous les quartiers de la ville par la faim qui gronde dans tous les foyers, par l'accroissement de la malnutrition, par le chômage généralisé, par les logements indécents, par la prolifération des mendiants, etc.
C'est la pression de la pauvreté qui pousse les femmes à la "débrouille", qui ne produit même pas assez pour pouvoir manger et envoyer les enfants à l'école. C'est également la pression de la pauvreté qui dé-sagrège les foyers et pousse les filles à la prostitution. La perte des ressources et l'effritement de l'autorité parentale rend bien permissif...
Apparaît également le phénomène de l'appauvrissement continuel. Pour survivre, les gens sont obligés de vendre leurs biens, péniblement acquis antérieurement, tels que frigos, radios, télévisions, pagnes. Tout cela fait partie des solutions qui se prennent sous la pression de la pauvreté.
Une Table ronde a été organisée à Kinshasa, du 22 au 24 janvier dernier, au siège du centre d'action sociale CEPAS par les facultés universitaires St.Ignace d'Anvers et des facultés catholiques de Kinshasa, pour rechercher les caractéristiques et les racines de la pauvreté à Kinshasa, ainsi que les solutions à y apporter. Elle a regroupé 25 participants, dont 12 délégués des ONG locales et 9 représentants du milieu universitaire. Elle avait pour thème: "L'approche de la lutte contre la pauvreté à Kinshasa"
Les participants ont d'abord partagé leurs expériences en matière de lutte contre la pauvreté. Ils ont fait découvrir aux autres le bien- fondé et l'impact de leurs actions dans ce domaine. Ensuite, ils ont discuté la possibilité d'amorcer un programme d'épargne-crédit à l'informel urbain dans la ville de Kinshasa, à l'aide des expériences locales. Enfin, ils ont étudié comment arriver à mettre en place une action concertée de lutte contre la pauvreté dans la capitale.
"Atteindre les pauvres par les pauvres", tel est le titre de l'enquête menée l'année dernière dans deux communautés périphériques de la ville, par une équipe des facultés universitaires d'Anvers, et qui a été présentée à la Table ronde.
L'étude comporte deux parties. Le premier volet consiste en une analyse des interviews réalisées auprès de huit ménages pauvres et en une synthèse de la perception de la réalité de la pauvreté par des personnes travaillant en contact direct avec des ménages pauvres. La seconde partie est le condensé des points saillants des perceptions recueillies sur le phénomène de la pauvreté, relatifs au travail, au logement, aux relations familiales et au capital social.
Conformément à cette enquête, si l'on emploie le critère de la Banque mondiale qui considère comme pauvre toute personne gagnant moins d'un dollar par jour, on peut dire que 60% de la population de Kinshasa sont constitués de pauvres. Mais, si l'on utilise le critère stipulant que le pauvre est celui qui dépense plus de 50% de son revenu à l'alimentation, alors 85% de la population peuvent être qualifiés de pauvres. L'enquête a permis de définir le pauvre à Kinshasa comme un homme "sans ressort et sans synergie", qui ne peut compter ni sur ses propres forces, ni sur personne pour se relever.
Partant des résultats de l'enquête, les participants à la Table ronde ont recherché les causes majeures de cette pauvreté. Elles sont d'ordre politique, social, économique, culturel et religieux. Parmi les racines les plus marquantes de la pauvreté on cite l'exode rural et l'explosion de la population de Kinshasa qui a fait éclater les infrastructures. En effet, la ville qui comptait 400.000 habitants en 1960, en compte actuellement près de 6 millions, soit environ quinze fois plus. D'autres causes majeures de la pauvreté sont notamment: l'injustice sociale, la mauvaise répartition du revenu national, la mauvaise politique salariale. A cela on peut ajouter des éléments culturels, tels que le mauvais traitement et le dépouillement de la veuve après la mort de son mari, ainsi que le système scolaire, très théorique et livresque. L'école congolaise est malade et inadaptée; elle forme des personnes désorientées et désemparées!
Parmi les stratégies de lutte contre la pauvreté, proposées par la Table ronde, on peut citer: la création d'emplois réellement rémunérateurs; la dynamique organisationnelle des catégories pauvres; l'organisation des consommateurs; l'émergence de nouveaux leaders, car les leaders actuels sont corruptibles et corrompus; la mobilisation de l'épargne; un programme de micro-crédits aux classes populaires.
Les participants à la Table ronde ont beaucoup insisté sur l'éducation à la créativité à donner aux jeunes et sur la formation pour le service au pays.
Le micro-crédit est une des voies et un moyen efficace pour lutter contre la pauvreté. Les causes de l'échec des institutions financières du pays ont été analysées en profondeur; on y remarque essentiellement la malhonnêteté et l'égoïsme des dirigeants. La rencontre a proposé la réorganisation du marché financier, en tenant compte des expériences locales. Elle a préconisé surtout le crédit remboursable accordé aux groupes.
Plusieurs organismes locaux déploient des efforts pour lutter efficacement contre la pauvreté à Kinshasa. Parallèlement à la Table ronde, une centaine d'associations de base, membres de la Fédération des ONG laïques à vocation économique du Congo (FOLECO) et de l'Union nationale des femmes du Congo (UNAF), ont arrêté tout récemment une série de stratégies dites "offensives". Après avoir relevé les principaux obstacles dans le financement, l'écoulement et la conservation des produits, ces associations ont retenu comme prioritaires les actions relatives à la création d'un programme central d'approvisionnement, l'octroi de crédits et la mobilisation de l'épargne.
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